Au Grand Théâtre de Provence – Waldman-Levinas, duo gagnant pour Beethoven

Publié le 4 octobre 2021 à  21h25 - Dernière mise à  jour le 1 novembre 2022 à  16h35

L’année dernière, Debora Waldman prenait la direction musicale de l’Orchestre d’Avignon-Provence devenu « National » quelque temps auparavant. Deux événements à la notoriété estompée pour cause de crise sanitaire. C’est donc avec grand intérêt que les mélomanes ont répondu à l’invitation du Grand Théâtre de Provence afin d’entendre cet ensemble sous la direction de celle qui est devenue la première femme à la tête d’un orchestre permanent français.

Aux saluts samedi soir au Grand Théâtre de Provence, Michaël Levinas et Debora Waldman ©DR
Aux saluts samedi soir au Grand Théâtre de Provence, Michaël Levinas et Debora Waldman ©DR

Le programme, alléchant, était composé de l’ouverture «L’Irato » de Méhul, du concerto pour piano n°3 de Beethoven avec Michaël Levinas en soliste et de la symphonie n°1 de Louise Farrenc. Louise Farrenc dont l’œuvre ressurgit presque un siècle et demi après qu’elle ait quitté ce monde. Sa musique, riche et puissante, sensible et généreuse, nous l’avions découverte à Aix-en-Provence en février 2012, au Théâtre du Jeu de Paume, où le flûtiste Philippe Bernold et son ensemble avaient donné ce sommet de la musique de chambre qu’est le «Nonette pour cordes et vents op.38». Plus près de nous, l’été dernier, le directeur musical de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, Duncan Ward, avait programmé sa «Symphonie n°3» parfaitement servie par les jeunes instrumentistes méditerranéens.

Couleurs d’orchestre

Avec passion, Debora Waldman a livré une lecture soignée de la partition de cette Symphonie n°1 où les influences de Haydn, revendiquées par la compositrice, et Mendelssohn sont perceptibles. Une œuvre échevelée, mais superbement construite, qui offre à tous les pupitres la possibilité de se mettre en valeur ; ce que les musiciens avignonnais ne se sont pas privés de faire avec des cordes omniprésentes, soyeuses, souples et précises, des vents élégants au sein desquels la flûte de Yaeram Park fait merveille, des cuivres étincelants et les timbales toujours maîtrisées d’Hervé Catil. Une superbe interprétation saluée comme il se doit par un public conquis. L’occasion pour Debora Waldman de faire applaudir la partition de Louise Farrenc. Logique et bienvenu lorsqu’on sait que la maestra n’a de cesse de mettre en avant les compositions féminines. Signalons qu’un ouvrage, «La Partition oubliée», retraçant son travail autour de la «Symphonie Grande Guerre» de Charlotte Sohy, exhumée par elle-même, vient d’être publié chez Robert Laffont.

Levinas inspiré

En première partie du concert, après une délicate mise en bouche signée Méhul, C’est le concerto pour piano n°3 de Beethoven qui composait le plat de résistance. Il faut dire que la présence de Michaël Levinas comme soliste était en soi un événement, les occasions d’apprécier le pianiste étant peu fréquentes dans la région. Un moment heureux avec une belle complicité et un dialogue fructueux entre l’orchestre et le piano sous la baguette de dame Waldman. Inspiré, dynamique et limpide, le jeu de Michaël Levinas a été mis en valeur par un orchestre sensible qui, sans être en retrait, a parfaitement su donner sa partie avec équilibre. De quoi enthousiasmer la salle qui a attendu, en vain, un bis du soliste. Peut-être que Michaël Levinas en donnera un le 14 octobre à Avignon ou ce même programme sera proposé à l’Opéra. Une chose est certaine, avec ou sans bis ce concert devrait valoir le déplacement…
Michel EGEA
Pratique. Le même programme sera donné le 14 octobre prochain à 20h30. Billetterie ouverte de 10h à 17 heures. Renseignements et réservations par téléphone au 04 90 14 26 40. Plus d’info: operagrandavignon.fr

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