Publié le 16 juillet 2018 à 10h49 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
Elle s’est engagée conformément à ses promesses de campagne au plus près des entreprises locales mais a joué aussi son rôle d’agence de développement économique sur son territoire, tout en contribuant au rayonnement de ce dernier à l’international. Pour Jean-Luc Chauvin, président de la CCIMP, c’est mission accomplie. Mais ce n’est pas fini…
«18 mois plus tard, nous avons tenu promesse». A la CCIMP, l’heure est au bilan et celui-ci est bon. Ce n’est pas tant son président, Jean-Luc Chauvin, qui le clame, ce sont tout d’abord les chiffres. Depuis le début de la mandature «nous avons eu 32 000 contacts clients, organisé plus de 60 rencontres business, avec une totalité de 13 000 participants. Nous avons été reçus chez eux par 440 chefs d’entreprise». Des interactions pour un constat, sans appel : «Nos entreprises expriment d’énormes attentes, elles ont besoin de nous et cherchent des solutions auprès de la Chambre. Elles nous le disent quand on va les visiter : il faut aller plus loin, les accompagner dans toutes les étapes de leur croissance. Et cela, c’est valable pour les start-up comme pour les PME bien structurées».
Active auprès des entreprises
Aller plus loin pour les entreprises du territoire, cela veut dire par exemple innover. C’est le cas avec la mise en œuvre du « Metropolitan business act », visant à favoriser l’achat local et de fait, à créer de la richesse sur le territoire. Et la mayonnaise a visiblement pris : «500 entreprises, PME et TPE du territoire, parfois même des ETI, ont signé le pacte. Ainsi que plus de 100 grands donneurs d’ordre, dont des services de l’État. La représentante du service achat de l’État qui est venue ici le 6 avril, alors que l’on mettait en phase 300 PME et TPE du territoire avec des acheteurs d’État, elle a demandé au médiateur des entreprises nationales de faire la même chose dans les autres régions françaises», rapporte Jean-Luc Chauvin. Mais ce peut être également par la mise à disposition des entreprises d’un catalogue d’applications pratiques, clé en main : CCI Store, «premier market place des e-services conçus pour des entrepreneurs, par des entrepreneurs. Il a enregistré 5 612 visites sur les deux derniers mois, depuis son lancement». Rouler pour les entreprises locales, ce peut être aussi «en prenant des positions courageuses», par exemple sur la question du développement du foncier économique. Parce que ce n’est pas tout d’attirer les structures natives d’autres territoires, voire de l’étranger, ce n’est pas tout non plus d’encourager l’émergence de nouvelles pépites. Encore faut-il que ces acteurs économiques puissent s’implanter dans de bonnes conditions, s’épanouir et s’agrandir… Dans cette optique, les équipes de la chambre ont émis «16 avis concernant des PLU (Plan local d’urbanisme). Nouveauté, on a émis 2 défavorables et deux sous réserve. On a formulé par ailleurs 79 recommandations pour modifier les documents, tenir compte dans ceux-ci de la question du développement économique». Par ailleurs, il y a aussi la création de l’Observatoire du foncier avec la Métropole, qui sert un but : (a)ménager quelque 400 ha nouveaux pour les entreprises, à horizon 2021.
Un outil bien ancré sur son territoire
Force est de constater que les interactions avec les collectivités locales ne manquent pas, faisant de la CCIMP l’agence de développement économique voulue par Jean-Luc Chauvin, et celle-ci est active sur le territoire. Preuve en est avec la prise de position sur le projet de zone touristique, avec les autres chambres consulaires, et la mise en garde faite auprès de Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille : «Nous avons dit trop vite, trop fort monsieur le maire. Nous avons donc demandé une audience au préfet pour lui exposer notre point de vue. Et ce dernier a invité la ville de Marseille à la réalisation d’études complémentaires… La CCIMP est à la disposition de la Mairie et de l’État pour conduire les études demandées», lance Jean-Luc Chauvin, observant par ailleurs qu’il faut déterminer la bonne façon d’y aller, de définir cette zone autant au Nord qu’au Sud, en intégrant par exemple des quartiers comme l’Estaque. L’idée étant de donner le jour à une zone séduisante, attractive dans l’optique de l’accueil des JO de 2024. Sur la question de l’aéroport également, la chambre a entrepris de fédérer les acteurs locaux et impulsé la mise en place d’un futur pacte d’actionnaires, avec une ambition : aller chercher des ouvertures de lignes. Sachant que pour cela on ne vend pas seulement un aéroport, mais aussi l’attractivité de tout un territoire…
Un rayonnement accru à l’international
