Avignon. Théâtre La Scala Provence. Noëmi Waysfeld chante Barbara ce jeudi 7 novembre

Noëmi Waysfeld chante Barbara accompagnée par l’Orchestre National Avignon Provence dirigé par Deborah Waldman ce jeudi 7 novembre à 20 heures au Théâtre la Scala Provence à Avignon. Et, elle a dans ses bagages un album consacré aux plus beaux titres de «la longue dame brune».

Destimed Noemi Waysfeld Photo Marc de Pierrefeu K
Noëmi Waysfeld : « Barbara a toujours été une alliée dans ma vie et dit exactement ce que j’aurais aimé dire. Elle nous répare. » (Photo Marc de Pierrefeu)

« Les chansons de Barbara sont celles que j’aurais aimé écrire »

Une voix singulière, imprégnée de diverses influences musicales, navigue entre jazz, musique classique et traditions. Telle est la particularité de Noëmi Waysfeld qui avec l’ensemble Noëmi Waysfeld & Blik, explore le répertoire populaire et enregistre trois albums acclamés. Artiste éclectique, elle s’aventure également dans le tango et collabore avec des artistes de renom comme l’Ensemble Contraste et l’Orchestre philharmonique royal de Liège. Son album, Soul Of Yiddish (2021), fusionne ses inspirations musicales avec brio.

Passionnée par la musique classique, elle crée des spectacles et des enregistrements uniques, notamment autour du Voyage d’Hiver de Franz Schubert avec le pianiste Guillaume de Chassy. Elle forme également un trio vocal et violoncelles. Passionnée par la création, elle collabore avec le compositeur Fabien Cali pour un cycle de mélodies inspirées par Ronsard, ou également le compositeur Jean-Marie Machado. Signant avec Sony Classical, son premier album sous ce label, Le temps de rêver (2023), met en musique des poèmes de grands auteurs français, accompagnée du Quatuor Dutilleux et du pianiste David Kadouch. Et voilà que sort ce 8 novembre cet album « Noëmi Waysfeld chante Barbara » arrangé par Fabien Cali, en collaboration avec l’Orchestre National Avignon Provence et sous la direction de Débora Waldman.

Un projet délicat mené avec maestria

Chanter Barbara en reprenant sur disque et en scène ses plus grandes chansons est le genre de projet artistiquement très délicat à réaliser, tant on peut se voir taxer d’imitation sommaire de la longue dame brune ou alors de trahison éhontée. Noëmi Waysfeld est trop intelligente pour être tombée dans le piège. Le résultat est assez magique, et demeure le fruit d’un long travail de réflexion et de maturation. « Barbara je l’ai toujours écoutée, explique Noëmi Waysfeld.  Le vinyle « Barbara chante Barbara » tournait en boucle à la maison, parmi les sonatinas de Schubert et les chants de prisonniers sibériens. Je la reprenais sans la comprendre, sa voix était toujours celle d’une retrouvaille, rappelant la maison et le quotidien. Lorsque j’ai commencé à chanter, ce qui revenait régulièrement, c’était que mon endroit était celui de « la voix de l’émotion ». Le public souvent me demandait : « et vous chantez Barbara ? » Naturellement je la fredonnais, naturellement je me suis mise à la chanter.»

« Peu à peu, poursuit-elle : « J’ai inclus ses chansons dans mes programmes Je savais qu’un jour ce serait un disque entier – je ne savais pas que ce serait dans la foulée de mon dernier album « Le temps de rêver », et cela aujourd’hui me semble si cohérent : le français, ma langue maternelle qui prend définitivement sa place dans mon espace vocal, et après avoir interprété la mélodie française et la grande chanson du début du siècle, c’était le moment de Barbara. Alors, quand Fabien Cali à la sortie de la création de son cycle « Cueillir le jour » m’a proposé d’orchestrer Barbara pour ma voix avec orchestre j’ai tressailli. Quelle communion plus grande pour une chanteuse que d’être entourée par tant de musiciens, tant de timbres, et que dans un même souffle, le chant jaillisse. Fabien Cali et toutes les musiques qu’il porte en lui, son écriture si intuitive de la voix, mais tout autant exigeante, son regard contemporain… quel projet irrésistible et quel cadeau. Et voici une Barbara de mille feux qui surgit, une flamboyance nouvelle. Chanter Barbara, ça touche à l’expérience du sublime, sans jamais aucune grandiloquence. Les chansons de Barbara sont celles que j’aurais aimé écrire. Barbara  a toujours été une alliée dans ma vie, et dit exactement ce que j’aurais aimé savoir dire. Elle nous répare. Elle parvient, avec des mots si simples et des mélodies si limpides, à raconter l’imperceptible et la faille.»

Ainsi peut-on entendre sur l’album seize titres dont «L’aigle noir », « Göttingen » et « Ma plus belle histoire d’amour ». Que des classiques et peu de surprises si ce n’est « Ma maison » écrite par François Wertheimer que Barbara a mise en musique en 1973, ou « Le sommeil » datant de 1968 le tout servi avec élégance sans fioritures avec beaucoup de grandeur d’âme.

« La dame brune » avec Maxime Le Forestier

Et puis il y a ce duo magnifique avec Maxime Le Forestier sur « La dame brune » chanson écrite par Barbara en collaboration avec Georges Moustaki et chanté à la création en 1967 avec lui. On ne sera pas étonnés de la subtilité avec laquelle Maxime Le Forestier s’est glissé dans cet opus aux côtés de Noëmi. Il a tant l’habitude d’offrir des duos dans sa discographie. Maxime Le Forestier chez Barbara c’est un cadeau à l’image de l’accompagnement qu’il fit à la guitare de la chanson d’Anne Sylvestre « Écrire pour ne pas mourir » que celle-ci interpréta sur le plateau d’Apostrophes en 1986 dans un émission mythique qui vit Gainsbourg et Béart s’affronter verbalement, le premier affirmant que la chanson était un art mineur et le second lui rétorquant que pas du tout. Sous le regard assez consterné d’ailleurs des autres invités à savoir Louis Chedid et Pierre Perret.

Rappelons aussi qu’à la suite de ce qui fut un grand moment de télévision Maxime Le Forestier très lié à Anne Sylvestre lui écrivit la musique de ce magnifique titre « Le petit caillou des rêves » enregistré par Anne Sylvestre en 1988. Et qu’il fut le seul artiste à lui signer une mélodie Anne Sylvestre ayant tout écrit et composé elle-même dans son répertoire. Barbara qui admirait beaucoup Anne Sylvestre aimait à ses débuts donner sur scène « une chanson de Madame Sylvestre », disait-elle à savoir « Mon mari est parti », et qu’Anne Sylvestre a lancé un clin d’œil  à la créatrice de « Une petite cantate » sur « Frangines » et surtout plus directement sur « Trop tard pour être une star » Retrouver donc Maxime Le Forestier sur « La dame brune » est un cadeau que nous fait Noëmi Waysfeld tout comme l’ensemble de ce disque assez magique.

Jean-Rémi BARLAND

Noëmi Waysfeld chante Barbara accompagnée par l’Orchestre National Avignon Provence dirigé par Deborah Waldman. CD Sony/ Classical. Arrangements et orchestrations Fabien Cali. En récital le 7 novembre à 20h, à La Scala Provence – 3 rue Pourquery Boisserin, 84000 Avignon. Plus d’info et réservations : lascala-provence.fr   ou au 04 65 00 90.

 

 

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