Publié le 31 juillet 2016 à 20h02 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h32
Chloé Briot est à l’affiche du festival de La Roque d’Anthéron ce mercredi 3 août. Elle y chante Mozart. L’occasion de retrouver celle qui incarna Iniold dans le «Pelléas et Mélisande» donné au dernier festival d’Aix-en-Provence et qui a été conviée à chanter le rôle-titre de «Pinocchio», création mondiale de Philippe Boesmans, d’après la pièce de Joël Pommerat, programmée par ce même festival l’été prochain et mise en scène par le même Pommerat. Rencontre avec un petit bout de femme à la personnalité bien trempée et, à la voix bien placée…
Destimed : maintenant que le rideau est tombé, quels souvenirs conservez-vous du « Pelléas et Mélisande » triomphant du dernier festival d’Aix ?
Chloé Briot: c’est une expérience que je n’oublierai jamais. Un très beau spectacle formateur pour moi. Le travail effectué avec Katie Mitchell qui signait la mise en scène restera gravé dans ma mémoire. Alors que j’ai déjà joué et chanté « Iniold » des dizaines de fois, j’ai eu l’impression de faire une nouvelle œuvre, de tout redécouvrir ; ça, c’est impressionnant. Nous avons travaillé comme des fous, créé une vraie troupe, une famille Pelléas ; nous avons discuté souvent et longtemps, Katie nous expliquait ses points de vue et nous laissait le temps de posséder nos personnages. J’ai beaucoup pleuré pendant les répétitions car Katie Mitchell n’as pas son pareil pour comprendre ce que vous êtes dans la vie et exploiter vos forces et vos faiblesses pour donner de la chair à votre rôle. Elle est très forte, très intelligente, droite et juste.
Iniold est une rôle que vous chantez depuis des années. Cette incarnation de l’enfant aura-t-elle une fin?
Oui, mon dernier Iniold ce sera à Glyndebourne en 2018. En attendant je le retrouve à Shanghai dans quelques jours, puis à Limoges et à Cleveland en 2017…
L’été prochain, Bernard Foccroulle a décidé de vous confier le rôle-titre de Pinocchio, une commande du Festival à Philippe Boesmans qui devrait inaugurer l’édition 2017 de la manifestation. Une belle preuve de confiance, non ?
Pour sûr et je le remercie. Je suis ultra excitée et très heureuse. J’ai hâte d’y être. J’ai déjà commencer à travailler avec Joël Pommerat ; c’est quelqu’un qui va au fond des choses et j’aime ça. Il fait de Pinocchio un personnage bouleversant, violent, dur, parfois méchant ; une vision qui me plait énormément. Quant à Philippe Boesmans, nous avons effectué deux sessions de travail. Il sait ce que je souhaite, connaît mes possibilités vocales et respecte ma tessiture.
Justement, aujourd’hui c’est quoi votre tessiture ?
Je dirais mezzo avec facilités sur l’aigu. Une chose est certaine, je ne suis pas une soprano colorature !
Alors, avec cette voix, ou voulez-vous aller ?
Comme tout le monde, je veux explorer un répertoire plus large ; j’ai envie d’être un Chérubin de type mezzo, de chanter Olympia… Plus je vais prendre de l’âge, plus je vais aller vers un répertoire plus large. Mais sans me presser… Si je suis confortable, j’y vais. C’est ma stratégie et je pense que c’est la meilleure pour durer. Mais une chose est certaine, je ne vois pas le temps passer. J’ai parfois l’impression d’être encore à l’école mais cela fait des années que je travaille ! J’ai eu la chance de ne pas connaître de galères.
Et peut-être aussi la chance d’être bien conseillée ?
Certainement. Et en premier lieu par Bernard Pisani qui m’a prise en main alors que je n’avais que 14 ans. Je lui dois beaucoup, notamment mon premier contrat à Bordeaux. Ensuite il y a eu une tentative d’intégrer l’Académie du Festival d’Aix consacré à Mozart et Haendel en 2011. J’ai totalement loupé mon audition et n’ai pas été retenue. Et pourtant, deux mois après Bernard Foccroulle me proposait d’être l’enfant dans «L’Enfant et les Sortilèges» de Ravel. Ce fut une réussite et, surtout, un moment clé exceptionnel pour ma carrière…
En attendant Pinocchio, vous débutez 2017 par une autre création mondiale…
Oui, en janvier à Nantes puis à Dijon… Je suis Nemo jeune, de «Little Nemo» opéra du compositeur David Chaillou !
Propos recueillis par Michel EGEA
Pratique: Mercredi 3 août à 21 heures au Parc de Florans à La Roque d’Antheron, Chloé Briot chante l’air de concert «Ch’io mi scordi di te» pour soprano, piano et orchestre K.505. Autres œuvres au programme : le concerto pour piano et orchestre n°20 de Mozart et la symphonie n°3 «héroïque» de Beethoven. Avec Jan Lisiecki au piano, l’ensemble orchestral Kanazawa dirigé par Michiyoshi Inoue. Réservations tous les jours de 9 à 22 heures au +33 (0)4 42 50 51 15