Attentat terroriste contre Charlie Hebdo : Plusieurs milliers de personnes rassemblées à Marseille

Publié le 7 janvier 2015 à  23h30 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h35

Plusieurs milliers de personnes ont investi le Vieux-Port à Marseille en solidarité avec Charlie Hebdo (Photo Robert Poulain)
Plusieurs milliers de personnes ont investi le Vieux-Port à Marseille en solidarité avec Charlie Hebdo (Photo Robert Poulain)
No Comment (Photo Philippe Maillé)
No Comment (Photo Philippe Maillé)

Les réseaux sociaux ont fonctionné toute la journée et, à 18 heures, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se sont rassemblées sur le Vieux-Port, à Marseille. Anonymes et personnalités se sont retrouvés côte à côte pour un moment d’émotion, de recueillement, avant que des bougies ne s’éclairent, que des applaudissements crépitent, que des cris s’élèvent : «Charlie, Charlie», l’émotion est palpable, des larmes coulent.

«Nous vivons un grand moment d’ignominie»

Thierry Fabre est le fondateur des rencontres d’Averroès, il est actuellement le responsable du département du développement culturel et des relations internationales du Mucem. Pour lui : «Nous vivons un grand moment d’ignominie, on s’en est pris à des gens qui sont dans la liberté de pensée. Peut-être en même temps vivons nous l’acte un d’un mouvement de résistance comme l’indique la formule du poète Hölderlin: « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ». Alors, après trois ans d’inertie face aux tragédies en cours en Syrie, en Irak, là où se trouve la bête immonde et que l’on foute la paix à la communauté musulmane de France».

«Il ne faut surtout pas tomber dans l’islamophobie que connaît mon pays, l’Allemagne»

Ulrich Fuchs a rejoint Marseille à l’occasion de MP2013 dont il était le directeur général adjoint. Il est présent au rassemblement : «Venir ce soir est un geste dérisoire, mais que faire ? Les mots même manquent pour exprimer ce que l’on ressent. Nous sommes face au 11 septembre de la presse libre en Europe. Mais, dans le même temps, il faut garder son calme. Il ne faut surtout pas tomber dans l’islamophobie que connaît mon pays, l’Allemagne où heureusement, les contre-manifestants sont plus nombreux que les anti-islam».
Samir 27 ans fait partie du mouvement « coexister », qui regroupe juifs, chrétiens, musulmans, agnostiques, athées et qui s’inscrit dans le dialogue interreligieux pour le vivre ensemble. «Avec cet attentat, je me dis que ce n’est pas possible. Qu’est-ce que vous êtes en train de faire? Pour qui vous vous prenez et au nom de quoi ? Ils peuvent utiliser tous les arguments qu’ils veulent, je peux me baser sur le même texte et leur dire « ce que vous faites c’est de la connerie ». Aujourd’hui, ce que je regrette c’est que ce genre de personnes est influencé, se radicalise, ne réfléchit pas. Et, je regrette que les médias n’aient pas relayé un collectif de 150 savants musulmans qui se sont réunis pour condamner al-Baghdadi. Ils se sont adressés à lui directement pour lui dire « ce que tu fais c’est contre notre religion ». Aujourd’hui en tant que citoyen français musulman, je combats le radicalisme, l’ignorance. Même si je ne suis pas toujours d’accord avec Charlie Hebdo, je ne vais pas sortir des armes.»

«Nous, les Kurdes nous sommes bien placés pour connaître le degré de barbarie dont ces gens sont capables»

Salih est membre de l’association Kurde de Marseille. Il rappelle: «Nous, les Kurdes nous sommes bien placés pour connaître le degré de barbarie dont ces gens sont capables. Nous avons sans cesse répéter le danger qu’ils représentent pour la démocratie. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à nous faire entendre. Ce qui s’est passé en plein cœur de Paris se passe régulièrement en Syrie, en Irak au Kurdistan. Je crois qu’il est temps que chacun prenne ses responsabilités au niveau du gouvernement, des partis politiques et des citoyens pour dire stop à la barbarie ici et ailleurs. Ceux qui se lancent dans la barbarie doivent être condamnés comme il se doit. En tant que Kurdes je crains que ces gens ne s’arrêtent pas là. J’ai regardé les images de cette tuerie cela me fait dire que les auteurs ne sont pas de simples militants mais des militaires expérimentés qui agissent avec un sang froid qui dépasse l’imagination.»

