Publié le 27 juillet 2016 à 21h00 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
Sabine Bernasconi, maire (LR) du 1er secteur de Marseille (1er et 7e arrondissements) donne rendez-vous le 29 janvier 2017 pour l’inauguration des « dimanches de la Canebière » à ceux qui ne croient pas en son projet de renouveau de cette artère mythique de la Ville qu’elle a annoncé vouloir transformer en « Broadway marseillais». Elle se déclare confiante pour la réalisation de son projet avec le soutien de la mairie centrale et du département des Bouches-du-Rhône dont elle est vice-présidente en charge de la culture. A ceux qui ont ricané sur les réseaux sociaux mettant en doute sa parole après plus de 20 ans de promesses non tenues sur la réhabilitation de la Canebière, elle veut montrer que «le centre-ville porte en lui les atouts de l’attractivité perdue». Un projet qu’elle a lancé l’an dernier auquel elle a agrégé les différentes associations culturelles du quartier pour «valoriser ce qui existe déjà» et «changer le regard des Marseillais sur le centre-ville». Les actions et animations culturelles projetées les derniers dimanches, de janvier à novembre, sur la Canebière ne font pas de 2017 «une année d’événementiels». C’est «une nouvelle étape» qui se poursuivra sous une autre forme en 2018, affirme-t-elle assurée. Elle promeut «une proposition pérenne» pour faire de cette voie légendaire «le ciment du triangle culturel de Marseille, du Palais Longchamp au MuCEM ». Elle veut faire de la Canebière «la vitrine culturelle» de la Métropole Aix-Marseille-Provence, affirmant qu’il s’agit pour elle d’un «projet global». Entretien.
Destimed : Il y a exactement un an vous nous aviez déclaré que vous vouliez faire de la Canebière le «Broadway marseillais ce qui a déclenché l’hilarité sur les réseaux sociaux. Que répondez-vous à ces ricaneurs qui entendent ces promesses depuis plus de 20 ans ?
Sabine Bernasconi : Je vais donner rendez-vous à ces ricaneurs le dimanche 29 janvier 2017 pour le lancement des « Dimanches de la Canebière » et on en discutera après. Si j’écoute l’hilarité générale sur les réseaux sociaux je me dis qu’ils demandent à voir pour croire alors, on va d’abord leur proposer de voir, on discutera après. J’avais lu ces réactions spontanées. Leurs auteurs ne s’attachent plus à ce que l’on dit mais à réagir sur la base de leur vécu et discréditent la parole publique. Mais j’ai noté que cela commence à changer. J’ai même vu sur Internet un site avec photos de la Canebière disant en légende «et si ça marchait !».
La Canebière-Broadway, c’est lancé ?
Sincèrement c’est le bon moment pour travailler sur le contenu parce que les travaux de rénovation urbaine y sont terminés même s’il reste encore quelques travaux à venir comme sur la rue Paradis et autour de Belsunce. On peut se réinterroger sur le sens, le contenu à donner, l’image et l’esprit. Et, l’esprit, c’est celui de Broadway, c’est-à-dire celui du spectacle, de la culture et j’y rajoute bien évidemment la petite note marseillaise, celle de l’histoire et du patrimoine. Ça, ça colle à notre Ville.
Avez-vous beaucoup de soutiens politiques sur ce projet
Sur ce projet, j’ai nettement le soutien politique du maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (LR), de son premier adjoint Dominique Tian (LR) et de Martine Vassal (LR) Présidente du Département des Bouches-du-Rhône.
Financièrement, les institutions locales vous suivent-elles?
Le projet « des dimanches de la Canebière » n’est pas un projet onéreux. Il travaille à organiser les choses différemment et surtout à valoriser ce qui existe déjà. Il demande aux acteurs culturels de coordonner leurs calendriers leurs programmations, d’être présents en même temps sur la scène Canebière.
Comment allez-vous rendre plus attractifs les commerces désuets ou fermés?
On ne va pas s’attacher à les rendre plus attractifs dans un premier temps. L’idée c’est de changer le regard sur le centre-ville, de profiter à nouveau d’un espace où il y a de larges trottoirs, une promenade agréable et de voir revenir les familles petit à petit. Les « dimanches de la Canebière », ce n’est qu’une phase. L’idée c’est de travailler sur le renouveau du centre-ville en attirant aussi des dynamiques économiques nouvelles, notamment de nouvelles économies. On travaille sur cette idée d’attirer des start-up sur la Canebière et tout cela contribuera à voir arriver de nouveaux commerces qui seront adaptés à ces nouveaux modes de vies et nouveaux usages qui vont toucher tout le Centre-Ville. La Canebière, cœur culturel de la métropole et du département. C’est ça le Broadway marseillais…
Beaucoup se plaignent de la disparition de cafés remplacés par des « kébabs ». Qu’est ce qui va changer?
