« Siamo tutti antifascisti ! », le slogan transalpin « Nous sommes tous des antifascistes » est arrivé jusque dans l’enceinte du Palais des papes, repris en chœur par les centaines de jeunes et d’adultes présents. Une nuit pour appeler à résister et à plus de tolérance.
Ministre de la culture
Cette nuit d’Avignon organisée dans l’urgence par le monde de la culture a mêlé spectacles et interventions engagées ou philosophiques. Françoise Nyssen, ancienne ministre de la Culture et administratrice du festival a utilisé les mots de Salman Rushdie pour dénoncer une identité de plus en plus corsetée: « Nous vivons une époque où on nous somme de nous définir de plus en plus étroitement, de comprimer notre personnalité multidimensionnelle dans le corset d’une identité unique, qu’elle soit nationale, ethnique, tribale ou religieuse. J’en suis venu à me dire que c’était peut-être de cela dont découle le mal de notre époque ». Joey Starr est venu en artiste mais surtout: « En tant que citoyen, en tant que Français. Il y a 30 ans avec mon groupe on avait des chansons sur le père, aujourd’hui ils sont encore là même s’ils ont assagi leur discours, ils sont encore dans la guerre de deux mondes. C’est inquiétant ».
« Le RN attaque la culture »
La maire d’Avignon évoque l’exposition « A la vie, à l’amor » de la street artiste Miss Tic. « En conseil municipal le RN n’en voulait pas, cela ne correspondait pas à sa culture. Mais rassurez-vous elle est en place ». Au-delà, Cécile Helle note que des concitoyens ont une aversion pour la culture : « Elle est synonyme de parisianisme. Ce sont des gens qu’il faudra aller chercher et tenter de convaincre ».
Pas de haine, tolérance et résistance
Pour les personnes présentes cette nuit d’Avignon était indispensable. Elle invite à la réflexion et se veut aussi un acte militant. Dominique estime qu’«il fallait être là ce soir pour témoigner, nous l’ancienne génération, avec les jeunes. Tous ensemble groupés pour se battre. C’est le début de la résistance, je pense ».
Liberté !
Les directeurs des festival In et Off étaient présents sur scène. Harnold David, le co-directeur du Off a choisi la lecture d’un poème de Paul Eluard, écrit sous l’occupation en 1942 : Liberté. « C’est sans doute la première des choses qui sera attaquée si le RN passe », commente-t-il avant d’effectuer une lecture touchante.
Cette nuit d’Avignon a été un appel à la tolérance et à la défense de ce qu’on a de plus cher : la liberté.
Reportage Joël BARCY