Publié le 3 mars 2020 à 23h23 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 9h48
Le collectif « Tous acteurs » a mis en lumière 10 idées-clés, pour le développement économique du territoire, détaillées dans des fiches pratiques. Chaque jour jusqu’au 13 mars, les candidats et journalistes seront destinataires d’une fiche pratique, qui seront par ailleurs mises en ligne sur la plateforme Tous acteurs. La première d’entre elles a été présentée par Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Aix-Marseille Provence. Elle concerne les Îles du Frioul proposées comme «une chance pour le territoire».
La première fiche pratique a été présentée par Jean-Luc Chauvin. Occasion pour lui de rendre hommage «aux trente experts avec qui nous avons travaillé et, parmi eux, un tout particulièrement: Marc Pietri, le PDG de Constructa qui vient de disparaître. Il a été de ceux qui ont insisté pour faire du Frioul un laboratoire pour notre territoire». Il tient également à souligner l’apport de l’architecte Corinne Vezzoni sur ce dossier. «L’archipel du Frioul est, avec l’Étang de Berre, un des deux territoires remarquables de notre métropole», avance Jean-Luc Chauvin avant de déplorer: «Toutes les métropoles qui bénéficient d’un archipel ont su en profiter, à l’exception de Marseille. Or le Frioul mérite une ambition partagée tant c’est un repère identitaire fort. C’est le premier contact visuel avec Marseille pour ceux qui arrivent par la mer». C’est, pour le collectif, une chance à saisir pour le développement et le rayonnement de Marseille et de la Métropole. «Nous portons l’ambition d’en faire un joyau métropolitain qui témoigne de l’implication de notre territoire autour des enjeux de transition écologique du bassin méditerranéen, en valorisant le savoir-faire de nos entreprises». Expliquant notamment que «les milieux insulaires sont particuliers, ils concentrent sur de petits espaces tous les enjeux économiques, environnementaux et sociétaux auxquels les territoires littoraux sont confrontés : cohabitation – conciliation entre espaces naturels et activités humaines, gestion durable des ressources naturelles, autonomie énergétique, accueil des flux touristiques, gestion des déchets, etc.».
«Des esprits passionnés qui ont porté ou portent encore des projets pour le Frioul»
Pour le collectif, il est question de pouvoir «tirer pleinement profit de sa situation et privilégier des approches intégrées, raisonnées et durables… à la condition d’éviter la sanctuarisation». Pour ce développement tout aussi raisonné qu’ambitieux, le collectif met en avant le savoir-faire des acteurs économiques historiques de la filière maritime (Comex, INPP, CMA CGM…) et sur une filière d’excellence « Environnement » en plein essor. Ainsi que des expertises «et des esprits passionnés qui ont porté ou portent encore des projets pour le Frioul… sans parvenir à les faire aboutir». Parmi ces projets, il cite Tethis, de l’architecte Étienne Clamagirand, spécialisé en design marin et ingénierie offshore. «Imaginé dans les années 80, ce projet visait à implanter un parc marin et technologique ludo-pédagogique : salle de cinéma pleine eau, sous-marin touristique… Il a été abandonné à la suite de l’arrivée d’une nouvelle mandature à la mairie de Marseille.» Le projet « Marsa » proposé par le designer Ora Ïto, qui considère le Frioul comme le plus beau décor au monde pour discuter de l’écologie et construire ainsi la Villa Médicis de l’écologie en Méditerranée. «Abandonné par manque de financements.» Le projet «BiolumReef» porté par Tangram Lab a reçu le prix coup de cœur de la Fondation Jacques Rougerie. Il consiste en la mise en place d’un récif biomimétique habitable permettant de reconstituer les ressources marines. «Nous disposons aussi, souligne Jean-Luc Chauvin, de structures en pointe sur les questions de conservation et de mise en valeur du littoral avec le Parc national des Calanques, qui englobe les Iles du Frioul et le Conservatoire du littoral qui gère (depuis 2014) 136 hectares d’espaces naturels de l’archipel. Alors sachons capitaliser sur ces savoir-faire pour rendre possible le développement de nouvelles activités au Frioul».
Le laboratoire méditerranéen d’une économie bleue responsable, filière-totem du nouveau Marseille
Pour le collectif l’archipel du Frioul a la légitimité de se positionner comme «le laboratoire méditerranéen d’une économie bleue responsable, filière-totem du nouveau Marseille, fer de lance des enjeux de transition écologique en Méditerranée et de formation de la jeunesse aux emplois de demain». Sur les 200 hectares d’emprise foncière totale (Pomègues et Ratonneau, If et Tiboulen), 136 sont la propriété du Conservatoire du Littoral, «ce qui laisse une certaine marge de manœuvre pour développer de nouveaux projets cohérents entre eux et intégrant plusieurs dimensions», se félicite Jean-Luc Chauvin. Et d’avancer comme exemple : la dimension technologique par l’implantation d’un technopôle tourné vers les enjeux de la Méditerranée: «Plusieurs pistes sont envisageables, du nautisme à l’aquaculture en passant par le traitement de l’eau». Par le développement d’un laboratoire de la mobilité électro-solaire, incluant des navettes touristiques, des pontons solaires, une écomarina… Dimension patrimoniale, par la valorisation et l’utilisation de l’hôpital Caroline et du Sémaphore. Dimension touristique, avec le déploiement d’offres ludiques, sportives et de bien-être respectueuses des milieux : parcours snorkeling, tourelle de plongée grand public, visite des fonds marins en réalité augmentée, escarpe-game… ou encore, un espace d’interprétation à terre. Dimension symbolique avec un lieu/objet-emblème, par exemple sous forme de geste architectural ou d’aménagement urbain (quartier bioclimatique méditerranéen, par exemple), avec pourquoi pas l’installation du Ministère de la Mer. Dimension sociétale par la création d’une école de la deuxième chance autour des métiers de l’économie bleue. Avec la mise en avant d’un art de vivre méditerranéen au travers de l’alimentation, des activités de loisirs, de l’usage de l’espace public, du vivre ensemble.
