Publié le 18 mai 2013 à 4h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h50
André Renaudin, directeur général d’AG2R La Mondiale, le propriétaire, et Marc Pietri, président du groupe Constructa, le promoteur, ont posé, ce vendredi 17 mai en fin de matinée, la première pierre de l’immeuble Balthazar. Conçu par l’architecte Roland Carta, il s’agit du premier bâtiment des « Quais d’Arenc » qui sera livré en 2014. L’événement marque ainsi le démarrage du plus grand projet immobilier privé de France.
La soirée remonte à quelques années déjà mais l’architecte Roland Carta s’en rappelle comme si c’était hier. « J’étais convié à un repas à Paris, dans un restaurant place des Victoires : j’y ai vu un bon présage. On nous a servi une bouillabaisse, ce qui était normal pour évoquer un projet sur Marseille, d’autant que le chef était marseillais. Je me suis alors aperçu qu’on pouvait manger une bonne bouillabaisse ailleurs que sur le Vieux Port. Autour de la table, il y avait Marc Pietri, Jean Nouvel, Yves Lion et Jean-Baptiste Pietri. Une fois n’est pas coutume Marc était peu loquace. Il nous a simplement dit : « Je vous ai réunis pour que vous fassiez connaissance. Je vous ai choisis pour travailler ensemble. Travaillez donc et faites en sorte que ça avance. » Jean Nouvel était impressionnant comme toujours, Yves Lion rassurant comme toujours, Jean-Baptiste Pietri enthousiaste comme toujours et moi hésitant comme jamais », se remémore-t-il.
Et c’est ainsi, autour d’une bonne bouillabaisse, que sont nés « Les Quais d’Arenc », le plus grand projet immobilier privé de France, représentant 450 M€ d’investissement global pour une surface de 94 000 m² dont 50 000 m² de bureaux. Promoteur de l’opération, le groupe Constructa a donc fait appel à quatre grandes signatures architecturales pour imaginer les quatre immeubles constituant le projet. Jean Nouvel a ainsi conçu « La Marseillaise », une tour de 31 étages et 135 mètres de hauteur qui proposera 35 000 m² de bureaux. Jean-Baptiste Pietri a pour sa part imaginé la tour « H99 », de 27 étages et 99,9 mètres de hauteur, qui abritera 149 appartements de standing conçus sur-mesure, du 2 pièces de 50 m² au duplex panoramique de 300 m². C’est au talent d’Yves Lion que l’on doit la tour « Horizon », de 35 étages et 113 mètres de hauteur, qui disposera de 200 chambres d’hôtel et 150 chambres de résidence de tourisme. Quant à Roland Carta, il a conçu le bâtiment « Balthazar », un immeuble de 8 étages et 31 mètres de hauteur, qui comprendra 9 000 m² de bureaux, 700 m² de commerces et 150 places de parking. Constitués de ces quatre immeubles, dont trois immeubles de grande hauteur (IGH), « Les Quais d’Arenc » seront un des éléments fondateurs de la nouvelle façade maritime de la ville, aux abords de la tour CMA CGM, du Silo, des futures Terrasses du Port, du projet Euromed Center, des Docks revisités, des voûtes, du Mucem, de la Villa Méditerranée ou encore du Musée Regards de Provence.
Le premier immeuble BBC du périmètre d’Euroméditerranée
Or, ce vendredi 17 mai en fin de matinée, André Renaudin, directeur général d’AG2R La Mondiale, le propriétaire, et Marc Pietri, président du groupe Constructa, le promoteur, ont posé la première pierre de cet unique immeuble bas du projet, le premier à sortir de terre puisqu’il accueillera ses locataires en février 2014. L’événement, qui s’est déroulé en présence de nombreuses personnalités (*), a ainsi marqué le véritable démarrage du projet des « Quais d’Arenc ». Ce qui fait dire à Roland Carta : « C’est l’arrivée des premiers fruits que nous partagerons bientôt avec Vinci (NDLR : qui exploitera le parking). Et ce sera le désert de ce repas inaugural de la place des Victoires. »
Le président marseillais du groupe Constructa, Marc Pietri mesure lui aussi « le chemin parcouru ». « C’est un projet que vous attendiez depuis un moment. L’immeuble Balthazar est le premier des Quais d’Arenc. C’est la renaissance. Je l’ai attendue pendant longtemps mais une opération immobilière est toujours longue. L’accouchement ne peut pas être plus rapide que le temps des entreprises », souligne-t-il. Et de préciser que « la confiance d’André Renaudin dans cette opération a été un élément extraordinaire », sans oublier le groupe Vinci (NDLR : Vinci Construction était le mandataire du groupement d’entreprises ayant réalisé les travaux) et la Caisse d’Epargne (NDLR : premier propriétaire de l’immeuble avant la revente à AG2R La Mondiale) sans qui « jamais cette opération n’aurait pu être faite ».
