« On est au bord du précipice. On va avoir une crise sociale et sociétale si on n’agit pas ». En préambule de la conférence de presse, Arnaud bastide, le président de l’Observatoire de l’immobilier Provence (OIP) donne le ton. Il ajoute: « On va tout droit vers la destruction de l’ensemble de la chaîne de production de logements ». Cela fait des mois qu’il tire la sonnette d’alarme.
Tous les témoins au rouge
A entendre tous les acteurs de l’immobilier présents pour dresser le bilan conjoncturel au troisième trimestre, la situation est inédite. Presque tous les témoins sont au rouge.« Je mets totalement le gouvernement en cause », clame Arnaud Bastide, le président de l’OIP. « Nous avons un président de la République qui estime que l’épargne des Français à travers le logement est une mauvaise épargne et qu’il préfère soutenir les investissements dans la start-up nation ou l’IA. Mais le logement est, comme la nourriture, un besoin essentiel de nos concitoyens ». Résultat, on va vers une crise majeure qui sera difficile à enrayer. « Il faut cinq ans pour mener à bien un projet immobilier. Si on a une grave crise sociale on ne pourra pas réagir à temps », insiste Arnaud Bastide. Pour lui, il faut allier une France de propriétaires et de locataires et aider ces deux France. Visiblement il prêche depuis plusieurs mois dans le désert.
Du jamais vu
100 000 personnes sont en attente d’un logement social dans les Bouches-du-Rhône et 220 000 dans la région. L’offre de logement social est totalement insuffisante. Plusieurs dizaines de communes viennent d’être épinglées par la préfecture pour leur carence en logements accessibles. « On a une augmentation de 9% des besoins uniquement sur une année », note Robin Hamadi, directeur de l’association régionale des organismes HLM Paca-Corse. « On a un effet de ciseaux. C’est du jamais vu depuis au moins 20 ans : la production de logements sociaux n’a jamais été aussi faible et la demande aussi forte ». Conséquence le taux de rotation est tombé autour des 5%. «Plus personne ne quitte son appartement. Le système est bloqué. Les choses ne devraient pas s’améliorer dans l’immédiat car les terrains à bâtir sont très limités et la hausse du taux du livret A, qui sert à financer les projets, grève les finances des offices HLM.»
Défaillances d’entreprises
Corollaire de ce manque de logement, la Fédération du bâtiment est à la peine. Rénovation énergétique et réhabilitation des appartements permettent d’éviter le pire mais les sociétés spécialisées dans la construction de maisons individuelles sont en difficulté. « On assiste à une chute vertigineuse de la construction », constate Philippe Maleval, le président du pôle habitat de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) 13 qui précise: « En deux ans c’est moins 50% ». Coût des matériaux, coût du foncier au regard de sa rareté, risque d’entraîner des mises en redressement judiciaire ou des liquidations. « On estime à près de 20% le nombre d’entreprises en mauvaise santé. Il y aura de la casse en 2024 », prévient-il.
Heureusement une embellie pourrait arriver pour les Bouches-du-Rhône. La métropole a planifié une augmentation de la construction de logements.
Reportage Joël BARCY