Il y a déjà des nouvelles infrastructures qui entrent en chantier puisque l’hôtel des Feuillants (livraison prévue initialement 2017, ndlr) va accueillir une brasserie en rez-de-chaussée; un cinéma et des cafés en lieu et place de la mairie (pas de date annoncée pour le début des travaux, ndlr); la mairie de secteur qui va s’implanter sur la Canebière (prévision d’emménagement fin 2017 en lieu et place de la Maison de la Région ndlr) et qui a l’ambition de se positionner aussi comme un acteur culturel. Là ce sera «la mairie des arts». Ce n’est certes pas encore visible. Il y a déjà des petits coins très sympas qui se sont créés derrière le Cours Saint-Louis entre Toinou et l’Empereur, le petit Saint-Louis, l’Idéal, l’historique Sauveur, le Père Blaise… On a là des espaces qui préfigurent déjà l’orientation que l’on souhaiterait donner au centre-ville de Marseille.
Pensez-vous faire appel au groupe 3013 comme l’a fait Solange Biaggi dans le 2e secteur sur la rue de la République pour cacher des façades vides ou des magasins en déshérence ?
Pas pour l’instant. Notre idée est de valoriser ce qui existe, pas de camoufler ou de masquer même si c’est avec des œuvres magnifiques d’artistes. La valorisation de ce qui existe, c’est une autre démarche. Il y a une transformation qui est entreprise, il faut la montrer. Elle fait partie du changement de regard.
Le grand déménagement de la mairie de secteur en lieu et place de la maison de la Région sur la Canebière est prévu fin 2017 et, il n’y a pas de parking?
Il n’y a pas de parking ici non plus. Outre celui du boulevard Garibaldi pour le haut de la Canebière. On sera, au contraire, mieux organisé par rapport à notre implantation d’aujourd’hui puisqu’il y a déjà des places réservées dans la rue qui se trouve à l’arrière de la Maison de la région. Sur le côté on pourra déposer les mariés. On n’aura aucun problème de logistique. Sans oublier qu’ Il y a le parking de la place du Général De Gaulle ou celui du Centre Bourse.
Il est reproché à la municipalité d’avoir acheté la Maison de la Région au-dessus du prix du marché pour en faire votre mairie avec de gros travaux. Il y avait un projet de déménagement moins cher sur le Crédit Municipal. Qu’en est-il ?
Le Crédit Municipal avait été pressenti comme un lieu pouvant accueillir la mairie de secteur. Mais cela n’a jamais été plus loin que l’étape-projet parce que ce projet initié par mon prédécesseur (Patrick Mennucci, PS, ndlr) n’était pas réel. Il y a eu un permis de construire déposé pour le complexe cinéma en lieu et place de la mairie actuelle mais 10 mètres au-dessus du PLU à côté d’un monument historique (Église des Réformés). Il a été retoqué par les Bâtiments de France (BF). On n’a jamais reçu une autre demande de permis de construire. Je pense que, quand des investisseurs ont réellement envie d’investir dans un projet ils travaillent avec les préconisations des BF. Sinon c’est qu’il y a quelque chose qui cloche dès le départ.
Pourquoi n’avoir pas conservé l’option Crédit Municipal ?
On a regardé cette option puisqu’elle avait été étudiée mais, le bâtiment est très mal placé, excentré donc pas visible et il n’y a pas assez de place. Ce sont des locaux qui auraient pu être choisis par défaut s’il n’y avait rien eu d’autre. Nous avons l’opportunité de récupérer la Maison de la Région, un bâtiment visible, bien placé, bien desservi alors que l’autre est enclavé et n’est pas desservi par les transports en commun. On est là pour assurer un service public avant tout qui doit être le plus facile d’accès pour les habitants des 1er et 7e arrondissements. Au Crédit Municipal on aurait été au fin fond du 1er en apportant des difficultés supplémentaires d’accès notamment aux habitants du 7e arrondissement.
Il y avait aussi l’option de reprendre les bureaux de Communica cours Belsunce.
Communica n’appartient pas à la ville et n’est pas à vendre. Ces bureaux avaient seulement été envisagés comme transition si on avait dû quitter précipitamment la mairie actuelle dans le cadre du projet du cinéma. On installe une mairie de secteur, pas un nouveau service ni quelque chose dont on ne sait pas si cela va marcher ou pas. On installe cette mairie de manière pérenne, emblème de la force publique sur le territoire. La mairie de secteur c’est un achat, certes, il a coûté 10% plus cher que le prix des domaines -ça c’est une discussion entre la Ville et la Région- mais ce n’est pas de l’argent dépensé, c’est de l’argent investi. C’est un patrimoine. Donc on ne peut pas comparer.
Cette mairie des arts, vous allez y faire beaucoup de travaux ?
