CCI Marseille-Provence: Le grand oral de Renaud Muselier

Publié le 22 janvier 2018 à  10h09 - DerniÚre mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h52

Renaud Muselier reçu à la CCIMP par son président Jean-Luc Chauvin  (Photo Robert Poulain)
Renaud Muselier reçu à la CCIMP par son président Jean-Luc Chauvin (Photo Robert Poulain)
Renaud Muselier, le prĂ©sident de la rĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur est un habituĂ© du Palais de la Bourse, Ă  Marseille. Il y est venu en tant que prĂ©sident d’EuromĂ©diterranĂ©e, dĂ©putĂ© des Bouches-du-RhĂŽne, dĂ©putĂ© europĂ©en, secrĂ©taire d’État aux Affaires Ă©trangĂšres mais, sa visite, ce vendredi 18 janvier Ă©tait attendue puisqu’il venait pour la premiĂšre fois en tant que PrĂ©sident de la RĂ©gion Provence Alpes CĂŽte d’Azur. «Un prĂ©sident de RĂ©gion qui prend ses responsabilitĂ©s et affirme son pragmatisme avec les Assises rĂ©gionales des transports, qui n’hĂ©site pas Ă  bouger les lignes avec la dĂ©nomination « Sud Provence Alpes CĂŽte d’Azur », et qui sait ĂȘtre visionnaire avec la « MĂ©diterranĂ©e du futur », le Grand Plan Climat rĂ©gional, ou l’ambition d’ĂȘtre la premiĂšre « Smart RĂ©gion » d’Europe», avancera Jean-Luc Chauvin qui ne manque pas de noter que Renaud Muselier est aussi chef d’entreprise: «Il est donc attentif Ă  la vie Ă©conomique du territoire et au quotidien des entrepreneurs». Et c’est sans langue de bois aucune que Renaud Muselier a rĂ©pondu Ă  toutes les questions concernant, entre autres, la mĂ©tropole Aix-Marseille-Provence, la formation professionnelle, le devenir de l’aĂ©roport Marseille Provence… aprĂšs avoir indiquĂ©: «2017 fĂ»t l’annĂ©e du changement, voire du bouleversement sur la scĂšne internationale, nationale et rĂ©gionale. 2018 devra ĂȘtre l’annĂ©e qui nous permet de donner du sens Ă  notre action. Lui donner de la clartĂ©, de la visibilitĂ© et de la lisibilitĂ©. Que chacun comprenne quel est le rĂŽle de l’institution rĂ©gionale -il est majeur- et quelles sont ses compĂ©tences». «Lorsqu’en dĂ©cembre 2015 nous avons Ă©tĂ© Ă©lus avec Christian Estrosi, nous avons hĂ©ritĂ© de la RĂ©gion la plus mal gĂ©rĂ©e de France. Nous dĂ©tenions tous les records. Mais, jamais les plus glorieux», dĂ©plore-t-il. «Le pouvoir politique, poursuit-il, avait Ă©tĂ© abandonnĂ© et l’institution servait de guichet de banque aux autres collectivitĂ©s. Nous avons donc hĂ©ritĂ© d’une collectivitĂ© endettĂ©e, sans poids politique et qui servait de tiroir-caisse aux autres Ă©lus». PrĂ©cisant immĂ©diatement que la barre a Ă©tĂ© redressĂ©e «en stoppant l’hĂ©morragie des finances publiques et en lançant un grand plan d’économies (rĂ©duction du parc automobile, ventes de locaux inutilisĂ©s, mutualisation des locaux avec d’autres collectivitĂ©s pour les Maisons de la RĂ©gion
), nous avons renforcĂ© notre attractivitĂ© territoriale en mettant en plus une stratĂ©gie de marketing territorial basĂ©e sur nos 3 marques monde -Provence, Alpes et CĂŽte d’Azur- via notre ComitĂ© RĂ©gional du Tourisme».

«Une métropole qui doit aller plus vite et plus loin»

