Publié le 1 février 2018 à 19h46 - Dernière mise à jour le 9 décembre 2022 à 14h22
Arrivé mercredi 31 janvier en Tunisie pour sa seconde visite d’État (après la Chine), Emmanuel Macron a affiché sa volonté de remettre en selle la coopération franco-tunisienne. Après avoir rencontré son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi, le Président français a délivré ce jeudi un discours très attendu devant les quelque 140 députés présents (sur 217) à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), à Tunis.
Emmanuel Macron a insisté sur la solidarité profonde qui lie la France et la Tunisie «Si vous échouez, nous échouerons, le même jour ou le jour d’après», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse menée conjointement au palais présidentiel de Carthage (Nord de Tunis) avec son homologue tunisien, Béji Caïd Essebsi. Son déplacement s’inscrit dans un contexte sensible en Tunisie alors que le désenchantement social et économique alimente une grogne récurrente dans les classes les plus défavorisées. Au palais de Carthage, Emmanuel Macron a souligné qu’une «étape fondamentale» se jouait dans le pays, sept ans après la révolution de 2011 qui a renversé la dictature de Zine El-Abidine Ben Ali. Ces efforts ont permis d’ériger la Tunisie en «modèle de transition démocratique», a estimé le chef de l’État français, à travers notamment une «Constitution (adoptée en 2014) exemplaire». «La réussite de la Tunisie et des valeurs qui sont les siennes -démocratiques, de liberté de conscience, d’égalité entre les hommes et les femmes- à ce moment-là de notre histoire de la Méditerranée, c’est aussi notre bataille.» Et il a tenu à «redire» tout «le soutien de la France» dans cette expérience tunisienne. Emmanuel Macron a confirmé que la France allait bien consacrer 1,2 milliard d’euros à différents dispositifs d’aide prévus entre 2016 et 2020, précisant que 500 millions d’euros suivront entre 2020 et 2022. Persuadé que la Tunisie ne pourra s’en sortir en misant uniquement sur sa fonction publique, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un fonds de «soutien au développement, à l’entreprise et aux initiatives de la jeunesse» visant à lutter contre le chômage des jeunes diplômés, qui atteint 35 % dans le pays. Ce fonds, qu’il a présenté comme un « plan d’urgence », sera doté de 50 millions d’euros sur trois ans. «La jeunesse tunisienne doit réussir en Tunisie», a plaidé le locataire de l’Élysée, alors que 12 000 étudiants tunisiens suivent leur formation en France -soit les deux tiers des étudiants tunisiens présents à l’étranger.
« Il y a une jeunesse ici qui est la mieux formée de tout le Maghreb, du Machrek, du Proche et du Moyen-Orient (…), elle a tout pour réussir.» Afin de l’accompagner, Béji Caïd Essebsi et Emmanuel Macron ont annoncé la création prochaine, à Tunis, d’une université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée, qui abritera divers partenariats académiques entre institutions des deux pays. Le financement du projet reste toutefois à boucler. La France va également accorder un prêt souverain de 100M€ pour la «gouvernance» des entreprises publiques. Elle va aussi convertir 30M€ de dettes en projets de développement, cette somme s’ajoutant aux 60M€ déjà convertis. Emmanuel Macron a invité politiques, universitaires et sociétés civiles des pays de la Méditerranée à se retrouver en France pour échanger. Une nouvelle version, plus resserrée, de l’Union pour la Méditerranée qu’avait souhaitée Nicolas Sarkozy…
Anna CHAIRMANN