… et ce territoire, il trace son sillon aussi à l’international. L’image de Marseille Provence progresse, c’est perceptible grâce aux nombreuses missions réalisées à l’étranger. «Mais cela se voit aussi grâce au nombre de délégations qui viennent sur le territoire. Ce 5 juillet, nous avons par exemple un forum franco-tunisien au Palais de la Bourse, nous avons reçu fin juin également les ateliers de la CPCCAF, avec 31 pays représentés, dont une délégation québécoise qui nous a demandé de venir chez eux…» Donc l’image est forte, la visibilité accrue. «Notre territoire a besoin de prendre confiance en lui, de voir grand. Nous ne sommes pas en compétition avec Toulon, Bordeaux, Lyon… Nos compétiteurs, ce sont les grandes capitales, les villes de Turquie, Barcelone, Rome… Dans le monde, on voit bien que l’on raisonne de la même façon». Impératif, donc : continuer à rayonner. Pour ce faire, la CCIMP a aussi ouvert le corridor économique avec l’Afrique, par le biais de la création d’AfricaLink. Et la communauté d’entrepreneurs francophones réunis sous cette estampille devient aujourd’hui à la faveur d’une convention signée avec la CPCCAF l’outil de l’ensemble des 31 chambres de commerce africaines francophones. «Pour la première fois, il existe une feuille de route, une stratégie internationale. Nos entreprises, notre territoire en avait besoin», se félicite Jean-Luc Chauvin. Et de fait, les entreprises en bénéficient, par leur participation au CES de Las Vegas (20 d’entre elles co-pilotées par la Chambre sur les 44 venues de la Région), ou lors de missions économiques comme à Miami… La dynamique se poursuit à la rentrée : «On sera présent avec les entrepreneurs à Hambourg, mission organisée par la ville de Marseille, ou encore au Japon avec la ville d’Aix qui nous demande de les accompagner et de trouver des entrepreneurs qui veulent faire du business avec ce pays ».
Et maintenant ?
Bref, 18 premiers mois prometteurs et une volonté de perdurer dans l’accélération. Mais pour mieux mesurer la teneur de sa progression, la CCIMP applique la méthode entrepreneuriale : elle a pris «une photo de départ», soit les indicateurs 2016, avant le début de la mandature, de l’empreinte économique de la CCIMP sur le territoire. Elle en établira le différentiel par le biais de nouvelles analyses en 2020. Quatre ans donc pour faire plus fort que les 1,5% de la valeur économique des Bouches-du-Rhône dont elle se prévalait il y a deux ans. «Ce qui veut dire qu’à partir de 27M€ de taxes que nous recevons, nous créons 866 K€ de valeur ajoutée sur le territoire. Pour moi, ce n’est pas un élément de satisfaction, c’est un point de départ ». Ainsi plus que jamais, la chambre travaille à la mise en œuvre de projets, déjà votés, dès ce mois de septembre. Parmi ces derniers, la simplification et l’accélération de l’obtention de financements pour les entreprises via la création d’une structure dédiée avec des partenaires bancaires, la Cefim et les collectivités territoriales. De quoi «renforcer la vocation de tiers de confiance de la Chambre de commerce et créer de la valeur pour les entreprises en leur permettant de se développer ici ». Il y a également l’obtention de la DSP relative à l’anse de la Réserve, une nouveauté pour la CCIMP. Toutefois, Jean-Luc Chauvin rappelle que «le réseau consulaire gère déjà plus de 150 ports de plaisance et de commerce en France». Ainsi la CCIMP porte-t-elle de hautes ambitions pour la mer, en visant notamment un accès facilité à cette dernière pour les résidents et les touristes, dans l’optique des JO de 2024. En ligne de mire, la mise en œuvre «d’une filière de plaisance qui corresponde aux meilleurs standards internationaux». Autre projet acté, l’ouverture du Palais de la bourse aux entreprises, avec une volonté de repenser ses usages par le biais du CCI Lab, mais aussi de la recentralisation de l’activité relative aux formalités, jusqu’ici située rue Saint Victoire. «Et puis, comme cela existait jadis, on va recréer un espace, un café qui soit ouvert au public, aux touristes en même temps qu’aux entreprises». Un autre pas vers l’autofinancement de la chambre, but visé par Jean-Luc Chauvin dès le début de sa mandature ? Puis enfin, il y a les chantiers à venir. Parmi ceux-ci, la création d’une stratégie de marketing territorial. «Nos entreprises le réclament, celles du top 20 mais pas seulement, l’ensemble des acteurs économiques le réclament, l’UPE13, la CGPME, le grand port maritime, l’aéroport, Euromed, les offices du tourisme, Provence Promotion, l’AMU… Parce que c’est plus simple pour être identifié sur l’échiquier de la compétition mondiale, plus simple pour vendre un territoire quand on est tous alignés derrière une marque commune». Inutile de dire que sur ce sujet, la chambre ne tardera pas à enclencher la dynamique, car «le plus tôt sera le mieux ».
Carole PAYRAU