Publié le 18 décembre 2015 à 1h42 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Plus de 2 000 personnes ont participé ce jeudi 17 décembre, au Parc Chanot, à Marseille à la quatrième conférence métropolitaine, intitulée cette année «des projets à partager »… Une journée, en présence de Marylise Lebranchu, ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique, qui a mis en exergue des besoins, des envies, des moyens. L’occasion de présenter un travail qui a fait émerger des sujets de convergence.
Laurent Théry, préfet délégué en charge du projet métropolitain souligne à ce propos: «Nous ne les avons pas élaborés seuls mais avec de très nombreux acteurs locaux et représentants des collectivités. C’est le fruit d’un travail collectif, une coproduction».
En effet, à partir du mois de décembre 2013, plus de 1 200 acteurs et élus locaux se sont investis pendant 24 mois dans sept chantiers de réflexion et de proposition réunis à de multiples reprises autour des questions centrales de la mobilité, la cohésion sociale, le rapport Ville-Nature, la jeunesse, la transition énergétique, le système logistique et portuaire. Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille et récemment élu président de la métropole, indiquera à la ministre: «Je suis officiellement dans l’opposition mais je sais être le doyen des élus et je fais ce que j’ai envie de faire. Lorsque vous allez dans le bon sens, j’ai envie de vous aider».
«Ce territoire a besoin de plus d’efficacité, de solidarité et de moyens mutualisés»
Marylise Lebranchu avoue: «C’est vrai que nous avons beaucoup appris sur ce que nous pouvions faire ensemble», avant de rendre hommage aux élus et aux acteurs du monde économique. «Voilà trois ans que nous travaillons et le temps venu de passer le relais». «Ce territoire a besoin de plus d’efficacité, de solidarité et de moyens mutualisés», juge-t-elle. Évoquant la nécessité de mettre en place «un réseau de transport public cohérent, renforcé; la nécessité de poursuivre la transition économique, de renforcer le Port; d’écrire une nouvelle page de l’histoire métropolitaine». Le propos se fait fort lorsqu’elle en appelle «à sortir de la rhétorique du déclin alors que les industriels n’ont jamais manqué sur ce territoire». Elle souligne à ce propos les nombreuses filières du territoire : innovation, énergie, port, tourisme… et d’insister sur «le projet Henri Fabre et le cluster Marseille immunopôle qui permet de faire de ce territoire une capitale mondiale de l’immunologie». La ministre félicite ensuite Jean-Claude Gaudin «pour son élection à la présidence de la métropole» avant de rappeler: « Aix Marseille Provence doit être la porte de la France pour la Méditerranée» .
«Le législateur a veillé à maintenir un niveau de proximité opérationnelle»
Jean-Claude Gaudin pour sa part a tenu à saluer l’action de l’État en faveur des métropoles. «Elles seront demain les pivots essentiels de l’organisation administrative et économique française». Il remercie Marylise Lebranchu : «Avec le concours des élus de ce territoire, et votre action, madame la Ministre, notre métropole a pu trouver un cadre législatif personnalisé à partir de la Loi Maptam et la Loi NOTRe. Le législateur a veillé à maintenir un niveau de proximité opérationnelle : les Conseils de territoire. Dès la séance du premier conseil de la métropole, prévue le 11 janvier, tout cela sera confirmé par délibération». «Le 9 novembre, poursuit-il, le Conseil métropolitain m’a élu aux fonctions de président de la métropole. C’est pour moi à la fois un très grand honneur d’être le premier président de cette institution dont notre territoire a tant besoin. C’est aussi une immense responsabilité qui m’est confiée». Dans le cadre de cette journée, indique-t-il: «La Mission Interministérielle Métropolitaine nous présente ses travaux et va nous transmettre son legs». «Il ne s’agit pas de dire aujourd’hui ce que sera le projet de la métropole : ce sont les élus métropolitains et en premier lieu les maires qui, demain, en décideront», déclare-t-il. Affirmant que la Conférence métropolitaine des maires et le conseil de développement métropolitain « seront les organes majeurs de la gouvernance et du projet métropolitain». Parmi les priorités, Jean-Claude Gaudin avance avoir d’ores et déjà identifié des grands axes de travail. «Tout d’abord, la métropole doit être au service de tous les citoyens, de leur vie quotidienne, de leur emploi. Nous voulons très rapidement transformer un espace métropolitain de fait en une métropole d’action dont la gouvernance sera à l’échelle du territoire et de ces enjeux ».
«La plus grande métropole de France avec 3 148 km²»
Tandis que Laurent Théry revient dans un premier temps sur les chiffres. Aix-Marseille-Provence c’est : «92 communes, la plus grande métropole de France avec 3 148 km²; elle est plus de trois fois supérieure à celle du Grand Paris et six fois supérieure à celle du Grand Lyon. 70% de son territoire est occupé par la nature». Il revient sur la mission de préfiguration. «Un travail qui a immédiatement pris en compte la dimension coproduction avec le monde économique, mais aussi syndical, associatif, culturel..». Rappelant: «Les collectivités locales ont eu des positions plus diverses avec les interrogations de la plupart des maires qui ne voulaient pas s’engager dans une coproduction». Présentant l’idée d’une transformation métropolitaine autour de quatre grandes orientations : de la métropole de fait à la métropole organisée et reliée; de la métropole généreuse à la métropole durable; de la métropole de la diversité à la métropole des capacités; de la métropole portuaire à la métropole ouverte à 360 degrés.
Une consultation urbaine et territoriale
A partir de là, sept chantiers transversaux ont été ouverts, mi-2013 : la jeunesse et ses potentiels; les enjeux de cohésion sociale et territoriale; les défis de la mobilité et de l’accessibilité; les projets du système portuaire et logistique; les potentiels de la ville-nature; la transition énergétique et les cultures de l’innovation. Tout un ensemble de données a été ainsi collecté. «Il s’agissait ensuite de créer du lien entre tous ces éléments. La Mission interministérielle pour le projet métropolitain a initié une consultation urbaine et territoriale, prolongement de la démarche globale de préfiguration du projet.» Trois équipes de concepteurs ont été retenues : Devillers et associés, LIN-Finn Geipel et Seura-David Mangin. Elles ont travaillé neuf mois à la structuration et à la spatialisation des hypothèses du projet métropolitain. L’équipe Devillers structure son projet en trois intentions : rapprocher, coopérer, mettre en désir et, décline les propositions correspondantes. Le projet «capital paysages» de LIN-Finn propose de fédérer autour des biens communs des métropolitains dont, notamment, les paysages, les espaces publics, l’eau, les infrastructures et la culture. Enfin, l’équipe Seura-David Mangin, propose une métropole spectaculaire, une mobilité efficace, des «hauts lieux». Autant de pistes de réflexion pour donner chair et sens à la métropole.
Michel CAIRE