Premier immeuble Bâtiment basse consommation (BBC) du périmètre d’Euroméditerranée, Balthazar répond à la norme HQE Exploitation ainsi qu’aux normes internationales de bureaux. Il pourra accueillir 800 employés de bureau, dont 650 d’AG2R La Mondiale, André Renaudin ayant décidé d’y installer ses équipes. Avec les commerces, Marc Pietri estime que le bâtiment abritera « 1 000 emplois ». « Notre famille a investi 70 M€, relayée par la vente des parkings à Vinci Park et de l’immeuble à AG2R La Mondiale », précise-t-il. Avant de rappeler que l’endroit où est situé Balthazar « était la cité balnéaire de Marseille en 1906. C’est là que les Marseillais branchés venaient se baigner. Ce côté ludique me plaît », souligne le président du groupe Constructa.
« Nous en sommes à 70% de résidents locatifs à H99 avec 54 réservations »
Marc Pietri a également indiqué que le reste du projet était lui aussi sur de bons rails. « Forts de la confiance des collectivités locales et des grands comptes, nous en sommes à 70% de résidents locatifs à H99 avec 54 réservations », se réjouit-il. Avant de conclure : « Je veux continuer à faire travailler les entreprises de Marseille : c’est mon objectif car je suis une entreprise marseillaise. Ce n’est pas la dernière opération. J’ai envie d’en faire d’autres si la Caisse d’Epargne et Dieu veulent bien nous suivre. »
André Renaudin précise pour sa part que la pose de cette première pierre intervient un an et un mois presque jour pour jour après la signature de la cession-acquisition en avril 2012. Et de souligner que « l’originalité de AG2R » est d’être « l’expression de l’unité dans la diversité ». Le groupe exerce en effet « 5 métiers différents » : une mission d’intérêt général avec la gestion de la retraite complémentaire AGIRC-ARRCO, et une offre assurantielle qui couvre tous les besoins de la protection sociale et patrimoniale, collectifs comme individuels (prévoyance, santé, épargne, retraite supplémentaire). « Nous réalisons 16,6 Mds€ de collectes, 325 M€ de résultats. Nous sommes au service de 9 millions de salariés : une entreprise sur quatre assure ses salariés dans notre groupe », souligne le directeur général d’AG2R La Mondiale.
Présent de Cayenne à Papeete et de Mons-en-Barœul à Bonifacio, « deux routes qui passent par Marseille », le groupe s’appuie sur un large maillage territorial. Un ancrage régional qui se traduit, entre autres, par une stratégie de diversification géographique de ses actifs immobiliers. AG2R est ainsi propriétaire de 5 sites en région PACA, notamment à Marseille où il possède de beaux immeubles avenue du Prado et sur la Canebière. « Avec 650 collaborateurs, la région PACA constitue le 3e bassin d’emplois d’AG2R La Mondiale. Nous étions à la recherche d’un site dans lequel nous pourrions réunir nos équipes tout en réalisant un investissement immobilier de qualité », explique André Renaudin dont le groupe a investi un peu moins de 50 M€. Et de souhaiter qu’ainsi « AG2R renforcera son empreinte sur le territoire provençal ».
Le trait d’union entre La Marseillaise et H99
Roland Carta est pour sa part revenu sur son cheminement créatif. « J’ai vite compris le parti que je pourrai tirer de la passerelle, de l’infini de la mer et de la présence rassurante du Silo. J’ai ensuite développé l’idée que ce bâtiment était un trait d’union entre les autres, une ponctuation », explique-t-il. Balthazar se veut ainsi le trait d’union entre La Marseillaise et H99. Symbole de la limite entre la ville et l’infini de la mer, l’immeuble a été conçu pour reprendre la couleur de la mer au soleil couchant.
Le président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM), Eugène Caselli (PS), souligne pour sa part le caractère exceptionnel de cette opération immobilière des « Quais d’Arenc » : « Ce n’est pas tous les jours qu’une entreprise privée réalise un investissement de 450 M€ ». Et de rappeler que cet ensemble qui « combine toutes les fonctionnalités de l’urbanisme, il fallait l’imposer ». « Il fallait de la ténacité, du courage, du cran. Sept ans durant, on nous a opposé des doutes. On nous a dit que les Quais d’Arenc ne se feraient pas, pas à Marseille en tout cas », précise-t-il. Mais comme pour la semi-piétonisation du Vieux Port, « nous l’avons fait ». « Il est dommage de constater qu’à Marseille, on se heurte à un scepticisme qui frise le défaitisme avec des gens résignés », déplore le président de la communauté urbaine. Eugène Caselli dénonce aussi « ceux qui tirent avantage à ce que les projets ne se fassent jamais pour en tirer un bénéfice » et qui déposent des « recours abusifs ». « Sont-ils conscients du nombre d’emplois liés à ces chantiers en cette période de crise ? », lance-t-il.
Il indique également que « la communauté urbaine a manifesté son intérêt pour louer, à coût constant je précise bien, 12 étages de La Marseillaise à la place de ses bureaux aujourd’hui répartis sur trois sites ».
