Publié le 6 février 2017 à 23h30 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
Michel Vauzelle, l’ancien président socialiste de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a adressé une lettre ouverte à son successeur, Christian Estrosi (LR), à propos de l’action qu’il mène en faveur de l’installation de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée à Marseille, à la Villa Méditerranée. Il s’en est fait l’écho lors de la conférence consultative de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur dont il est vice-président. Intervention lors de laquelle il a affirmé que l’État était d’accord pour s’engager financièrement dans ce dossier, précisant qu’une décision était imminente, le choix de Marseille devrait être acté, lors de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée qui se tiendra les 23 et le 24 février prochains à Porto au Portugal.
Christian Estrosi de déclarer: «Si cette opportunité se traduit par l’installation en France de cette Assemblée, je favoriserais son accueil à Marseille, à la Villa Méditerranée». Michel Vauzelle rappelle lors de son intervention au sein de l’Hémicycle régional, l’importance de cette Institution. «Ce parlement méditerranéen a reçu de l’Organisation des Nations Unies le statut d’observateur, comme seule institution représentative de l’espace méditerranéen.» Pour le député d’Arles: «Le rôle que peuvent jouer les députés et les sénateurs, les présidents de région et de département et les maires dans la vie internationale en faveur de la paix et de la coopération, n’est plus à démontrer. Notre région Provence-Alpes-Côte d’Azur située au cœur de l’arc latin et de l’espace euro-méditerranéen l’a démontré au Liban, en Algérie, en Tunisie, au Maroc comme en Italie ou en Espagne.»
«Votre communiqué du 2 novembre dernier, poursuit-il en s’adressant à Christian Estrosi, avait clairement pris le parti, jugé alors par beaucoup comme un pari difficile, d’accueillir le siège de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée à Marseille, à la Villa Méditerranée. Vous y démontriez une bonne connaissance d’une institution qui a eu un Niçois comme premier président. C’est également la proposition que j’ai faite pour Marseille, dans le rapport au Président de la République sur «la Méditerranée des projets» que je lui ai remis en 2013. Ce rapport avait reçu son approbation comme aujourd’hui il soutient la démarche de l’APM en direction de la France et de Marseille. Il me l’a redit lors du sommet de Lisbonne samedi dernier».
«Les représentants de ces peuples ont voté à l’unanimité -ce qui n’était pas facile face à Malte qui préside maintenant l’Union européenne- le transfert du siège de Malte en France, à Marseille, à la Villa Méditerranée»
Il revient sur la démarche en cours:«Elle est le fait de parlementaires représentant Israël, la Palestine, la Jordanie, l’Algérie, le Maroc, l’Italie, le Portugal et la France qui forment le bureau de l’APM. Les représentants de ces peuples ont voté à l’unanimité -ce qui n’était pas facille face à Malte qui préside maintenant l’Union européenne- le transfert du siège de Malte en France, à Marseille, à la Villa Méditerranée».
Et d’en venir au choix de Marseille: «Parce que la France, le Président de la République, le gouvernement, les chambres de notre Parlement, au-delà des choix partisans, comme vous le dites si bien dans votre communiqué, ont voulu que soit affirmé, dans un geste politique majeur, ce que représente Marseille. Comme Barcelone l’a été pour Madrid, Marseille doit être reconnue officiellement pour être la capitale française de la Méditerranée, non pas pour un an dans un domaine ou dans un autre, mais, de manière pérenne par l’éclat de son histoire, sa population, sa volonté d’ouverture et d’accueil si souvent invoquée par son Sénateur-Maire M. Gaudin».
Souligne la pertinence de la Villa Méditerranée: «Parce qu’elle a été inaugurée par le Président du Parlement européen, Martin Schulz, et par les présidents de tous les parlements d’Europe et de Méditerranée en 2013. Parce que depuis 2013 elle a été fréquentée régulièrement par les élus de ces pays qu’il s’agisse de la tenue de leur séance plénière en 2014 ou de la MedCop en 2015 où vous étiez présent. Lors du dernier sommet des ministres des Affaires étrangères le 28 octobre, ces mêmes parlementaires ont été présents à la Villa Méditerranée avec les membres des gouvernements et reçus par les ministres français et marocains des Affaires Etrangères. Ils connaissent donc les lieux».
«Les Etats-Unis se sont donnés un président qui gouverne par messages menaçants pour l’Europe et pour le monde sur Twitter»
Michel Vauzelle effectue alors un tour d’horizon de la situation internationale qui ne prête pas à l’optimisme: «Dans cette période sans précédent, nous sommes tous très inquiets, que nous soyons de droite ou de gauche. Les États-Unis se sont donnés un président qui gouverne par messages menaçants pour l’Europe et pour le monde sur Twitter. La Russie quant à elle n’a démontré ni en Syrie ni en Europe de l’Est une volonté de faire cesser une guerre qui a des conséquences directes sur le terrorisme et notre propre sécurité. Enfin, l’Angleterre a décidé de quitter l’Union européenne. Très inquiets pour l’avenir de l’Alliance Atlantique comme pour l’avenir de l’Europe, il me semble que tout ce qui pourra réduire la violence en Méditerranée est de notre devoir. La guerre au Proche-Orient, la situation en Cisjordanie et à Jérusalem, les violences en Turquie et en Égypte, la guerre encore en Libye et au Sahel, au sud de nos pays amis et voisins, Tunisie, Algérie, Maroc, le terrorisme qui a frappé si atrocement notre pays et bien sûr la ville de Nice, notre ville de Nice, avec une blessure qui ne se refermera jamais, les flux migratoires vers la Grèce et l’Italie et les milliers de morts en mer face aux côtes de l’Europe, le changement climatique qui risque de renforcer encore cette tentation d’émigrer ; tous ces terribles défis ne se règlent pas à Paris, à Berlin ou à New-York. Nous en avons la preuve ces jours-ci. Nous avons tous, comme à Nice, comme à Marseille, à prendre des décisions, quand elles relèvent de nous, pour être à la hauteur des drames et répondre à l’attente de nos concitoyens, surtout en pleine période électorale et donc d’incertitude pour les Français».
Et de conclure son propos: «C’est pourquoi, Monsieur le Président, je vous serais reconnaissant, dès lors que la Région peut compter sur l’État, et j’imagine quel que soit le Président de la République et la future majorité nationale, de nous indiquer si vous comptez sur l’installation de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée pour affirmer le rôle de Marseille, de notre région et de la France. Renforcer Marseille face à Barcelone, renforcer l’influence de la France en Méditerranée, créer un mouvement permanent du monde politique, économique et de la société civile internationale vers Marseille et un bâtiment de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est en soi un geste à la hauteur de la confiance qui nous a été faite. Toutes celles et tous ceux qui ont signé ou vont signer l’appel en ligne «Un Parlement pour la Paix en Méditerranée» croient dans ce rôle à venir de la Villa, parce que cette opportunité est unique et ne se reproduira pas, ni pour Marseille, ni pour la France».
Christian Estrosi, en réponse, rend hommage au travail accompli par Michel Vauzelle pour obtenir cette installation avant d’indiquer: «Je m’engage à accompagner favorablement votre proposition et nos services vont travailler avec ceux de l’Assemblée pour établir un cahier des charges».
Michel CAIRE