Jean-Luc Chauvin aborde la mĂ©tropole Aix-Marseille-Provence : «MĂ©tropole encore jeune, qui n’hĂ©site pas cependant Ă  s’inscrire dans la compĂ©tition internationale. Une mĂ©tropole qui doit aller plus vite et plus loin, qui doit dĂ©livrer encore plus d’actions concrĂštes. Une mĂ©tropole-Capitale rĂ©gionale, qui ne sera forte que si elle peut s’appuyer sur une RĂ©gion forte. De mĂȘme qu’une rĂ©gion doit pouvoir adosser son rayonnement Ă  une mĂ©tropole forte. Une mĂ©tropole euromĂ©diterranĂ©enne. Une mĂ©tropole mondiale. La Team CCIMP est totalement impliquĂ©e dans ce dĂ©fi mĂ©tropolitain. Nous assumons depuis un an le rĂŽle d’Agence de dĂ©veloppement Ă©conomique de la mĂ©tropole et nous commençons Ă  dĂ©ployer les actions de la convention-cadre signĂ©e dĂ©but 2017, dans les domaines de l’attractivitĂ©, du commerce et, trĂšs bientĂŽt, dans ceux de la mobilitĂ©, du foncier, des filiĂšres, et du pacte PME».
Renaud Muselier tient Ă  prĂ©ciser pour sa part : «Je n’ai pas votĂ© la Loi NOTRe, j’en hĂ©rite. Elle place les rĂ©gions au cƓur de l’action publique en leur confiant d’importantes responsabilitĂ©s : dĂ©veloppement Ă©conomique et international, formation professionnelle et apprentissage, gestion des fonds europĂ©ens, transports, lycĂ©es, politique culturelle, amĂ©nagement du territoire. S’agissant de la compĂ©tence Ă©conomique qui est notre compĂ©tence phare, la RĂ©gion est le bon Ă©chelon». Il n’omet pas d’ajouter: «Puis il importe Ă  mes yeux d’articuler les politiques avec les Ă©lus et ne rien faire sans eux».

«J’ai rappelĂ© Ă  Jean-Claude Gaudin qu’il m’avait appris que celui qui paie dĂ©cide, aujourd’hui je paie…»

Concernant la mĂ©tropole, Renaud Muselier rappelle : «J’ai organisĂ© le dĂ©bat sur le Grand Marseille, j’ai toujours Ă©tĂ© favorable aux mĂ©tropoles. Maintenant, lorsque le climat est apaisĂ© les choses sont simples. C’est le cas Ă  Nice, Ă  Toulon, ici c’est beaucoup plus compliquĂ©, tout le monde est contre tout le monde. Le seul avec qui les choses sont simples c’est François Bernardini qui n’est pas de mon bord.» PrĂ©cise qu’il n’entre pas dans le jeu des conflits: «Je travaille avec tous, arbitre, dĂ©cide, dans le cadre d’un dĂ©veloppement harmonieux du territoire, avec la volontĂ© d’avoir une COP d’avance. J’ai rappelĂ© Ă  Jean-Claude Gaudin qu’il m’avait appris que celui qui paie dĂ©cide, aujourd’hui je paie…» Et, s’adressant au monde Ă©conomique, il assure: «Je veux vous Ă©couter, vous aider. Dans ce cadre je tiens Ă  rappeler que nous avions mis en place avec Claude Cardella, alors prĂ©sident de la CCIMP, un 4 X 4 permettant de se rencontrer en petit comitĂ© et d’ĂȘtre efficace, pourquoi ne pas remettre en place ce systĂšme?»

«Nos entreprises ont besoin de main d’Ɠuvre qualifiĂ©e»

Jean-Luc Chauvin Ă©voque la formation, l’apprentissage, l’emploi… Expliquant: «Nos entreprises ont besoin de main-d’Ɠuvre qualifiĂ©e. Que peuvent dĂ©sormais attendre nos entreprises de l’action rĂ©gionale dans ce domaine ?». Il indique que la CCIMP est prĂȘte Ă  s’inscrire dans la dĂ©marche «Parrain pour l’Emploi» qui propose de rapprocher de l’emploi les personnes jeunes et adultes rencontrant des difficultĂ©s d’insertion, de leur fournir des clĂ©s d’accĂšs au monde du travail ou de retour sur le marchĂ© de l’emploi.
«Sur le soutien aux filiĂšres et la nĂ©cessaire accĂ©lĂ©ration des Grands projets mĂ©tropolitains : nos Ă©lus et nos Ă©quipes participent Ă  la dĂ©marche OIR et nous sommes cĂŽte-Ă -cĂŽte dans les comitĂ©s de pilotage de Giptis, Henri-Fabre, Piicto, The Camp » Et d’interroger: «Comment la RĂ©gion entend-elle intervenir?».

