Publié le 4 mars 2016 à 10h14 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 22h04
Fin janvier, la nouvelle tombe et fait grand bruit :un astéroïde de 30 mètres de diamètre, suivi par la NASA et appelé 2013 TX68 est annoncé en approche de notre planète Terre le 5 mars. Une info si précise et étant estampillée Nasa ne pouvait faire que grand bruit. Entre suppositions de collision possible et commentaires encore plus alarmants galopant via les réseaux sociaux, et alors même que des scientifiques tentaient de calmer les esprits, de dérapage en dérapage l’affaire tourna presque à l’apocalypse attendue pour ce jour J ! Or on est le 4 mars et tant bien que mal notre chère planète bleue est toujours aussi ronde! Alors que s’est-il passé, des erreurs de calculs sur la trajectoire de cet astéroïde? Sans doute mais bon… encore faut il savoir pourquoi ! Et que se passera-t-il le 8 mars puisque selon les dernières précisions de la NASA ce passage retardé aura bien lieu ce jour-là ? Le point sur ces questions avec l’astrophysicien Michel Marcelin, directeur de recherche au Laboratoire Astronomique de Marseille (LAM).
Quelle explication, Michel Marcelin, peut-on donner de cette annonce « ratée ». Surtout émanant de la Nasa…?
La Nasa avait effectivement prévu le passage de cet astéroïde aux abords de notre planète en mars et la date du 5 avait été donnée comme probable. Or il s’avère que leurs derniers calculs, s’appuyant sur des observations plus récentes, ont permis de préciser sa date d’arrivée : ce sera ce mardi 8 mars. Dès la première annonce et sachant la distance qui séparait cet astéroïde de la Terre, les astronomes faisant fi des rumeurs qui couraient, ont confirmé que 2013 TX68 ne présentait aucun danger pour la Terre. Dans un communiqué, la Nasa vient d’annoncer, avoir revu ses calculs de la trajectoire du géocroiseur qui, in fine, passera au large de notre planète en mars. En astrophysique, il y a tellement d’éléments qui entrent en cause dans les mécanismes qui gouvernent le mouvement des astéroïdes, tant de paramètres qui demandent à être précisés, que ce report ne doit pas être interprété comme un « cafouillage » dans la diffusion de cette première information mais comme un simple décalage dans le temps (3 jours c’est rien du tout)
Vous ne semblez donc pas surpris par ce report …
Parce que ce décalage résulte de l’imprécision que l’on peut avoir sur le suivi des astéroïdes. C’est un phénomène incontestable. Par une formule, on pourrait résumer cette situation : comme les trains, les astéroïdes peuvent avoir un peu de retard. Annoncé pour le 5 mars dans un premier temps, il n’arrivera en fait à proximité de la terre que le 8 mars. Proximité, si c’est le terme couramment employé, n’est pas celui qui convient le mieux ! Maintenant que l’agence spatiale américaine a bien affiné sa trajectoire, on a une meilleure idée de la distance qui, ce 8 mars séparera l’astéroïde 2013 TX68 de la Terre et qui sera de l’ordre de 5 millions de kilomètres.
Alors quel message faire passer pour calmer toute inquiétude …
Dès la première annonce et sachant la distance qui séparait cet astéroïde de la Terre, les astronomes faisant fi des rumeurs qui couraient, ont confirmé que 2013 TX68 ne présentait aucun danger pour la Terre. Admettons qu’il reste une chance infime qu’il s’approche davantage de notre chère planète, la distance, elle, ne descendra pas en tout cas en dessous des 24.000 kilomètres. Ce qui laisse une bonne marge de sécurité ! Pas d’affolement, malgré les rumeurs qui ont pu se propager sur Internet, Marseille n’a rien à craindre ! Commentant ce retard Paul Chodas, du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, a remis une fois encore les pendules à l’heure. « On savait déjà que cet astéroïde 2013 TX68, passerait sans danger près de la Terre, et les derniers travaux le confirment. Quant aux observations et aux données recueillies ce dernier mois, elles donnent elles aussi un meilleur aperçu de la trajectoire de cet astéroïde ». En définitive, les prévisions des experts de la NASA leur permettent d’assurer qu’il n’existe qu’une chance de collision sur 250 millions dans le siècle à venir. « Il n’y a pas de quoi s’inquiéter au sujet de cet astéroïde – sauf si vous vouliez le voir avec un télescope – » a poursuivi le scientifique dans un communiqué. En effet, 2013 TX68 sera un peu plus loin que ce que les astronomes espéraient, ce qui le rendra plus difficile à observer…
Propos recueillis par Christine LETELLIER
Vous avez dit astéroïde?
C’est en découvrant entre Mars et Jupiter des milliers de petits corps rocheux irréguliers que le nom d’astéroïdes leur a été donné. Certains, comme le souligne Michel Marcelin, ont 100 km à 200 km de diamètre – le plus gros, Cérès, approche même les 1000 km – tandis que d’autres ne sont que de tout petits cailloux. Les astéroïdes sont-ils les débris d’une planète qui a explosé un jour ? Plus vraisemblablement, il s’agirait plutôt d’une planète qui ne s’est jamais formée. On pense en effet que lors de la formation du système solaire, tourbillonnaient des milliards de cailloux mélangés à du gaz et de la poussière autour du Soleil naissant ; les cailloux les plus gros attirant à eux, sous l’effet de la gravitation, poussières et cailloux plus petits, ainsi se constituèrent des planètes. Mais la présence de la grosse planète Jupiter a probablement empêché la formation d’une planète entre elle et Mars, laissant ainsi tous ces cailloux former une sorte de ceinture que l’on a baptisée « la ceinture d’astéroïdes ».
La plupart étant de petite taille, ils n’apparaissent que comme des points, même si on les observe avec les plus gros télescopes, explique cet astrophysicien. Mais cela n’empêche pas de déterminer leur orbite avec suffisamment de précision pour savoir s’ils constituent une menace pour la Terre. C’est le cas des astéroïdes dont l’orbite croise celle de la Terre. On les appelle les géocroiseurs et on en connait actuellement plus de 10 000 dont un millier a une taille supérieure à 1 kilomètre et pourrait donc menacer l’humanité s’il venait à percuter la Terre! Mais, pas d’inquiétude, tous ces gros astéroïdes font l’objet d’une surveillance autant par les agences spatiales américaines qu’européennes.