Publié le 22 juillet 2018 à 20h27 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h55
«Il faut rester vigilants… Lorsque les paroles et les actes antisémites et racistes ressurgissent, il ne peut y avoir de complaisance. Pour nos jeunes générations, l’enseignement et la compréhension de ces évènements sont essentiels. Ils sont des leçons pour nos consciences et un appel exigeant à la fraternité.» La mémoire, la vigilance et la tolérance… Socles du discours de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des armées, lu par Serge Gouteyron, Sous-Préfet de l’arrondissement d’Aix-en-Provence, lors de la cérémonie officielle pour la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et en hommage aux « Justes de France », au Site-mémorial du Camp des Milles [[Cérémonie organisée à l’invitation de Serge Gouteyron, Sous-Préfet de l’arrondissement d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains Masini, maire d’Aix-en-Provence, Président du Conseil de territoire du Pays d’Aix, vice-président de la métropole Aix-Marseille-Provence – Gérard Deloche, conseiller municipal Délégué aux Affaires militaires, Anciens combattants, Victimes de Guerre – Gilles Donatini, adjoint de quartier, Délégué aux Relations avec les habitants, suivi et développement du quartier Les Milles, la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, l’Association du Wagon-Souvenir et du Site-mémorial des Milles et la Communauté Juive d’Aix-en-Provence.]]. Celui-ci est le seul grand camp européen d’internement et de déportation encore intact, d’où furent envoyés à la mort, par le régime de Vichy, deux mille hommes, femmes et enfants juifs en août et septembre 1942. Il est reconnu aujourd’hui comme un « Vel d’Hiv du sud », actif avant même l’occupation allemande. En cette journée, « la France regarde en face son passé, non pas pour se culpabiliser, mais pour faire en sorte que l’humanité soit éclairée par les fautes et par les horreurs commises, afin que ces tragédies ne se reproduisent pas. Se souvenir est toujours nécessaire, aujourd’hui encore, aujourd’hui particulièrement, alors que nos démocraties sont menacées par des extrémismes religieux, nationalistes et politiques. L’extrémisme identitaire fut le moteur des engrenages de l’époque, comme de ceux d’aujourd’hui», ajouta Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation. «Il y eut quelques monstres et quelques salauds mais ils eurent besoin, pour avancer, de tous ceux qui ont laissé faire, de ces « hommes ordinaires » poussés par des mécanismes ordinaires de peurs, de jalousies, de rejet de l’autre, de soumission aveugle à l’autorité, d’effet de groupe…», continua-t-il, avant d’appeler à la mobilisation de chacun face à ces menaces «car la passivité de la majorité laisse s’organiser et agir des groupes minoritaires répandant idées et violences racistes, prenant appui sur les crises (sociales, économiques ou morales), sur les frustrations et jalousies sociales, et sur le besoin de bouc émissaire qu’elles engendrent souvent. Rien n’est plus simple que de désigner un responsable face à une crise. Et c’est toujours l’autre, minoritaire, étranger, différent, ou perçu comme tel, qui est visé.» Un rappel fondamental, précédé par le témoignage de Joseph Weissman, rescapé de la rafle du veld’hiv, qui avait 11 ans à l’époque, par Denise Toros-Marter, déportée à 16 ans à Auschwitz. Dan Amiach, Président de la communauté Israélite d’Aix-en-Provence, appela lui aussi à la vigilance, en citant dans son allocution Eric Vuillard (L’ordre du Jour) : «On ne tombe jamais deux fois dans le même abîme. Mais on tombe toujours de la même manière» et cette manière, la Shoah nous la fait connaître. Mais cette cérémonie, tout comme ce lieu, le Camp des Milles, visent à rendre hommage également aux « Justes de France » et à tous ceux qui ont su réagir courageusement à cette barbarie, au nom des valeurs de tolérance et d’humanité.
Leurs noms furent aussi rappelés.
Se souvenir de « L’obscurité mais aussi de la lumière des « Justes « . Ainsi la nation française associe dans un même hommage la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et celle de ses héros souvent anonymes. Même aux heures les plus sombres de la France, lorsque le régime de Vichy bafouait nos idéaux en se rendant complice de la barbarie nazie, lorsque des français collaboraient avec l’ennemi, des hommes et des femmes incarnaient l’espérance et le respect de la dignité humaine (…) Grâce à ces héros, la France peut regarder son histoire en face et sait que les mots d’honneur et d’humanité ont toujours un sens. » C’est ainsi que se conclut le discours de Geneviève Darrieussecq. Un appel pour réagir, résister, chacun à sa manière face aux intolérances…