Publié le 19 octobre 2020 à 23h01 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h14
Il étaient près d’un millier à marcher ce dimanche après-midi à Marseille, du Vieux Port à la préfecture en mémoire de Samuel Paty. C’est par une minute de silence que la manifestation a commencé suivie par une minute d’applaudissements et la lecture des textes communs des organisations syndicales d’enseignants. De nombreux élus ont participé à la manifestation au premier rang desquels Michèle Rubirola, la maire de Marseille.
Caroline Chevé, secrétaire académique du Snes-FSU Aix-Marseille revient sur le sens de cette manifestation: «Cet attentat a touché le corps enseignant et, plus largement ce sont l’école et la société qui sont frappées. Cette manifestation répond à un besoin de recueillement mais aussi à un besoin de se retrouver pour dire notre détermination et notre révolte face à toutes formes d’obscurantisme et de violence cherchant à faire taire le travail que l’on doit accomplir avec nos élèves». Caroline Chevé est par ailleurs enseignante dans un lycée des quartiers Nord de Marseille, elle raconte: «L’immense majorité de nos élèves vient apprendre, entre volontiers dans le travail réflexif et c’est important de le dire». Entretien. caroline_cheve_17_10_20.mp3Michèle Rubirola, la maire de Marseille, exprime toute son émotion, indique: «Nous sommes là pour exprimer nos condoléances à la famille et aux proches de Samuel Paty, montrer notre solidarité avec les enseignants, l’école, défendre la laïcité qui permet de faire citoyenneté…». michele_rubirola_maire_de_marseille_17_10_20.mp3
Le général Galtier, élu LR des 13/14 exprime sa solidarité: «Je suis là, comme je peux l’être pour les policiers ou les gendarmes. Le corps enseignant, est un pilier de notre République, il importe de le défendre et de lui exprimer toute notre solidarité». La sénatrice PS Marie-Arlette Carlotti apporte son soutien au monde éducatif: «Il est au cœur de la laïcité, de la République qui ne sont plus, aujourd’hui,des évidences mais qui sont redevenus des combats à mener». Le député LREM Saïd Ahamada participe à la manifestation «en tant que citoyen». Il constate: «Souvent, dans les quartiers dits « difficiles » l’école est le dernier représentant de la République. Il faut prendre conscience de la situation, se parler, faire bloc. Il faut mesurer les régressions subies. J’ai connu, jeune, une mixité qui n’existe plus aujourd’hui. Alors j’espère que le vivre-ensemble va reprendre corps et pas seulement dans les beaux quartiers».
Pour Pierre-Marie Ganozzi, professeur d’Histoire-Géo, adjoint à la maire de Marseille en charge du Plan école et bâti scolaire: «Cet attentat ignoble vise le droit à l’éducation, le droit des enfants. Et, en s’attaquant au droit à l’éducation, c’est à l’avenir de la jeunesse, de la Nation que l’on se prend». Ce drame vient de se produire mais, «le ver est dans le fruit depuis longtemps et il n’y a pas eu assez de réactions lorsqu’il aurait fallu. Maintenant il n’est plus l’heure de mettre la poussière sous le tapis mais d’aborder les vrais sujets avec les élèves. L’Éducation nationale est là pour confronter, secouer les idées toutes faites. Et, pour qu’il en soit ainsi, il faut que l’Éducation nationale nous soutienne…». Entretien. pierre_marie_ganozzi_adjoint_et_prof_17_10_20.mp3
Karine, 32 ans, enseignante en REP+ dans les quartiers Nord ne cache pas sa colère: «Nous sommes nombreux à être là pour rendre hommage à un homme victime d’un acte ignoble, mais nous sommes aussi là pour dire que nous avons la sensation que l’Éducation Nationale ne nous protège pas. On se sent seuls, oubliés, nous ne nous sentons pas écoutés. Nous dénonçons le manque de moyen, de personnel et les classes surchargées..». Entretien. karine_enseignante_en_rep_quartiers_nord.mp3 Michel CAIRE (rédaction) et Mireille BIANCIOTTO (son)