Publié le 10 janvier 2019 à 0h45 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h43
«Quatre ans après les attentats de janvier 2015, à Charlie Hebdo, à Montreuil et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, le combat contre tous les extrémismes doit se poursuivre et s’amplifier», tel est le sens du message que vient de lancer la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation.
Seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact et accessible au public, le Camp des Milles est aujourd’hui un musée d’Histoire et des Sciences de l’Homme innovant et unique en France. S’appuyant sur son histoire, il permet de comprendre comment les discriminations, les racismes, l’antisémitisme et les extrémismes peuvent mener au pire. Et pour la première fois sur un lieu de mémoire, sont apportés des repères pluridisciplinaires et des clés de compréhension scientifiques qui peuvent aider à agir au présent contre ces intolérances. Un lieu citoyen, résolument tourné vers l’enseignement de la fraternité, le vivre ensemble et le respect de l’autre. La Fondation ne manque pas d’évoquer, à l’occasion du quatrième anniversaire à Charlie Hebdo, à Montreuil et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, alors que les périls extrémismes ne cessent de croître, Sebastian Haffner qui écrivait à propos de l’Allemagne en 1932 : «Attente engourdie de l’inéluctable auquel on espère jusqu’à la dernière minute échapper». La Fondation rappelle : «Quatre ans après les attentats de janvier 2015, à Charlie Hebdo, à Montreuil et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, le combat contre tous les extrémismes doit se poursuivre et s’amplifier. Les extrémismes expriment d’année en année leur potentiel explosif avec leur cortège de violences, d’atteintes aux libertés, de racisme et d’antisémitisme. L’histoire connaît bien de telles situations. Ainsi, les analyses et décryptages scientifiques présentés au Camp des Milles nous éclairent sur les étapes d’engrenages connus et dangereux pour les droits et libertés démocratiques. Ils nous montrent qu’aujourd’hui plusieurs étapes ont été franchies, annonçant des lendemains difficiles pour la démocratie. Dans une France et une Europe bousculées, se mettent de nouveau en place, sur un fond de déstabilisations sociétales profondes, tant de crispations – religieuses, nationalistes ou politiques – tant de haines semblables à celles déjà vécues que des démagogues et des provocateurs s’emparent déjà des affects et des émotions, des colères et des peurs, souvent légitimes. Devant cette actualité qui s’entrechoque avec les leçons du passé, il est nécessaire de dire haut et fort : « On ne joue plus ! » Mais à qui ? À ceux qui ne savent même pas qu’ils jouent avec le feu des engrenages criminels ? À ceux qui se donnent toutes les raisons de se retirer du jeu ? À ceux qui attendent de savoir qui va gagner la partie ? À tous ceux plutôt, la grande majorité des honnêtes hommes et femmes, qui n’ont aucune envie de croire le pire possible, qui sont comme sidérés par ce qu’ils entrevoient des processus en cours, mais dont les valeurs, les analyses et plus encore la conscience morale commencent à imposer leurs voix intérieures plus lucides et plus courageuses ? Sebastian Haffner écrivait à propos de l’Allemagne en 1932 : « Attente engourdie de l’inéluctable auquel on espère jusqu’à la dernière minute échapper. Lente approche de la catastrophe (…). Vivant la même apathie que des millions d’autres individus, je laissais venir les choses. Elles vinrent ». La vigilance et la responsabilité s’imposent plus que jamais. Collectivement et individuellement, nous pouvons nous mobiliser en nous appuyant sur le fait que la grande majorité rejette encore les extrêmes et que l’implication des citoyens est la meilleure manière de consolider, de renouveler et d’approfondir la démocratie, son adaptabilité, et surtout son efficacité pour la réalisation de ses valeurs, de la justice sociale en particulier. Ce sera un long « bras de fer » entre le pire et le meilleur de l’Homme. Il n’est jamais gagné d’avance. Jamais perdu non plus. À nous tous, citoyens, de le mener.»