Publié le 14 novembre 2016 à 19h34 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h42
Caroline, Émilie, Fanny, François-Xavier, Houda, Justine… chacune de leurs histoires personnelles parle d’hommes et de femmes qui croquaient la vie avec le sourire et l’insouciance de la jeunesse. Il y a un an, le 13 novembre 2015, ces vies furent fauchées. Hier, 13 novembre 2016, l’UEJF (Union des Étudiants Juifs de France) a souhaité conclure sa Convention Nationale au Site-Mémorial du Camp des Milles en cette date symbolique.
À leur arrivée, cette centaine d’étudiants a d’abord rendu hommage aux victimes de ces attentats. Sacha Ghozlan, président de l’UEJF, déclara: «Nous voilà un an plus tard, au Camp des Milles, dans ce lieu qui est un lieu de mémoire, mais pas seulement, c’est aussi un lieu d’éducation sur la démocratie, sur la citoyenneté. La symbolique est forte de se retrouver ici, devant ce Wagon du Souvenir, pour rendre hommage à celles et ceux qui ont été assassinés dans ces attentats du 13 novembre.»
Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation, prolongea ce propos par une forte interpellation : « Ne nous trompons pas! Le 13 novembre n’est pas seulement un moment terrible. Il est aussi une étape dans le développement actuel des extrémismes identitaires : les assassinats de petits enfants juifs et de leur père à Toulouse, et de militaires à Montauban, les attaques de Charlie Hebdo et de l’hyper Casher, des policiers et un prêtre égorgés, puis l’attentat de Nice…sur fond de montée des crispations identitaires et des nationalismes. Nous vivons ainsi un véritable engrenage identitaire. Et ce processus est dangereux car n’oublions pas que c’est aussi un extrémisme identitaire qui a emporté les hommes, femmes et enfants juifs d’ici même vers la mort d’Auschwitz.» Après la lecture de la «Prière pour la République», quelques bougies furent allumées, à l’unisson avec les cérémonies nationales. Pour ne pas oublier, et pour se recueillir. De riches échanges ont ensuite eu lieu en auditorium entre les jeunes et Alain Chouraqui, celui-ci ayant rappelé la nécessité de résister à temps aux ferments de haine qui se développent et qui peuvent conduire à une situation immaitrisable : «Ne nous réveillons pas un jour en nous disant que nous n’avons pas voulu voir, que nous n’avons pas voulu y croire et que, pourtant, le pire est arrivé.» Sacha Ghozlan souligna alors l’importance du Site-mémorial, «Un lieu qui donne à penser sur la façon dont nous citoyens, nous étudiants, nous juifs, avons la capacité aujourd’hui de regarder le passé pour mieux comprendre le présent et pour pouvoir affronter l’avenir. Parce que l’on sait que les défis auxquels nous sommes confrontés sont nombreux, importants et que c’est en ayant conscience de la mémoire et de l’histoire de la France, que l’on pourra les combattre et mieux résister.»
La visite des lieux a permis ensuite à chacun de découvrir le seul grand camp d’internement et de déportation français encore intact, et de comprendre comment et jusqu’où les engrenages extrémistes racistes et antisémites ont pu mener, durant la Shoah comme dans les autres génocides. «Il est si tôt trop tard», peut-on lire au Site-mémorial. Ces mots résonnent plus que jamais comme un appel à la vigilance et à l’engagement.