Areva: on restructure le personnel d’abord

Alors que les décisions en matière de «transformation» d’Areva avaient été annoncées pour la fin avril, c’est l’ouverture de négociations avec les organisations syndicales visant à structurer le dialogue social et la gestion de l’emploi et des compétences en 2015, 2016 et 2017 qui a été annoncée le 7 mai par la direction d’Areva.
Intitulé «contrat triennal de transition pour l’investissement humain et la sauvegarde économique du groupe», ce projet s’inscrit dans le cadre du plan de compétitivité annoncé le 4 mars. En clair, des économies sur les investissements, les achats et le personnel. Areva annonce la couleur : «Une réduction de ses frais de personnel de l’ordre de 15% en France et de 18% au total au niveau mondial», soit 3 000 à 4 000 emplois en France et 5 000 à 6 000 dans le monde.
On peut penser qu’une fois de plus, on met la charrue avant les bœufs : on réduit le personnel mais pour quel projet d’entreprise, quel périmètre, quel actionnariat ? Les nécessaires mesures d’économies avaient déjà été annoncées le 4 mars à hauteur de € 1 milliard d’ici 2017. L’objectif plus ou moins avoué de cette annonce et des négociations à venir est d’essayer de rendre la future mariée plus belle pour attirer les investisseurs intéressés (il existe, en particulier du côté de la Chine) et qui sait faire monter les enchères.
L’atteinte de cet objectif reposera sur différents leviers : l’emploi, la rémunération, l’organisation de la production et du temps de travail. L’impact précis en termes d’emploi fera l’objet de discussions avec les organisations syndicales et dépendra des économies obtenues sur chacun des autres leviers. Le groupe a déjà annoncé des mesures relatives à la réduction de ses frais généraux et des dispositifs de rémunération tels que l’intéressement ou les bonus de nature à limiter l’impact à venir sur l’emploi.
Dans tous les cas, «la direction s’engage à tout faire pour que tout départ se fasse sur la base du volontariat. Afin de mener un dialogue social approfondi avec les organisations syndicales à tous les échelons de l’entreprise, les concertations se dérouleront au niveau du groupe, des sociétés puis des établissements». Pas sûr que la Tribune de Philippe Knoche dans les Échos, censée remettre du baume au cœur d’un personnel atteint par les critiques sur la qualité du travail, suffise à calmer le sentiment d’être les premiers (voire les seuls) à payer les pots cassés.
Et de fait, dans un communiqué du 8 mai, l’intersyndicale d’Areva, détaille la panoplie des mesures envisagées par la direction dans le domaine du personnel, mais dénonce le fait que ces annonces ne sont rattachées à aucune décision sur la la restructuration de la filière : «La volonté affichée est de favoriser au maximum les départs volontaires (mesures d’âges) sans exclure d’autres mesures (mobilités géographique contraintes, licenciements…). 
Toute la panoplie classique de réduction salariale et de frais de personnel serait également appliquée : temps de travail, intéressement, salaires, protection sociale, forfait cadre, accords d’entreprises… 

Toutes ses annonces sont faites alors qu’aucune politique industrielle n’est encore arrêtée. 

Les organisations syndicales, unanimes, dénoncent les efforts demandés aux seuls salariés sans ouvrir aucune perspective sur le maintien de la filière. 

Seules les problématiques financières inquiètent nos dirigeants. De plus, les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur des besoins importants de financement de l’entreprise qui se chiffrent en milliards d’euros. 
La première réunion de négociation au niveau Groupe est programmée le 12 mai et la Direction souhaite une conclusion pour fin juin». 

D’ici là, les 5 organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE CGC et SPAEN) mettent en place une cellule intersyndicale permanente de crise pour organiser la défense de l’intérêt des salariés.
Energymed

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