Boris Berezovsky un enchanteur au Grand Théâtre de Provence d’Aix-en-Provence

Publié le 18 novembre 2015 à  20h29 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h44

Boris Berezovsky au GTP à Aix-en-Provence ce mardi 17 novembre (Photo D.R.)
Boris Berezovsky au GTP à Aix-en-Provence ce mardi 17 novembre (Photo D.R.)

C’est une sorte de colosse, avec des mains de géant, mais dès qu’il s’installe au piano il émane de lui une sorte de plénitude et de tranquille assurance lui permettant de passer un programme varié tout en douceur. Ainsi en va Boris Berezovsky, grand habitué des scènes provençales -on le voit chaque année au Festival de la Roque d’Anthéron- et qui a donné ce mardi au Grand Théâtre de Provence (GTP) d’Aix un concert d’une exceptionnelle densité pianistique. Seul en scène, (cet été il était accompagné par le chef Dmitri Liss avec qui il a enregistré pour Mirare les quatre concertos pour piano de Rachmaninov ainsi que le Concerto pour piano et orchestre N° 2 de Brahms), Berezovsky a débuté son programme par la magnifique sonate de Grieg où dans le quatrième mouvement, un final «molto allegro», il a donné la pleine mesure de sa dextérité. Splendides aussi furent ses interprétations de quelques pièces lyriques du même compositeur qu’il a jouées d’une manière plus appuyée qu’Aldo Ciccolini dont l’enregistrement fait partie des références en la matière. Après l’entracte changement de programme mais pas d’humeur, Boris Berezovsky avec toujours autant d’autorité et de sens onirique nous a plongés dans la «Dumka» («Rêverie») de Tchaïkovski; un morceau de1886 qui évoque une scène rustique russe, œuvre marquée de l’empreinte du folklore enregistrée récemment par le génial Kotaro Fukuma. Le pianiste jouant ensuite dans un seul élan des extraits des «Saisons» de Tchaïkovski mais pas la Barcarolle de «Juin» annoncée dans le programme, moment assez émouvant, Berezovsky se plaçant alors sur cette œuvre dans une esthétique rappelant celle de Vladimir Askkenazy. Presque sans transition la Sonate de Stravinsky, et surtout les trois redoutables morceaux de «Petrouchka» de toujours Stravinsky où le pianiste doit descendre des gammes avec une virtuosité incroyable. Aimant sortir des sentiers battus Berezovsky qui a enregistré des sonates de son compatriote Medtner a offert en dernier rappel l’étrange et poétique «Lezginka», extrait des Études transcendantes de Sergei Lyapunov compositeur russe qui fut l’élève de Balakirev. Là encore un splendide moment réussi avec un goût du risque certain.
Jean-Rémi BARLAND

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