Publié le 3 juillet 2014 à 19h39 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h55
Eric Ammar, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence (CCIMP), délégué au développement des TPE/PME et Maurice Wolff, vice-président de l’UPE 13 viennent de présenter les tendances conjoncturelles de la métropole Aix-Marseille-Provence au 1er trimestre 2014. A cette occasion un focus a été réalisé sur la filière Transport-Fret-Logistique, avec les témoignages de Frédéric Dagnet, Grand port maritime de Marseille (GPMM) et Éric Demonsant, société Ecomodal.
Maurice Wolff avance : «Dans un contexte de croissance nationale inférieur à 1%, les entreprises de la métropole Aix-Marseille-Provence consolident leur activité au 1e trimestre 2014. Il faut maintenant envoyer des messages clairs aux chefs d’entreprise. Si on note des avancées, des perspectives, des signes de défiance perdurent, tel le projet sur la pénibilité, totalement ingérable pour les entreprises et la durée minimale de 24 heures pour le temps partiel auront des répercussions en termes d’emplois. Et puis perdure en France la question des effets de seuil : les entreprises ont besoin de se développer mais lorsqu’elles dépassent les 50 salariés, apparaissent une trentaine d’obligations supplémentaires».
Eric Ammar d’ajouter: «Si je devais demander une seule chose au gouvernement, se serait une mesure qui, en plus, ne coûte pas d’argent : des simplifications administratives».
Puis d’en venir au tableau de bord, le document laisse apparaître qu’au 1e trimestre 2014 près de la moitié des entreprises (49%) indique une stabilisation de leur activité contre 28% au trimestre précédent. Elles sont toutefois encore 32% à indiquer une baisse contre 19% une hausse. Cette consolidation se retrouve également au niveau des marges, puisque 58% des entreprises indiquent un taux stable et 33% un taux en baisse contre 49% au trimestre précédent. Pour ces deux indicateurs le secteur le plus en difficulté est le commerce de détail (activité et marge en baisse pour plus de 40% des entreprises interrogées). Un résultat qui, pour la Chambre, confirme les résultats observés pour les soldes d’hiver, considérés comme les plus mauvais de la décennie.
Au 2e trimestre 58% des entreprises anticipent un chiffre d’affaires stable
Plus globalement le chiffre d’affaires connaît un recul de 1,6% par rapport au 1e trimestre 2013. Ce recul est observé dans tous les secteurs à l’exception des services hors hôtels, cafés et restaurants.
Au 2e trimestre, cette tendance à la consolidation de l’activité devrait se confirmer, puisque 58% des entreprises anticipent un chiffre d’affaires stable. Il est même possible, selon la Chambre, «de faire preuve d’un certain optimisme, 25% des entreprises escomptant une progression du chiffre d’affaires, contre 14% une baisse. Le commerce de gros reste le secteur le plus optimiste, le commerce de détail le plus pessimiste, et les hôtels, cafés et restaurants le plus partagé».
Concernant les événements marquants du 1e trimestre «les chefs d’entreprise mettent en avant la vie politique avec les élections municipales et le remaniement ministériel. La conjoncture économique et la hausse des taxes restent toutefois des préoccupations majeures».
Les chefs d’entreprise sont également interrogés sur la métropole. Eric Ammar indique : « 61% d’entre eux pensent que l’image du territoire est attractive (+18% par rapport à la précédente étude) et 59% considèrent que l’organisation en métropole est importante pour leur propre entreprise. Enfin, ils sont 70% à juger que l’organisation en métropole est importante pour le développement économique du territoire».
Enfin le tableau de bord revient sur la transmission/reprise d’entreprise : «Au niveau du territoire couvert par la Chambre 18 000 entreprises représentant plus de 100 000 emplois sont dirigés par un chef d’entreprise ayant plus de 55 ans. Seuls 34% d’entre eux ont pensé à la transmission. Or, cette étape clé peut prendre de 3 à 5 ans, de la préparation à la cession effective. Cette question est particulièrement importante sur notre territoire car nous avons un fort taux d’entreprises de moins de 10 salariés et c’est là que la transmission est la plus difficile».
«43 000 emplois sont liés à Marseille-Fos, soit 8% des emplois salariés des Bouches-du-Rhône»
Puis, après ce tableau de bord, vient l’heure d’un focus sur les transports et la logistique. Frédéric Dagnet, GPMM, met en avant, en premier lieu, l’importance du port en terme d’emploi : «43 000 emplois sont liés à Marseille-Fos, soit 8% des emplois salariés des Bouches-du-Rhône». Puis de noter : «Fin mai, une évolution négative par rapport à l’année précédente, de -5%. Cette situation est due aux hydrocarbures car, sur tous les autres postes, l’évolution est positive. Le volume global donne donc une fausse image de la réalité ». On relève ainsi une croissance des trafics dans des secteurs tels la sidérurgie ou encore les conteneurs «grâce à la dynamique de Fos». On compte aussi 58 000 voyageurs de plus par rapport à l’année précédente. Il conclut son propos en soulignant que le Port a également un rôle d’aménageur : «A Fos nous avons des entreprises qui ont connu des difficultés. Pour faire face à cela elles ont décidé de mutualiser un certain nombre de flux dans une logique d’écologie industrielle. Et nous aidons ces industriels en réalisant des infrastructures, permettant l’échange de ces flux».
Eric Demonsant dénonce le fait que «le fret ferroviaire se soit effondré en France ces dix dernières années». Il considère que l’impact des grèves a joué sur cet état de fait. Déplore le comportement de l’État et de SNCF Fret. Eric Ammar explique : «Le problème des transporteurs en France réside dans le fait qu’on leur met de plus en plus de contraintes sur la route mais on ne leur offre pas d’alternative».
Une situation d’autant plus regrettable, selon Eric Demonsant que «le transport ferroviaire coûte la moitié de celui en camion et que l’économie en CO2 est de 85 à 92%. De plus, la sûreté et la sécurité sont de très haut niveau avec le ferroviaire. Et un coût de transport moins cher, c’est de la marge pour l’entreprise». Et d’ajouter: «Il ajoute que le transport combiné connaît une croissance de 10% en Europe pendant qu’il stagne voire décroit en France». Dénonçant d’autre part: «300 locomotives sont immobilisées en France par la SNCF alors que des opérateurs privés sont contraints d’acheter au prix fort des locomotives neuves».
Et de conclure par une touche d’optimisme en considérant que la région Paca dispose d’atouts en matière de transports multimodal ou, en tout cas, de potentialités.
Michel CAIRE