Publié le 28 octobre 2015 à 23h06 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Alain Juppé Maire et Président de Bordeaux métropole, président de l’Association Française du Conseil des Communes et régions d’Europe (AFCCRE) est intervenu ce 28 octobre à Marseille à l’occasion de la 2e Université européenne de cette structure. Une rencontre consacrée «aux fractures en Europe, de nouveaux défis pour les territoires». Alain Juppé lance à ce propos: «L’avenir de l’Europe passe par un partenariat Eurafrique», avant d’évoquer: «la Tunisie, un Printemps arabe qui réussit et qui doit être accompagné». «Nous sommes, poursuit-il, réunis parce que nous croyons à l’Europe. Parce que, face aux défis lancés : environnementaux, climatiques, démographiques, migratoires; face à la révolution numérique qui arrive ce serait folie que de nous séparer. Il est de notre intérêt d’y aller ensemble, les yeux grands ouverts, c’est à dire conscients que l’Union Européenne est aujourd’hui en danger de dislocation». Le candidat à la primaire Les Républicains pour la présidentielle considère: «Bien sûr des choses marchent mais beaucoup ne marchent pas, l’économie n’a pas retrouvé le chemin de la croissance, la zone Euro est fragile. Les peuples ont l’impression que nous n’avons pas anticipé et géré les flux migratoires. Un certain désamour est à l’œuvre, il suffit, pour s’en persuader, de regarder les résultats obtenus par les partis anti-européens, notamment en Pologne, pour mesurer les enjeux. Et, on va voir en France, ce que vont donner les Régionales».
«La COP21 est un enjeu vital, au sens premier du terme»
Pour Alain juppé, point question de baisser les bras : «Nous devons agir, resserrer les liens entre nos collectivités car les affinités entre elles permettent de mener des actions. Car, ce qui nous sauve encore du discrédit du politique, ce sont les élus locaux, proches de leurs concitoyens. Et je mesure à quel point il importe de donner à nos collectivités de jouer pleinement leur rôle». Puis de considérer : «Nous devons nous engager dans les bons combats de l’Union Européenne». Il insiste à ce propos sur l’importance de la COP21: «C’est un enjeu vital, au sens premier du terme, si les États n’arrivent pas à se mettre d’accord sur un programme ambitieux, sur le réchauffement climatique, mais aussi la pollution. Or, nos collectivités agissent dans ces domaines : en matière de transports, de logements, autant de domaines où nous réduisons les rejets de gaz à effet de serre. Il faut donc que nous fassions entendre notre voix. Dans ce cadre, une réunion des maires est programmé avant la COP21, je vous invite à y aller. Enfin, nous devons nous engager à construire un nouveau rêve européen». Il juge à ce propos : «Erasmus a fait plus pour l’Europe que bien des directives». En revanche, il tient à dénoncer: «La directive sur les travailleurs détachés qui a des effets fâcheux». Enfin, concernant les réfugiés, Alain Juppé avance: «Accueillir, oui; mobiliser les générosités, oui; mais il faut aussi donner le sentiment qu’on peut arrêter le flux. Il faut harmoniser nos politiques européennes, contrôler nos frontières extérieures, travailler en direction des pays des Balkans afin qu’ils assurent des conditions de vie décentes à leur population. Et puis, nous devons négocier la place de la Grande-Bretagne dans l’Union Européenne. Je sais bien qu’elle ne partage pas la vision des pères fondateurs, mais il faut trouver un point d’équilibre pour garder la Grande-Bretagne mais pas à n’importe quelles conditions». Enfin, selon lui : «Nous avons un héritage spirituel et intellectuel. Nous avons un héritage chrétien et nous en avons d’autres : celui des Lumières, des mouvements nationalistes. Sans oublier les valeurs que nous partageons : les droits de l’Homme, l’égalité homme/femme, la démocratie. Nos valeurs ne sont pas universelles, en revanche nous avons le droit de dire que nous souhaitons qu’elles soient universelles».
Michel CAIRE