Non quasiment pas. Il y a une énorme cuisine au premier étage qui va être transformée en bureaux. Il n’y a pas de travaux de structure. L’idée de choisir la Maison de la région outre sa visibilité, c’est sa configuration. Elle a, en effet, été conçue comme un espace culturel pouvant recevoir des projections avec un écran au rez-de-chaussée. On a acheté plus cher mais avec tout le matériel HIFI, les technologies qui sont contenues dans ce bâtiment. Il y a ce qu’il faut pour que la mairie devienne un acteur culturel, en tout cas une mairie qui recevra des acteurs culturels et notamment dans son hall, qui a 7 mètres de hauteur sous plafond, ce qui va permettre peut-être de faire des expositions avec des œuvres qui seront de grande dimension. On va pouvoir travailler avec les artistes des arts plastiques et des arts visuels et on n’a pas dans le centre-ville un lieu qui puisse accueillir de telles propositions. Donc, nous, mairie de secteur, nous allons le mettre à la disposition des artistes. C’est pour cela que ce sera « la mairie des arts ».
Cinéma d’art et d’essai en haut de la Canebière. Que devient le cinéma Les Variétés?
Le cinéma Les Variétés c’est compliqué, c’est une histoire d’embourbement personnel de la part d’un gestionnaire qui est décrié partout aujourd’hui; qui a des ardoises partout; qui a un contentieux avec la Ville. Donc que devient « Les Variétés » mais qu’est-il devenu d’ores et déjà ? On ne pourra pas dire que c’est l’installation des cinémas qui lui aura fait du mal. Ce cinéma souffre depuis longtemps d’un problème de gestion interne.
Pensez-vous faire un lien entre la Canebière et l’ilôt Velten dont vous venez d’inaugurer le lancement des travaux ?
Il y a des équipements sportifs et socio-culturels qui reçoivent des jeunes et des familles. Ces familles qui viennent régulièrement sur l’îlot Velten seront les premières informées de ce qui va se passer sur la Canebière et les premières à y être associées.
Comment gérez-vous les relations entre les deux structures de la rue du Théâtre Français l’Université et le Gymnase dont le directeur nous a déclaré vouloir faire de son théâtre le «pôle premier» de la Canebière ?
Pour les dimanches de la Canebière, nous sommes d’abord associés avec l’Université qui est partenaire opérationnel puisque avec Yvon Berland nous avons signé une convention de partenariat. Des étudiants travaillent avec nous sur la conception des dimanches de la Canebière. Et le conseiller du président de l’AMU, Robert Fouchet, est totalement associé au travail de conception. Nous sommes également en relation avec Dominique Bluzet (Directeur, entre autres, du Gymnase et des Bernardines) qui a fait des propositions. Le théâtre du Gymnase participera aux Dimanches de la Canebière et la rue du Théâtre Français en sera le point de départ. C’est, en effet, à partir de cette rue que nous lancerons avec le maire de Marseille et la présidente du Conseil Départemental les dimanches de la Canebière le 29 janvier prochain.
Qui gère cet événement la mairie de secteur ou la mairie centrale ?
L’organisation, la programmation tout cela est géré par la mairie de secteur avec ses partenaires. La promotion de ces dimanches c’est différent.
Allez-vous inclure Belsunce dans votre programmation et notamment en rapport avec le point zéro de la ville qui pourrait être déplacé du cours Saint-Louis à l’Alcazar ?
Il y a un travail actuel sur la question du point zéro mais je ne peux vous en dire plus pour l’instant parce que c’est toujours en discussion. Je peux juste ajouter que la bibliothèque de l’Alcazar sera partenaire des « Dimanches ».
Que répondez-vous aux différentes structures culturelles qui vous proposent des actions sur le Vieux Port ?
Je réponds que le Vieux-Port est pleinement lié au travail que nous menons sur la Canebière. L’idée, c’est de venir sur la Canebière pas d’aller sur le Vieux Port qui aujourd’hui est très fréquenté. Il est magnifique et déjà très attractif. Il faut que cette attractivité irradie jusqu’en haut de la Canebière. Et par la suite que la Canebière irradie sur le Vieux-Port, mais ça c’est le deuxième temps.
Que devient l’Espace Culture ?
Tout est ouvert, tout est possible. Mais pour l’instant il est dédié aux bénévoles de l’année du sport 2017. Il fait l’objet d’une réflexion générale.
Prenez-vous en compte la rue Consolat qui va de la Canebière jusqu’au Palais Longchamp avec ses multiples ateliers d’artistes ?
Est en train de se dessiner pour nous un quatrième tronçon (après ceux de la Bourse, Noailles et des Allées Meilhan qui bout à bout forment la Canebière, ndlr). Un nouvel espace qui s’associe directement à la Canebière, c’est celui des Danaïdes, de la rue Consolat et de Garibaldi-Longchamp. Tout ce coin a déjà une vie qui lui est propre et la présence de ces acteurs culturels extrêmement dynamiques fait partie du projet.