«Faire émerger une société de gestion partenariale, associant acteurs publics et privés»
Le déploiement d’un projet d’une telle envergure sur le Frioul nécessite l’adhésion du plus grand nombre, avance le collectif. «L’ensemble des acteurs publics, parapublics mais également privés doit être saisi pour construire cette vision partagée du Frioul. Si le territoire s’accorde sur la pertinence et les objectifs en 2020, le projet pourrait être déployé en 2026, pour tenir compte des procédures préalables à toute installation sous l’eau, 4 ans a minima». Des étapes sont à suivre pour le collectif, il importe à ses yeux, en premier lieu, de faire émerger une société de gestion partenariale, associant acteurs publics et privés dès 2020, lancer un challenge «architecture et île durable» de niveau international dès 2021 en vue de nourrir peu à peu le projet d’ensemble. Mettre en place d’une zone d’expérimentation de l’urbanisme de projet dont le principe est d’obtenir une dérogation aux règles existantes pour donner la priorité au projet tout en garantissant l’esprit des règles». Jean-Luc Chauvin précise à ce propos: «Il s’agirait de respecter les règles essentielles tout en ayant la possibilité d’expérimenter. Je sais que cela n’est pas simple en France on dit toujours qu’il n’y a pas d’argent et que c’est compliqué mais nous avons un État qui parle du droit d’expérimentation sur les territoires. Saisissons-nous de cette opportunité. Si nous allons voir le Gouvernement unis avec l’ensemble des collectivités nous pouvons être entendus».
«Michel Barnier nous a dit l’importance et l’urgence qu’il y avait à créer la ville bio-climatique de demain et il a évoqué le Frioul»
Jean-Luc Chauvin reprend: «Il faudra également soumettre un dossier au Programme d’investissements d’avenir (PIA) lancé par l’État et solliciter des fonds européens avec l’aide des collectivités, Ville, Métropole, Région». Jean-Luc Chauvin précise à ce propos: «Michel Barnier nous a dit l’importance et l’urgence qu’il y avait à créer la ville bio-climatique de demain et il a évoqué le Frioul comme un lieu pertinent pour cela en ajoutant que l’Europe peut apporter son soutien pour une telle opération». Au préalable les 9 autres fiches avaient été présentées rapidement. Monique Cassar, Chambre de métiers et de l’artisanat évoque le projet d’une halle alimentaire «lieu d’échanges, vitrine des produits du territoire. Ces halles peuvent booster le centre-ville de Marseille. Elle peuvent également voir le jour dans toutes les villes de notre territoire». Patricia Blanchet-Bhang, Capeb 13 aborde la question de la logistique du dernier kilomètre. Camille Mandel, Cap au Nord parle de l’offre de transport à déployer afin de mieux répondre aux besoins des salariés et des entreprises. Frédéric Verdet, CPME 13, plaide en faveur d’une ville inclusive pour faciliter le quotidien des actifs. L’idée est d’encourager les communes qui créent les conditions d’une vie professionnelle épanouie. Jean-François Suhas, Club de la Croisière Marseille-Provence indique: «Marseille est une ville internationale. Notre idée est de faire d’Aix-Marseille-Provence un laboratoire d’expérimentation in-vivo en accueillant des start-up du monde entier en centre-ville». Didier Bertrand, FNAIM: «Nous avons la formidable opportunité de créer la ville bio-climatique de demain en tenant compte des contraintes comme des opportunités que ce changement implique». Tandis que Fabrice Alimi se fait l’écho de la volonté de créer à Marseille «une Maison de l’Afrique, pôle diplomatique, espace de représentation économique, sociale et culturelle visant à favoriser les échanges». Maurice Wolff, CCIAMP présente la fiche «visant à faire de l’Étang de Berre le lieu où se réinvente l’économie.». Et il revient à Jean-Luc Chauvin de conclure en présentant la dernière proposition: «La création d’un monitoring de l’action publique afin de l’évaluer, pour améliorer, si nécessaire, une action afin de lui permettre d’atteindre l’objectif fixé». La démarche «Tous Acteurs Municipales 2020» rassemble au sein d’un collectif inédit les partenaires économiques et sociaux, [[Il s’agit là d’un élan collectif inédit : 31 acteurs du monde économique réunis au sein du collectif, 32 experts, du territoire et au-delà, consultés individuellement, 200 chefs d’entreprises, animateurs de réseaux économiques, jeunes actifs, apprentis, étudiants… présents dans les réunions collectives à Aix, Aubagne, Marseille, Étang de Berre]] pour être force de propositions dans le débat des municipales.
Michel CAIRE