Aix-en-Provence – Les somptueuses couleurs de l’orchestre symphonique de Jérusalem au Grand Théâtre de Provence

Il est d’heureux rendez-vous musicaux qui arrivent comme par bonheur un soir d’automne. Celui proposé mercredi au Grand Théâtre de Provence, où Gautier Capuçon était accompagné par l’orchestre symphonique de Jérusalem pour donner Haydn, en fait partie. Et si le Haydn a séduit, la Sinfonietta de Weinberg et la première symphonie de Brahms, qui encadraient le concerto, ont permis de découvrir un orchestre de grande qualité dirigé par Julian Rachlin.

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Gautier Capuçon et Julian Rachlin aux saluts après le concerto de Haydn (Photo M.E.)

La nostalgie accompagne la douleur… Peu nombreux connaissaient Mieczyslaw Weinberg dans les allées du  GTP mercredi. Compositeur juif d’origine polonaise, il a vécu l’horreur de la Shoah et les dépressions du siècle dernier avant de s’éteindre dans le dénuement en 1996. Ami de Chostakovitch, son œuvre est riche de quelque 500 compositions pas toujours connues ou reconnues dans le monde.

La Sinfonietta n° 1 choisie pour ouvrir le concert a été composée par Weinberg en 1948. Sa famille a été exterminée pendant la guerre et lui a pu s’enfuir en URSS. L’œuvre comporte quatre mouvements, un allegro et un vivace qui encadrent le lento et l’allegro; une entrée et une sortie en forme de nostalgie avec des mélodies juives et un centre douloureux et chargé d’émotion. Des sentiments idéalement servis par l’orchestre totalement imprégné de cette musique avec des couleurs orientales et des moments sensibles de grande intensité dramatique sous la direction pour le moins inspirée de Julian Rachlin en totale communion avec les instrumentistes. Cette œuvre forte mérite d’être jouée et découverte.

Gautier Capuçon entrait ensuite en scène devant un orchestre ramené à la composition de la chambre  pour donner le concerto pour violoncelle n°1 de Haydn. Difficile pour nous, en fait, de passer d’une partition lourdement chargée de sentiments et d’émotion à une œuvre toute de légèreté et de virtuosité. Mais quelques minutes ont suffi à effectuer la transition et jouir de la qualité de l’interprétation. Sensible, précis, Gautier Capuçon nuance son interprétation à merveille, bien soutenu qu’il est par l’orchestre et un chef à son écoute. Beau succès.

La deuxième partie du concert était consacrée à la Symphonie n° 1 de Brahms. Une nouvelle occasion pour l’orchestre de Jérusalem et son directeur musical Julian Rachlin, de livrer une interprétation passionnée et lumineuse de cette œuvre surnommée « la dixième de Beethoven ». S’il est vrai qu’à de rares occasions elle se rapproche de la veine « beethovénienne » on y retrouve en permanence le génie de la composition de Brahms qui utilise tous les pupitres de l’orchestre pour développer la puissance, parfois la grandiloquence, mais aussi la douceur et le romantisme. Une partition dont s’emparent avec bonheur Julian Rachlin et les musiciens de l’orchestre pour la mettre en lumière avec beaucoup de justesse.

La direction de Rachlin est sensuelle sans être mielleuse, et le maestro dont la carrière de violoniste et d’altiste est aussi brillante, sait mobiliser les cordes afin d’en tirer tout le velours tout comme il profite de la qualité des bois et des cuivres pour faire vibrer avec précision et sans excès la musique de Brahms. De la belle ouvrage et un succès mérité ponctué avec enthousiasme par une danse hongroise de Johannes… What else ?

Michel EGEA

Prochain concert au GTP d’Aix-en-Provence: Orchestre de Chambre de Lituanie dirigé par Gediminas Gelgotas, soliste Max Richter (Vivaldi, Gelgotas, Bach, Glass) mercredi 2 octobre à 20 heures. Plus d’info et réservations : lestheatres.net 

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