«Nous avons bùti une stratégie économique radicalement nouvelle»

Le PrĂ©sident de RĂ©gion de rĂ©pondre: «Nous avons bĂąti une stratĂ©gie Ă©conomique radicalement nouvelle par rapport Ă  ce que faisaient nos prĂ©dĂ©cesseurs. Nous avons Ă©laborĂ© cette stratĂ©gie Ă©conomique ensemble notamment Ă  travers le SchĂ©ma RĂ©gional du DĂ©veloppement Économique, de l’Innovation et de l’Internationalisation ! Ce SchĂ©ma a servi de base Ă  toutes les collectivitĂ©s du territoire rĂ©gional pour Ă©laborer leur agenda Ă©conomique. L’agenda Ă©conomique de la MĂ©tropole Aix-Marseille a mĂȘme Ă©tĂ© annexĂ© sur celui de la RĂ©gion pour plus de cohĂ©rence. Il fallait abattre le mur qui s’était Ă©rigĂ© entre les chefs d’entreprises et notre RĂ©gion depuis 18 ans. Nous avons tissĂ© des liens de confiance car sans confiance aucune Ă©conomie n’est possible. Nous ne pouvions pas bĂątir une stratĂ©gie Ă©conomique efficace et nouvelle en se coupant de celles et ceux qui crĂ©ent les emplois privĂ©s ».
Et d’afficher 3 objectifs: passer de 5 % des crĂ©ations d’emplois Ă  l’échelle nationale Ă  10; obtenir 5 points de croissance de plus que la moyenne nationale; doubler le nombre de brevets dĂ©posĂ©s en Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur.

«Nous sommes la seule Région de France à avoir été capable de signer une convention exclusive avec Business France»

Il revient sur le CES de Las Vegas oĂč Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur Ă©tait la premiĂšre dĂ©lĂ©gation française. «J’ai accompagnĂ©, la semaine derniĂšre plus de 60 entreprises de notre territoire rĂ©gional au CES pour faire du Business et signer des contrats (9 Awards pour 7 de nos entreprises). Nous ferons le bilan dans quelques semaines mais il est dĂ©jĂ  trĂšs positif et nous sommes la seule RĂ©gion de France Ă  avoir Ă©tĂ© capable de signer une convention exclusive avec Business France. En marge du CES, j’ai rencontrĂ© Monsieur Yossi Vardi (le Xavier Niel IsraĂ©lien) avec qui, je suis heureux de vous annoncer, que nous allons collaborer en vue de la 2e Ă©dition de la « MĂ©diterranĂ©e du futur » autour des start-up et du financement de projets verts». Et, constate avec satisfaction: «Pour la premiĂšre fois de son histoire, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) a vu un de ses projets sĂ©lectionnĂ©s par la Commission europĂ©enne pour recevoir plus de 10M€ de fonds europĂ©ens». Met en exergue les «nombreuses» perspectives pour 2018. Il cite : «Nous allons lancer avec le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, le bureau de l’export. Nous avons votĂ© un plan climat de prĂȘt de 400M€ soit 20 % de notre budget pour cette annĂ©e. ArticulĂ© autour de 5 axes : Ă©co-mobilitĂ©, neutralitĂ© carbone, croissance verte, prĂ©servation de la biodiversitĂ© et amĂ©lioration du bien-ĂȘtre, il doit nous permettre de devenir la 1Ăšre RĂ©gion Ă  appliquer les accords sur le climat de la COP 21.» Souhaite mettre l’environnement au service de l’emploi. «Nous allons renforcer nos collaborations avec le TOP 20 et la French Tech d’Aix Marseille. Nous allons opĂ©rer une reprise en main de nos agences satellites l’ARII et l’AREA.»
Il parle de la formation Ă  la suite d’une intervention rĂ©clamant que cette derniĂšre revienne aux fĂ©dĂ©rations: «D’accord pour le BTP et l’Union des industries et mĂ©tiers de la mĂ©tallurgie, rĂ©pond-il, pas pour les autres car je ne pense pas qu’elles soient en capacitĂ© d’assurer les formations. Le PrĂ©sident Macron a raison, il n’y a pas assez d’apprentis, il a Ă©galement raison sur le fait que certaines rĂ©gions ne jouent pas le jeu, tel n’est pas le cas de la nĂŽtre. Et nous avons l’ambition d’arriver Ă  50 000 apprentis Ă  la fin de notre mandat».
La question du guichet unique visant Ă  venir en aide aux entreprises est Ă©voquĂ©e, Renaud Muselier et Pierre Grand-Dufay, prĂ©sident de la commission Économie et Emploi de la RĂ©gion observent que le niveau de qualitĂ© de ce systĂšme «n’est pas satisfaisant» et qu’il va Ă©voluer. Renaud Muselier reprend: «Nous avons crĂ©Ă© un fonds d’investissement rĂ©gional dotĂ© de 300M€ pour aider nos entreprises en difficultĂ© et accompagner les entreprises innovantes, lancĂ© un grand plan d’investissement d’un milliard d’euros pour dynamiser nos filiĂšres d’excellence. Initialement basĂ© autour de 12 OpĂ©rations d’IntĂ©rĂȘt RĂ©gional. Je vous annonce que nous avons fait le choix de rĂ©duire leur nombre Ă  8 pour les rendre plus opĂ©rationnelles et donner davantage de cohĂ©rence Ă  l’ensemble. Le nombre d’OIR change mais l’objectif reste le mĂȘme : 50 000 emplois crĂ©Ă©s, 1 milliard d’euros d’investissement et 500 nouvelles entreprises attirĂ©es sur le territoire. Dernier comitĂ© des financeurs, 180M€ pour 12 projets financĂ©s. Nous avons crĂ©Ă© Paca THD sur 5 de nos 6 dĂ©partements pour dĂ©velopper les infrastructures numĂ©riques et devenir la premiĂšre Smart RĂ©gion d’Europe. Nous consacrons chaque annĂ©e plus de 36M€ dans notre budget au numĂ©rique.». Et se fĂ©licite des premiers rĂ©sultats concrets: «Nous avons Ă©tĂ© Ă©lus en 2017 la RĂ©gion la plus dynamique et la plus innovante de France».

