Publié le 9 septembre 2016 à 10h26 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h34
C’est dans le cadre du 4e Congrès régional de la profession de l’audit du chiffre et du conseil que l’économiste Nicolas Bouzou a présenté le baromètre économique de la profession comptable Paca. Un document qui rapporte que malgré une activité économique qui connaît une amélioration, la baisse de l’investissement apparaît comme préoccupante. Et de considérer que le tissu économique français ne croit pas à l’innovation «ce qui fait que nous risquons de rater cette dynamique, on ne mesure pas que la période de mutation que nous connaissons peut générer beaucoup de richesses». «On ne peut pas tout faire au niveau local, poursuit-il, en revanche, on peut mettre en réseau des entreprises qui ne travaillent pas dans le même secteur mais qui ont des intérêts communs et, mélanger des grandes entreprises et des start-up. Mais cela ne suffit pas, il faut organiser la rencontre entre elles et cela relève d’une politique. Il faut enfin arrêter de parler de l’innovation, tout le monde en parle mais c’est neutre, il faut plutôt réhabiliter la notion de progrès. Et nous avons des atouts avec nombre de start-up dans le développement durable ou encore la santé. Nous sommes là devant des innovations qui améliorent le monde».
«Une demande intérieure solide a soutenu la croissance du chiffre d’affaires»
Nicolas Bouzou insiste sur l’importance de ce baromètre: «D’abord parce qu’il est régional et que dans l’État centralisé qui est le nôtre nous manquons de telles données. Deuxièmement, il porte sur les PME or nous sommes un pays de PME». Et d’insister : «Nous avons un vrai moteur productif performant mais il est petit, c’est vrai Au plan national, comme de cette région qui a un potentiel extraordinaire de par son positionnement géographique, son niveau d’infrastructures et sa population qui croît. Il y a des créations d’entreprises, des start-up innovantes».
Puis d’indiquer qu’une demande intérieure solide a soutenu la croissance du chiffre d’affaires des TPE-PME en 2015 de 3%, tant au niveau national que régional. «L’accélération de l’activité s’est traduite par des embauches». Les marges commerciales se sont stabilisées par rapport à l’année précédente. En revanche, l’investissement a continué de reculer dans la région (- 9%) alors qu’il s’est stabilisé ailleurs en France (+1%). «un tel phénomène n’est pas possible dans une période comme celle que nous vivons avec des politiques économiques qui aident plutôt à l’investissement et un rythme des progrès techniques sans précédent. Des phénomènes qui devraient générer des renouvellements d’équipements. Les entreprises françaises vont donc vieillir et des problèmes sont à prévoir dans les années à venir si l’investissement ne repart pas ». «Les dispositions Macron n’ont pas élevés structurellement le niveau de l’investissement, il l’a juste avancé dans le temps alors que nous avons des taux d’intérêts que l’on ne retrouvera pas de sitôt puisque de grandes entreprises bénéficient de taux d’intérêt négatifs», souligne-t-il. Il précise toutefois que l’investissement industriel se porte plutôt bien alors que les investissements sur les espaces commerciaux ou les investissements publics eux, chutent. Pendant ce temps, les très petites entreprises sont toujours en difficulté. L’emploi, pour sa part, est en hausse dans tous les départements de la Région (+4% dans le Var, 3% dans le Vaucluse, 2% dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes), seul le département des Hautes-Alpes a vu le nombre d’emplois reculer par rapport à l’année précédente.
Pour l’économiste, la taille des entreprises est un frein à l’exportation, ce qu’il déplore d’autant plus «que nous sommes dans une zone surreprésentée par des pays n’appartenant pas à la zone euro alors que l’euro s’est dépréciée par rapport au dollar ce qui réduit le prix de nos exportations. Elles devraient donc augmenter mais ce n’est pas le cas car nous n’avons pas assez d’entreprises exportatrices».
Enfin, l’accélération de la construction et la bonne santé du commerce ont confirmé le renforcement de l’économie régionale. Ainsi, la construction est le secteur qui a le plus contribué à la hausse de l’activité économique régionale, grâce notamment à une forte accélération des mises en chantiers de logements, (essentiellement dans le Var et les Bouches-du-Rhône). Les activités de commerce ont bénéficié d’une demande solide sur le marché intérieur et de l’amélioration de la conjoncture économique mondiale à l’export. En cette période dure pour le tourisme, le secteur de l’hébergement-restauration a observé une forte contraction de son chiffre d’affaires et réduit les investissements en conséquence. «Les drames que nous avons connu avec l’impact que cela a sur le tourisme doit rappeler aux élus qu’il ne faut jamais tout miser sur un seul secteur», conclut Nicolas Bouzou.
Michel CAIRE