Publié le 19 mai 2015 à 20h43 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Le remaniement ministériel partiel opéré le 14 mai par le président algérien, Adelaziz Bouteflika, a vu le départ de neuf ministres et le départ de quatre autres, lesquels ont appris la nouvelle de leur limogeage…. durant leurs visites officielles ou protocolaires.
Ce «lifting» n’en finit pas de susciter des réactions et de faire couler l’encre des observateurs de la scène politique algérienne et autres chroniqueurs de médias, lesquels s’interrogent sur le «sens» et la «finalité» de la procédure. Le maintien de certains membres du gouvernement ainsi que l’entrée de nouveaux noms ne sont pas passés sans commentaires. En effet, le mandat de quelques ministres du gouvernement Sellal ayant été reconduits n’a pas été exempt de critiques car pour le moins «pas très convaincant».
Dans ce cas de figure, l’ex-ministre des transports reconduit pour le portefeuille du tourisme, Amar Ghoul, constitue sans doute la principale «énigme» de ce remaniement s’agissant du choix des membres du gouvernement. Essentiellement lié au nom du scandale de l’autoroute Est-Ouest (détournement de fonds colossaux), dont l’affaire vient de passer au tribunal, ce ministre issu du parti d’obédience islamiste le Mouvement de la société pour la paix (MSP), a étonné plus d’un par la décision de son maintien. Si bien que des qualificatifs comme «l’indétrônable», «l’indéboulonnable» ou encore «l’immuable» collent désormais à son nom. L’interrogation est d’autant de mise que le souci de «moralité» semble, à première vue, justifier le choix de Bouteflika d’éloigner du gouvernement la ministre de la Culture, accusée de «trafic d’influence» qui profiterait à sa boite de production.
La désignation de deux ministres quasiment à la tête des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel, est apparue comme étant «l’incongruité» de ce remaniement.
Reconduit à la tête de la diplomatie algérienne, Lamamra s’est vu en effet «greffé» d’un Abdelkader Messahel, qui de ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, devient ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Coopération internationale. Sont-ce les réactions multiples à cette désignation (observateurs, journalistes, réseaux sociaux…) qui ont amené la présidence de la République à se rendre compte du «cocasse» de la chose et rectifier le tir quatre jours plus tard ? En effet, le lundi 18 mai, un communiqué officiel annonce ainsi la nomination de Messahel à la tête du département des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue Arabe. Voilà qui est plus clair !!!
L’éloignement de Youcef Yousfi du département de l’Énergie et des Mines n’a pas manqué également d’alimenter les interrogations : A-t-il payé pour la polémique autour du gaz de schiste? Ou est-ce une conséquence de la gestion de l’après-chute des prix du pétrole ? Considéré pourtant comme un proche du cercle présidentiel, ce serait pour cela, pensent des analystes, qu’il a été «repêché» ce lundi 18 mai, lors de ce qui est considéré ironiquement comme étant un remaniement «remanié» : Youcef Yousfi est alors désigné ministre, conseiller auprès du président de la République, chargé des questions de l’énergie.
Autres partants, le ministre des Finances, Mohamed Djellab, qui devra témoigner dimanche prochain dans le cadre du procès de l’affaire « Khalifa Bank ». Le lien a vite été fait par des observateurs ! Également confondu dans une affaire de détournement de terres agricoles, Hocine Necib, quitte le département des Ressources en eau.
L’arrivée de la jeune Houda Imane Faraoun à la tête du département de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication (PTIC) a, en revanche, était mieux accueillie : A 36 ans et bardée de diplômes précocement et brillamment arrachés, elle représente la «belle» surprise de ce remaniement. A condition que son origine (Tlemcen, Ouest algérien) n’ait pas dicté le choix de cette nomination, le clan présidentiel étant issu de la même région, notent des internautes qui ne manquent pas de souligner qu’elle est, par ailleurs, fille de général.
Parmi les ministres maintenus, citons notamment Abdesslem Buchouareb (industrie), Amara Benyounés (commerce) et Nouria Benghebrit (éducation). Le maintien de cette dernière a également intrigué. Le secteur ayant été marqué par des grèves cycliques qui, en dépit des efforts déployés, ont considérablement perturbé le bon déroulement de l’exercice scolaire en cours.
Mais au-delà du profil et des compétences des ministres maintenus ou «écartés», c’est l’opportunité et les enjeux qui entourent ce remaniement qui nourrissent les supputations. Est-il lié à des décisions capitales à venir ? Ou tout simplement, est-ce une manière de rappeler aux Algériens que leur président continue à gérer les affaires du pays et à faire «diversion» sur ses aptitudes physiques à la tête de la magistrature suprême ?
Fatima Abbad correspondante Destimed en Algérie