Publié le 1 novembre 2018 à 20h29 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 19h09
Onze personnes, dont Rose Mallinger, rescapée de la Shoah, ont été tuées par un militant d’extrême droite, parce que juifs, à Pittsburgh, devant une synagogue. A la suite de cette tragédie, la communauté juive de Marseille à l’initiative du Crif Marseille Provence, avec le Consistoire israélite de Marseille, le Fonds Social Juif Unifié, a organisé une rencontre avec le Consul des États-Unis Simon R. Hankinson avant qu’une cérémonie ne se déroule à la Grande synagogue de Marseille. Tandis qu’au Camp des Milles une minute de silence a eu lieu en présence de jeunes du Mirail, à Toulouse.
«Nous avons ensemble, juifs, musulmans, chrétiens, arméniens, agnostiques et athées vécus des moments d’extrême émotion» indique Bruno Benjamin, le président du Crif Marseille-Provence, après la cérémonie qui s’est déroulée à la Grande synagogue de Marseille. «Les juifs de Marseille, poursuit-il, se sont sentis entourés, soutenus, aimés dans leur peine et leur douleur». «On meurt encore parce que l’on est juif et cela c’est inacceptable. Combattre l’antisémitisme, la haine qui touche toutes les communautés doit devenir un combat unitaire et cette lutte doit mettre l’accent sur la culture et devenir internationale», déclare Bruno Benjamin.
«Ne pas s’habituer à la barbarie», tel est le message lancé par Alain Chouraqui, le président de la Fondation du Camp des Milles, avant la minute de silence en hommage aux victimes. Un moment fort et particulièrement symbolique. Car, se sont joints au personnel du Site-mémorial du Camp des Milles, pour ce temps de recueillement, des jeunes du quartier sensible du Mirail à Toulouse en visite au Site-mémorial. Le Mirail…quartier d’origine de Mohammed Merah, qui assassina en 2012 des enfants juifs et des militaires. Une autre illustration, si besoin est, de la tenaille identitaire qui menace nos démocraties depuis plusieurs années. «Il est essentiel de se rappeler qu’historiquement, l’antisémitisme, porté par l’extrémisme identitaire, est un « avertisseur d’incendie » pour l’ensemble de la société. Les dérives verbales xénophobes, racistes ou antisémites libèrent d’abord la parole puis les actes. D’abord contre des cibles minoritaires. Puis de plus en plus largement. Jusqu’à menacer la paix civile. Le combat n’est jamais gagné face aux racismes, à l’antisémitisme, aux discriminations, mais il n’est jamais perdu non plus», a affirmé Alain Chouraqui, en rappelant aux jeunes présents, les possibilités de résistance afin de ne pas rester passifs face aux minorités extrémistes qui avancent. Cette visite, la deuxième en moins d’une semaine, a permis de faire prendre conscience aux jeunes que l’Histoire a eu lieu dans ces lieux mêmes, de les sensibiliser face à l’antisémitisme, au racisme et aux extrémismes, et d’échanger sur l’Histoire, l’éducation citoyenne et les valeurs de la République. «Nous apprenons l’Histoire à l’école. Mais c’est primordial de venir ici, pour se rendre compte de ce qui s’est passé. Nous devons être solidaires pour refuser la haine, car nous pouvons tous être un jour touchés».