«Vous ne serez donc pas Ă©tonnĂ© de la prioritĂ© que nous allons mettre en 2018 sur l’AĂ©roport»

Jean-Luc Chauvin reprend: «Sur le rayonnement international, nous prenons naturellement acte de la compĂ©tence rĂ©gionale et de vos pays prioritaires. Pour autant, les destinations-phares d’Aix-Marseille-Provence – qui a vocation Ă  devenir le Hub de l’Europe, de la France, de la RĂ©gion Sud vers la MĂ©diterranĂ©e et l’Afrique – doivent avoir toute leur place dans votre stratĂ©gie d’internationalisation». Il enchaĂźne: «Vous le savez, nous avons, Ă  la CCIMP l’ambition de faire d’Aix-Marseille-Provence un Champion. Vous ne serez donc pas Ă©tonnĂ© de la prioritĂ© que nous allons mettre en 2018 sur l’AĂ©roport. C’est un outil stratĂ©gique pour nos entreprises, pour notre compĂ©titivitĂ©, pour notre positionnement business et notre rayonnement international. Nous allons donc militer et agir pour dĂ©velopper nos connexions aĂ©riennes sur les USA: Miami, New York, Los Angeles ; sur l’Afrique : en particulier vers Casablanca, hub aĂ©roportuaire pour tout ce continent, qui justifierait des navettes rĂ©guliĂšres ; sur l’Asie aussi». Sur l’aĂ©roport, Renaud Muselier cĂšde la parole Ă  Bernard Kleynhoff, prĂ©sident de la commission industrie de la rĂ©gion: «L’aĂ©roport Marseille-Provence va ĂȘtre privatisĂ©, un phĂ©nomĂšne que Nice a connu voilĂ  deux ans. Pour que cela se passe au mieux il faut du collectif. Nous allons vous apporter notre expĂ©rience dans l’Ă©laboration du cahier des charges. Il vous faudra d’autre part ĂȘtre partenaire de l’État afin d’ĂȘtre dans le dispositif». L’importance Ă©conomique, pour notre rĂ©gion, de la MĂ©diterranĂ©e et de l’Afrique ainsi que de la francophonie est affichĂ©e par la CCIMP. Un propos que Renaud Muselier entend: «Michel Vauzelle a bien fait son travail pour la reconnaissance de la RĂ©gion en MĂ©diterranĂ©e. En ce qui me concerne j’ai montĂ© l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e avec Sarkozy, j’ai prĂ©sidĂ© l’Institut du Monde Arabe et nous avons lancĂ©, avec le soutien de Jean-Yves Le Drian, « MĂ©diterranĂ©e du futur ». Je suis conscient qu’il y a une volontĂ© des peuples mĂ©diterranĂ©ens de trouver un Ă©quilibre sociĂ©tal, humain. Je mesure aussi qu’aujourd’hui nous sommes les seuls Ă  pouvoir porter une politique euro-mĂ©diterranĂ©enne».
Renaud Muselier conclut avec « MP 2018 quel amour ». «Je tiens Ă  fĂ©liciter Raymond Vidil et l’ensemble des chefs d’entreprises qui ont portĂ© ce projet avec la volontĂ© d’associer tourisme et culture». «La RĂ©gion, ajoute-t-il, a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă  soutenir cette opĂ©ration en apportant 500 000 euros ce qui fait que Jean-Claude Gaudin, qui Ă©tait contre, a dĂ» soutenir Ă  son tour l’opĂ©ration».
Michel CAIRE

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