« Tout le monde doit être uni autour de la mémoire collective. » La formule est encore plus significative lorsqu’elle est prononcée par Sophie Joissains, maire d’Aix-en-Provence, à l’issue d’une conférence de presse ou elle a présenté les actions engagées par la Ville pour sauvegarder et mettre en valeur les archives photographiques du Studio Ely qui étaient menacées.
A Aix-en-Provence, le Studio photographique Henry Ely est un pan du patrimoine de la ville. Depuis la fin du 19e siècle jusqu’à nos jours, quatre générations de photographes s’y sont succédé : Henry (1861-1921), Hugo (1903-1974), Jean (1928 – 2012) et Jean Eric (1957 -).
Les quatre ont traversé l’histoire de la ville en la capturant sur divers supports ; Bruno Ely, conservateur en chef du patrimoine, directeur du Musée Granet et fils de Jean, se plait à rappeler que son arrière grand-père, lorsqu’on lui demandait le sens de ses travaux photographiques, déclarait « je constitue des archives pour la ville de demain ». Il ne se doutait pas que 130 ans plus tard son arrière petit-fils poursuivrait ce grand œuvre familial, l’ouvrage Flagrants d’Ely(s) publié il y a quelques semaines en témoigne. Installés depuis l’origine au cœur de locaux situés passage Agard, le studio et son fonds doivent désormais quitter les lieux, l’endroit ayant été vendu. Mais on ne déménage pas des milliers de clichés comme un vaisselier ou une commode, les supports vitrés, argentiques et autres nécessitant traitement et précautions particulières. Consciente de l’intérêt patrimonial de ce fonds, la Ville a décidé de s’engager pour le préserver et le partager dans les années à venir avec les Aixois en le valorisant et en lui donnant de la visibilité. Des actions détaillées par Sophie Joissains en conférence de presse.
Dans un premier temps, le fonds sera pris en charge et déposé en conservation aux Archives Michel Vovelle dans des conditions adéquates, notamment au niveau de l’hygrométrie. Le deuxième volet devrait voir la ville acquérir le fonds afin qu’il fasse partie du patrimoine collectif, la troisième étape étant la création en centre-ville d’un centre d’art photographique où ce fonds serait mis en valeur par des expositions, des colloques, des ateliers et autres actions pédagogiques à destination d’un large public depuis les enfants des écoles jusqu’aux universitaires, entre autres.
Au cœur de ce « Centre Photographique Ely » les pièces historiques du studio pourraient être reconstituées et tous les matériels utilisés depuis 1888 jusqu’à nos jours pourraient être exposés. Par ailleurs, la ville pourrait y puiser à la demande des documents en fonction de ses besoins. « Il faut rendre ces archives vivantes », soulignait Sophie Joissains après que Jean-Eric et Bruno Ely aient souligné que les photos si elles étaient importantes historiquement l’étaient aussi sociologiquement témoignages tangibles de la société, de ses us et coutumes depuis 130 ans. Le projet est désormais sur les rails…
Michel EGEA