Publié le 13 novembre 2016 à  21h36 - DerniÚre mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h31
Le 13 novembre 2015, il y a un an…
Tout Ă coup lâhorreur, Paris est attaquĂ©, tombent sous les coups des anonymes, des gens de la vie de tous les jours, parmi eux, il en est qui croyaient au ciel, dâautres qui nây croyaient pas. « Et leur sang rouge ruisselle – MĂȘme couleur mĂȘme Ă©clat – Celui qui croyait au ciel – Celui qui nây croyait pas », disait Aragon, appelant Ă lâunion de la rĂ©sistance, cĂ©lĂ©brant les rĂ©sistants Gabriel PĂ©ri, HonorĂ© dâEstienne dâOrves, Guy MĂŽquet, Gilbert Dru…
Ceux qui sont tombĂ©s dans la nuit du 13 au 14 novembre, sont des hĂ©ros anonymes du quotidien. Ils tombent parce quâils sont allĂ©s au restaurant, au spectacle, parce quâils Ă©taient Ă Paris, parce quâils Ă©taient au mauvais endroit au mauvais moment. Avec ces attentats, nous apprenons que, quel que soit le lieu, quel que soit le moment, il peut toujours ĂȘtre le dernier. Daesh en a dĂ©cidĂ© ainsi.
Et câest la guerre ou plutĂŽt une guerre, quotidien de lâIrak, de la Syrie, qui pousse sa corne jusquâen France. Qui tue, aveuglement, salement… Une guerre qui impose des combats ; une aide accrue Ă ceux qui, tels les Kurdes, luttent sur le terrain, en Irak, en Syrie. Cela impose une rĂ©sistance, ici, partout, contre Daesh, mais aussi contre toutes les formes de racisme et dâantisĂ©mitisme, contre les tentations de repli sur soi, de rejet de lâAutre, contre lâislamophobie. Il ne faut, en effet, pas tomber dans le piĂšge tendu par les terroristes, visant Ă faire des musulmans des boucs Ă©missaires. Des musulmans qui sont les premiĂšres victimes de ce mouvement qui exploite, pervertit, trahit, une religion Ă ses propres fins, son propre dĂ©lire totalitaire.
Guerre, rĂ©sistance, on ne peut oublier que, pendant les combats, la RĂ©sistance forgeait en mĂȘme temps un projet politique, un nouveau pacte social. Câest sur les failles, les mal-ĂȘtre, que Daesh distille son poison, sa haine, crĂ©e des bĂ©ances. Face Ă cela la rĂ©ponse doit ĂȘtre sĂ©curitaire, militaire mais, surtout, elle doit ĂȘtre politique en sâappuyant sur cette communautĂ© de destin quâest la MĂ©diterranĂ©e. Civilisation, barbarie, lâenjeu est lĂ , et la civilisation ne peut lâemporter que si chacun est conscient que la barbarie nâest pas que chez lâAutre ; un Autre dans lequel on mĂȘlerait le bourreau et la victime. LâĂ©ducation, lâespoir dâune vie meilleure, sont les plus efficaces des armes ; libertĂ©, Ă©galitĂ©, fraternitĂ©, la plus belle des rĂ©ponses au « viva la muerte » de tous les totalitarismes, les sectarismes.
Michel CAIRE