«Chaque fois que l’on assassine une liberté, il faut utiliser le mot résister»

Mireille ne cache pas sa tristesse: «Ce soir la barbarie semble avoir marqué un point mais il ne faudra pas céder. Il faut tracer les traits du dessin plus épais encore. Chaque fois que l’on assassine une liberté, il faut utiliser le mot résister. Et dire que l’on n’est pas d’accord ce n’est pas une insulte, c’est être un ami.»
Une jeune femme avoue: «Je suis horrifiée. C’est terrible que, d’humain à humain, on puisse se faire de telle chose. C’est n’importe quoi, le monde est fou. Je suis là pour dénoncer ce crime horrible mais aussi pour dire non à l’amalgame avec les musulmans». François est médecin. Il ne cache pas son émotion. «C’est notre patrimoine qui est partie en fumée»
Marie-Josée est anéantie: «La liberté d’expression que l’on a voulu museler depuis quelques temps meurt avec Charlie Hebdo». Christelle est là : «pour exprimer l’horreur qu’elle éprouve face à l’attentat de Charlie Hebdo», au-delà elle avance: «Je suis de tout ce qui peut être fait pour la liberté et l’unité de la République.»
Dans la foule des pancartes sont brandies on peut y lire «Je suis Charlie»; «Ni dieu Ni maître, vive le grand Duduche»; «Pour la liberté de la presse et contre l’islamophobie»
Michel CAIRE et Patricia MAILLE

Des personnalités politiques dans la manifestation

Michel Vauzelle, le président socialiste de la région Provence-Alpes Côte d’Azur est présent au rassemblement : «Il est impossible de ne pas être là lorsque l’on est président d’une région méditerranéenne, lorsque l’on est député de la République car, lorsque la profession de journaliste est touchée au cœur c’est la liberté d’expression qui est attaquée, c’est la République, la France, qui sont touchées ».
Eugène Caselli (PS), conseiller municipal, conseiller communautaire, ex-président de MPM: «Je suis ici pour défendre une idée de la liberté d’expression, la liberté de la presse, la démocratie, le vivre-ensemble dans ce pays. Je suis là pour affirmer, avec d’autres, que, quelle que soit notre origine, notre religion, nous sommes tous unis contre ceux qui veulent terroriser une grande démocratie dans laquelle on a l’habitude de dire ce que l’on pense».
Pour Alain Hayot, conseiller régional Front de Gauche : «Il y a une absolue nécessité à être là parce que, face à la barbarie, à la terreur, il est hors de question de baisser les bras. Et il ne faut rien céder sur nos valeurs. Pas question donc de chercher des boucs émissaires. Notre credo c’est Liberté, Égalité, Fraternité. Nous venons de vivre un événement de l’ampleur du 11 septembre mais nous ne sommes plus en 2001 et l’esprit de résistance est là. Nous vivons peut-être le point de départ d’un grand rassemblement pour, ensemble, construire une autre société».
Bernard Morel, vice-président de la Région indique : «Je suis là parce que j’avais besoin d’être quelque part avec des gens qui, de Droite ou de Gauche, partagent avec moi les mêmes idéaux de la République. Mon émotion est d’autant plus grande que Cabu, Wolinski représentent ma jeunesse. Ce soir, dans nos différences, nous sommes réunis pour dire non à inacceptable».
Daniel Hermann (UMP), conseiller communautaire de MPM est présent «par solidarité avec Charlie Hebdo. Même si je ne partage pas toutes ses opinions, je ne peux qu’être là ce soir».
M.C.

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