Publié le 22 mars 2016 à 22h19 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
C’est au tour de Bruxelles de pleurer des larmes de sang. Une fois encore, les frappes ont été tout aussi aveugles, criminelles, qu’imbéciles. Aujourd’hui l’absurde a laissé une nouvelle fois, exploser sa haine; tuant, au hasard ceux qui avaient le malheur de passer par là, au mauvais moment. Et peu importe leur âge, profession, croyance ou non croyance. Rien de neuf sous le soleil de Satan, nous ne sommes là confrontés qu’à un remake du «Tuer les tous, Dieu reconnaîtra les siens», d’Arnaud Amalric, lors de sa croisade contre les Cathares. Oui, la tentation a toujours été grande dans les religions du livre de s’approprier les textes, de pervertir sa religion pour assouvir une soif de pouvoir. Et pour cela, la mort, la haine, la division ont toujours été des atouts. Dieu reconnaîtra les siens ? Peut-être, mais surtout, il s’agit de compter ses troupes, les siens. En face aussi il en est pour jouer, capitaliser sur la peur, jouer sur les rejets de faciès, le racisme, l’islamophobie… Sachant que l’antisémitisme n’est jamais loin. Alors, retournons au texte, au Coran en l’espèce, on trouve la Sourate 5, 32 : « (…) Celui qui tue un homme, c’est comme s’il tuait toute l’humanité. De même celui qui le sauve, c’est comme s’il sauvait tout le genre humain (…) « . Faut-il le rajouter, ce texte vient directement de la Torah. Arrive la sourate 5.48, un hymne à l’autre précieux : « Si Allah l’avait voulu, il aurait fait de vous une communauté unique. Toutefois il ne l’a pas fait, afin de vous éprouver en ce qu’il vous a donné. Devancez-vous donc mutuellement dans les bonnes actions. Vous retournerez tous vers Allah et il vous éclairera sur le sens de vos différences« . Alors, décidément l’Islam n’a rien à voir avec cette histoire. Alors, à l’heure du grand tout, de la mondialisation, difficile de dire que « l’enfer c’est les autres ». C’est à nous tous qu’il revient de nous interroger : «Quand on a que la mort…» pourquoi ce nihilisme? Pourquoi des gens au bord du chemin, pourquoi une inculture, un mal d’être, une ignorance d’hier qui conduit à le détruire tel le temple de Baalshamin dans la ville antique de Palmyre. Le rêve du dictateur, avoir à faire à des êtres sans culture, sans histoire, sans passé, sans présent, sans demain. C’est là sa force dans un premier temps, c’est là, toujours, sa défaite. Alors ne pas oublier, si la tentation islamophobe se fait sentir ce serait la plus éclatante victoire de Daech, se remémorer, si nécessaire que Ibn Arabi (1165-1241) avait écrit : «Que de saints bien-aimés dans les synagogues et les Églises ! Que d’ennemis haineux dans les rangs des mosquées!». Dans les trois religions, mais aussi chez certains laïcs, il serait bon de méditer la sagesse du propos, d’inverser la proposition, de regarder sa poutre. Et, surtout, de cultiver l’empathie. Alors, sans avoir rien, que la force d’aimer…
Michel CAIRE