Publié le 23 août 2021 à 21h36 - Dernière mise à jour le 30 novembre 2022 à 15h25
Le syndicat Unité magistrats FO, le barreau de Marseille et le Cercle avocats réflexion évolution (association d’avocats), viennent de lancer un comité de soutien pour la défense des magistrates et avocates afghanes. «Le Garde des Sceaux a été saisi afin de lui faire part de nos inquiétudes et de notre initiative.»
Dans un texte publié sur le site du barreau de marseille les magistrats et avocats déclarent (verbatim):
«La prise de pouvoir par les Talibans a suscité depuis quelques jours l’effroi de la communauté internationale ainsi que les plus grandes craintes pour l’ensemble de la population afghane.
Parmi les personnes particulièrement ciblées, les magistrates afghanes, juges mais aussi avocates, qui ont œuvré pendant ces vingt dernières années dans un contexte difficile de reconstruction des institutions du pays, au service de la protection des libertés, de l’égalité des citoyens, et d’une justice indépendante, voient aujourd’hui leur vie menacée du simple fait de leur engagement pour des valeurs défendues par la France et par l’Union européenne.
Malgré l’annonce par les Talibans d’une amnistie générale pour les fonctionnaires, nous ne pouvons rester passifs en attendant de voir se réaliser une promesse qui n’engage que ceux qui la prononcent. Les faits nous rappellent, au contraire, qu’en janvier dernier, deux femmes juges afghanes ont été tuées par balles à Kaboul, tandis qu’il y a encore quelques jours à peine, Tayeba Parsa, juge à la Cour d’appel de Kaboul, se disait publiquement condamnée à mourir si elle ne quittait pas son pays.
Dans son allocution télévisée du 16 août 2021, le président de la République Emmanuel Macron a rappelé que la France se tiendrait aux côtés des personnes particulièrement menacées en raison de leur engagement ou de ce qu’elles représentent. Les femmes magistrates et avocates afghanes, courent un grave danger en raison des valeurs d’égalité, de liberté et de justice qu’elles portent au quotidien, et n’ont désormais guère d’autre solution pour protéger leur vie que d’envisager de quitter leur pays.
Nous avons, par courrier, dès le 17 Août, attiré l’attention de Monsieur le Garde des Sceaux sur le sort de nos collègues afghanes et sollicité son appui qui nous a été immédiatement et pleinement accordé.
Au nom des valeurs de fraternité et de solidarité que nous portons, et tenant compte des démarches déjà effectuées par Monsieur le garde des sceaux auprès de Monsieur le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères,
Nous, magistrats d’Unité Magistrats-FO et les avocats du Barreau de Marseille, demandons solennellement à Monsieur le président de la République de mettre en œuvre dès à présent, tous les moyens nécessaires à l’accueil en France de nos collègues magistrates et avocates, afin qu’elles puissent bénéficier, si elles le souhaitent, de l’asile politique en France.
A cette fin, Nous, magistrats d’Unité Magistrats-FO et les avocats du Barreau de Marseille, assurons à nouveau à Monsieur le garde des sceaux de notre pleine et entière mobilisation, d’ores-et-déjà manifestée par la création en notre sein d’un Comité de Soutien aux Magistrates et Avocates Afghanes, juges comme avocates, qui aura pour objectif de leur apporter une aide concrète sur le plan juridique, administratif ou humain.
Nous appelons celles et ceux qui partagent nos valeurs et notamment les professionnels du droit dont les compétences seraient une aide précieuse, à nous rejoindre.
L’engagement de nos collègues et confrères afghanes pour les valeurs de justice et d’égalité des droits des femmes dans leur pays trouverait aujourd’hui sa pleine reconnaissance dans l’aide que la France s’honorerait de leur apporter.
C’est à la France, pays des droits de l’Homme, qu’il revient de sauver celles qui ont œuvré au nom des idéaux qui sont les nôtres et qui peuvent aujourd’hui à tout moment le payer de leur vie.
Nous ne nous y résignons pas.»