« Euroméditerranée est devenu un modèle de réussite »
Enfin, « au vu de la réussite d’Euroméditerranée », Eugène Caselli estime qu’« il était logique d’envisager une extension vers le Nord de Marseille », d’où l’opération Euroméditerranée 2, et que cela « incite à réfléchir à une opération en plein centre de Marseille » car « il ne faut pas le laisser en dehors de la rénovation ». « On nous dira que cela ne se fera pas et ça nous donnera l’occasion de faire valoir l’intérêt des Marseillais », ironise-t-il.
Guy Teissier (UMP), député-maire du 5e secteur de Marseille et président d’Euroméditerranée, rappelle pour sa part qu’« Euroméditerranée est l’histoire d’une ambition commune, d’une volonté partagée depuis 15 ans ». Et d’observer que malgré la crise, « Euroméditerranée est devenu un modèle de réussite qui a ouvert un champ des possibles pour écrire sur le champ des ruines industrielles une nouvelle histoire urbaine ».
Le président de l’établissement public ne manque pas de saluer Marc Pietri, présent « depuis la genèse d’Euroméditerranée ». « Le groupe Constructa a porté Euroméditerranée sur les fonts baptismaux avec le réhabilitation des Docks depuis 1995. Ton groupe marseillais est présent sur toutes les réalisations », rappelle-t-il. Il insiste également sur le fait que « ces projets ne pourraient pas se réaliser sans le soutien des grands groupes financiers » à l’instar de Vinci, la Caisse d’Epargne et AG2R pour l’immeuble Balthazar. « Il faut entretenir le dialogue entre les membres de notre gouvernance et le monde de l’entreprise. C’est à ce prix que nous pourrons continuer à bâtir ensemble un nouveau destin pour notre ville », souligne Guy Teissier.
« C’est une opération qui montre la puissance de la dynamique engagée dans notre ville »
Le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (UMP), tient à remercier André Renaudin, également l’un des mécènes de Marseille-Provence 2013, pour la « confiance en Marseille » que le président d’AG2R La Mondiale a manifestée lors de cette opération. « La crise économique et financière est venue plus tard mais elle n’a pas épargné Marseille. Mais c’est une opération qui montre la puissance de la dynamique engagée dans notre ville », insiste le sénateur-maire, qui ne manque pas de faire observer qu’« on aurait pu nous lâcher sur l’Hôtel Dieu, les Terrasses du Port, Balthazar », mais qu’il n’en a rien été. Avant de préciser : « Et ce n’est pas la guérilla juridique scandaleuse qu’on nous oppose qui nous fera renoncer aux Quais d’Arenc qui prennent leur essor ».
Il mesure également le chemin parcouru. « Qui aurait pu imaginer que cette zone industrialo-portuaire sinistrée incarnerait la vision du futur ? », interroge-t-il à haute voix. Et de souligner qu’avec ces « nouveaux quartiers, nouveaux logements, nouveaux emplois, nous poursuivons le cap pour ancrer dans la durée le développement économique de Marseille ».
Dans cette optique, Jean-Claude Gaudin assure que « nous ne voulons pas que du tout tourisme », un procès qu’on lui fait souvent. « Nous saisissons simplement une évolution de notre société. On comptait 80 000 croisiéristes en 1995, contre un million aujourd’hui », tranche-t-il. Outre Euroméditerranée, « ça a mis longtemps mais ça sort de terre », le sénateur-maire se félicite des résultats des deux zones franches qui ont permis de créer « 14 000 emplois, 3 sur 5 étant choisis parmi les habitants du quartier au lieu d’un sur 5 », le ratio que prévoit la loi.
Et de terminer en évoquant la métropole. « Nous ne voulons rien prendre aux autres communes, mais qu’elles apprennent que Marseille est entourée d’un corset montagneux et qu’elle n’a pas de richesse qui est de l’autre côté de la montagne. Nous ne voulons rien prendre aux autres communes mais nous n’avons pas toujours à supporter toutes les attaques mesquines que nous entendons », a-t-il conclu, avant de faire d’André Renaudin un « citoyen d’honneur de Marseille ».
Serge PAYRAU
(*) Renaud Muselier, premier vice-président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, Lisette Narducci, maire du 2e secteur de Marseille, Jacques Rocca-Serra, adjoint au maire de Marseille, Dominique Tian, député-maire du 4e secteur de Marseille, Roland Blum, 1er adjoint au maire de Marseille, Solange Biaggi, adjointe au maire de Marseille, Jean Viard, vice-président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, Jean Roatta, député européen, Avi Assouly, député des Bouches-du-Rhône, Jacques Pfister, président de la CCI Marseille-Provence, Alain Lacroix, président du directoire de la Caisse d’Epargne Provence-Alpes-Corse, et Gérard Dossetto, secrétaire général du syndicat FO Territoriaux et le président de Prémalliance qui a conduit la fusion avec AG2R La Mondiale.
