Publié le 25 juillet 2023 à 19h24 - Dernière mise à jour le 4 août 2023 à 2h26
On a déjà dit ici tout le bien que l’on pensait d’Alexandre Cordier en tant qu’auteur de la pièce « Diego ». Il est aussi l’écrivain d’un dyptique, le lecteur d’une pièce travaillée dans le Off, et ajoutons qu’il sera l’assistant de Christophe Honoré sur son prochain spectacle « Les doyens » . Rencontre avec un surdoué des planches et de l’écriture.
Parcours sans faute que celui d’Alexandre Cordier. Conservatoire de Genève, école Claude Mathieu à Paris, stage au hall de la chanson qui est une école de chanson dont la marraine était Anne Sylvestre, (il chantera de l’artiste aujourd’hui disparue « Un mur pour pleurer »), il écrira assez vite des spectacles. Le premier qui ouvre les portes d’un dyptique s’appelait « 10805 maux »
Créé aux « Déchargeurs » à Paris c’est, dit-il : « Une pièce en forme de jeu de massacre où se croisent et s’affrontent questionnements politiques, désirs individuels et espérances professionnelles. Ce raccourci évoque une jeunesse qui peine à trouver sa place dans la société d’aujourd’hui. » Il résume ainsi la pièce : « Ils sont quatre. Deux garçons et deux filles. Ils viennent d’horizons différents, ont des histoires familiales divergentes, un background qui, avec leur approbation ou en dépit d’eux, les a façonnés. Étudiants aux Beaux-Arts, ils ont formé un groupe, uni leurs aspirations et leurs rêves pour accéder à la reconnaissance. Ce soir-là, justement, c’est la consécration attendue. Le Tout-Paris de l’art se trouve rassemblé pour voir leur travail. mais l’un d’eux, d’un coup, sur une impulsion, « disjoncte » et commet l’irréparable, qui provoque la fuite des invités et l’arrêt de la soirée. Les règlements de compte -en 10 805 mots qui sont autant de maux- vont faire apparaître les failles et les fractures de l’entité commune qu’on regroupe sous le nom de « jeunesse » ». Aimant évoquer les questions de perte, Alexandre poursuit son écriture en ayant pour objectif de faire des spectacles traitant de la foi, de la responsabilité, et confie-t-il : « Quand je commence un projet, c’est pour moi une aventure humaine. »
Lecture dans le Off de la pièce de Jean-Pierre Hané « Dans les yeux de l’ange »
Aussi n’est-on pas surpris de l’avoir vu ce dimanche 23 juillet au Théâtre des Vents d’Avignon participer, dans le cadre du Off 2023, à la lecture de la pièce de Jean-Paul Hané « Dans les yeux de l’ange » aux côtés de Maxence Seva et de l’auteur lui-même. Thomas (Maxence Seva) jeune délinquant, condamné à mort en Juillet 1976, vit ses dernières heures dans sa cellule. Il est résigné et replié sur lui-même. Gabin, (Jean-Pierre Hané) son gardien bienveillant, tâche d’adoucir ses derniers jours. Un visiteur de prison, (Alexandre Cordier) jeune séminariste, en révolte et touché par le sort de Thomas, est persuadé qu’il peut sauver l’âme du jeune garçon. S’engage alors une course contre la montre pour amener la paix à l’âme captive. « J’incarne un jeune séminariste qui a de la passion pour l’humain, et s’il a une attirance et du désir pour le prisonnier, il ne cèdera pas à la tentation, et y renonce par foi en l’humanité, et par sa croyance. C’est une œuvre magnifique proche d’une pièce de Paul Claudel », explique Alexandre Cordier avant de préciser que « cette aventure théâtrale est née d’une rencontre avec Jean-Pierre Hané qui était venu voir avec Maxence ma pièce « 10805 maux » donnée aux Déchargeurs. On est devenus amis, et Jean-Pierre nous a proposé de devenir comédiens sur sa pièce « « Dans les yeux de l’ange » que nous espérons jouer à Paris à l’automne et que nous avons rôdé en lecture dans le off d’Avignon où nous avons été formidablement accueillis au théâtre des Vents par Claire Ruppli et Stéphane Roux. »
Assistant de Christophe Honoré sur « Les doyens » son nouveau spectacle
Fourmillant de projets, Alexandre Cordier qui aime les aventures humaines va être en la matière royalement servi puisqu’il sera l’assistant à la dramaturgie de Christophe Honoré sur son nouveau spectacle intitulé « Les Doyens » où joueront entre autres Jean-Claude Clichy et Julien Honoré. Les Doyens ? que l’on pourra voir à Nice en décembre 2023 ? est un spectacle-conférence animé par deux professeurs délirants pensant avoir raison sur tout, dévoilant sans vergogne leurs piètres talents d’éducateurs. À partir de grands textes et de références littéraires, de traités bien connus des adultes mais aussi de références plus proches des enfants, Christophe Honoré vient solliciter leur sens naissant de l’ironie et leur rapport à l’autorité. Mais explorons plus en détail cette pièce.
Sur scène, deux hommes sans âge qui prétendent être là depuis toute une éternité et avoir très bien connu tous les personnages historiques dont ils brodent leurs discours. Ils sont péremptoires, autoritaires, paternalistes et ils ont décidé d’utiliser le temps de la représentation pour refaire urgemment l’éducation du public d’enfants qui leur fait face. Leurs sermons sont exagérés, ridicules, provocateurs, mais parfois ils sont aussi vrais, documentés, intéressants. Plus ils affirment savoir, moins on les croit. Et se met alors à régner une irrésistible envie de les contredire, de les faire taire.
Pour Alexandre Cordier, « Un bon metteur en scène c’est quelqu’un capable d’articuler un propos en images et en sons. Qui possède une idée dramaturgique de la scène, car c’est la dramaturgie qui crée un rythme de spectacle. Qui est capable aussi de travailler avec le réel. Christophe Honoré a prouvé depuis longtemps qu’il est un de ces créateurs-là » On ajoutera qu’Alexandre Cordier aussi…
Jean-Rémi BARLAND