Le boulevard de la Libération restera en attente ?
Il est moins significatif de foisonnement culturel que les rue et boulevard parallèles de Consolat et de Longchamp. Notre objectif est d’abord de valoriser ce qui existe au départ. Changer le regard des Marseillais sur leur centre-ville c’est aussi en montrer les richesses. Avoir envie de leur montrer ces richesses-là pour que l’on renoue avec cette idée que le Centre-Ville porte en lui les atouts de l’attractivité perdue.
L’an dernier vous avez inclus dans votre projet Canebière une vaste zone partant de Longchamp jusqu’au MuCEM en passant par La Friche descendant presque jusqu’au Théâtre Silvain d’un côté et la Minoterie de l’autre. Qu’en est-il?
Ça c’est le cœur culturel de la Métropole, son cœur international. Le triangle culturel. Il ne va pas jusqu’au théâtre Silvain mais part de La Criée, l’Opéra, les Bernardines, le Gymnase, l’Odéon, passe par Longchamp et redescend jusqu’au MuCEM. La Canebière c’est le ciment. C’est la vitrine culturelle. Tout ce qui se passe à Marseille et même dans le département en matière de culture devra à un moment faire un passage par la Canebière. C’est un projet global.
Vous vous êtes donnée à peu près trois ans pour réussir, juste avant les prochaines élections municipales. Quelle est votre ambition?
Mon ambition politique c’est d’être réélue maire de secteur, cela voudrait dire que j’ai bien travaillé et que l’on voit une première étape du renouveau du Centre-Ville de Marseille.
Le Conseil départemental avec Martine Vassal s’est beaucoup engagé pour aider à la réalisation de ce projet, vous aider aussi en tant que vice-présidente chargée de la Culture au Conseil départemental. Est-ce que 2021 est une date aussi qui vous intéresse politiquement, puisqu’il s’agira du renouvellement du Conseil départemental?
Toutes les échéances électorales nous intéressent. Nous savons très bien, nous les élus, que l’on travaille pendant un temps donné et, qu’à chaque échéance il y a le bilan de ce temps donné. Nous n’avons pas le choix. Tout est rythmé à travers des calendriers qui sont préétablis.
Quelle assistance vous a apporté le CD13 sur la Canebière? Cela a-t-il commencé ou bien ne s’agit-il que des projets pour l’instant ?
Martine Vassal sera présente pour le lancement des dimanches de la Canebière et elle affirmera c’est certain son soutien. Ces dimanches ne sont qu’un maillon de la chaîne d’une ambition partagée aujourd’hui entre la Ville et le Département afin que le Centre-Ville de Marseille devienne le cœur historique et culturel à la fois du département et de la métropole. Moi je préfère dire de la métropole c’est plus dans l’air du temps; département c’est plus administratif comme dimension.
Onze dimanches en 2017 et pour la suite ?
En 2018 cela ne s’arrêtera pas. C’est une proposition pérenne qui s’inscrit dans un nouveau dessein que l’on construit ensemble mais pas juste pour un an. Ce n’est pas la Capitale de la culture… Il est certain que ce n’est pas avec des propositions culturelles, le dimanche, que l’on atteindra cette ambition. Mais parce que c’est un moment fort, un moment clé et de forte attractivité communicante. Pendant ce temps, il y a tout un travail en profondeur qui est en train d’être mené. Celui dont je parlais tout à l’heure : attirer des entreprises, travailler avec les commerçants, avec les habitants.
Vous avez réussi à fédérer les associations?
Pour l’instant on n’en est pas là. On les consulte. On leur demande leur avis, on les associe au projet. Mais les associations ont souvent une existence propre, une utilité propre. Elles sont associées au projet pour la plupart. Certaines vont même participer aux dimanches parce qu’elles partagent cette idée de renouer avec l’histoire de Marseille, avec les racines de la ville.
Au niveau des horaires ?
Ce n’est pas finalisé encore
Envisagez-vous l’ouverture de boites de nuit sur la Canebière ?
Peut-être qu’il y en aura mais ce n’est pas la vocation de la mairie de secteur. S’il y a des projets de boites de nuit pourquoi pas du moment qu’ils sont qualitatifs… Tout projet qualitatif est le bienvenu !
Vous aviez annoncé une grande parade pour le 29 janvier 2017. Quel est le programme pour ce premier dimanche ?
Il y aura une inauguration officielle ça c’est sûr mais en revanche, rien de suffisamment avancé pour détailler le programme. Une conférence de presse est prévue à l’automne.
Et le kiosque à musique en haut de la Canebière?
Il fera partie des dimanches de la Canebière bien évidemment.
Propos recueillis par Antoine LAZERGES