La CCI Aix-Marseille-Provence, en collaboration avec le collectif « Tous Acteurs», vient d’organiser au Palais de la Bourse à Marseille l’événement «Urgence foncier» : une matinée pour échanger et faire entendre les besoins des entreprises du territoire d’Aix Marseille-Provence sur la problématique du foncier, un défi majeur pour l’attractivité du territoire. Réunion lors de laquelle les enjeux mais aussi des exemples et des solutions concrètes et innovantes ont été mis en avant pour répondre efficacement et durablement à cet enjeu.
Un défi majeur pour l’attractivité du territoire
La rareté des opportunités d’implantation, la préservation des ressources foncières -lois «Climat et résilience», «Zéro artificialisation nette»-, les mouvements de réindustrialisation et de décarbonation -loi « Industrie Verte », programme « Territoires d’industrie »- … sont autant de défis majeurs pour l’avenir économique et l’attractivité de notre territoire.
Cette matinée d’échanges, voulue et conçue en collaboration avec le monde économique, est destinée à tous ceux qui souhaitent agir et innover pour relever les défis liés à l’accès au foncier et à l’immobilier pour les entreprises. Quelque 250 personnes ont participé à cette matinée qui a réuni les principaux décideurs et acteurs du territoire, offrant une occasion unique d’échanger et de collaborer sur les enjeux liés à l’aménagement et au développement économique.
« Il faut travailler la question de la hauteur »
Renaud Tarrazi rappelle: « Avant on ne se posait pas de question, on s’étalait parce qu’il y avait de la place. Ce n’est plus le cas et c’est logique de préserver le terrain. Il faut réfléchir autrement ». Pour lui : « Il faut travailler la question de la hauteur. Cela se fait à Hong Kong, à Singapour depuis longtemps, mais cela se fait aussi aux Etats-Unis. » Salah Tachoukaft, ville de Marseille, rappelle que la cité phocéenne accueille 1/3 des emplois productifs de la métropole : « Nous sommes dans une ville où le besoin en logements est croissant tout comme nous sommes confrontés à des enjeux de renforcement du tissu urbain dédié aux entreprises. Pour répondre aux demandes de la population, nous avons besoin d’infrastructures, de transport. A partir de là il faut savoir que nous avons la volonté de maintenir l’accueil des entreprises productives sur le territoire communal tout en prenant en compte les enjeux environnementaux ». Et évoque une opportunité : « Nous avons un sujet d’obsolescence de zones d’activités ce qui offre la possibilité de maintenir et accueillir des activités.» Mais, il tient à dénoncer :«Certains empêchent des opérations parce qu’ils sont dans des logiques spéculatives et attendent que leurs terrains deviennent constructibles pour de l’habitat, le mètre carré se vendant alors plus cher.»
Renaud Tarrazi reprend : « Il existe des solutions pour trouver du foncier pour l’entreprise. Il en existe dans les friches mais aussi dans les pieds d’immeuble et des centres commerciaux ont un volume qui pourrait être utilisé à de multiples fonctions.» Il ajoute : «On peut laisser des sites en activité et construire dessus ».
« Passer du constat à l’action »
Il revient à la sénatrice UDI Brigitte Devesa et au président de la CCIAMP, Jean-Luc Chauvin de conclure ce débat. La sénatrice rappelle : « Le problème du foncier ne date pas d’aujourd’hui et il empire. Les maires me disent les problèmes auxquels ils sont confrontés, le poids des règles. » De s’engager à faire remonter les questions, les propositions, avant de lancer : « Il faut se mobiliser pour défendre les spécificités du territoire. »
Pour Jean-Luc Chauvin : « Nous parlons d’urgence foncier, nous parlons de la réalité et nous faisons tous le même constat, la méthode employée depuis 40 ans ne permet pas d’engendrer des réussites, il est donc plus que temps de réfléchir autrement. Le besoin foncier, tant pour les entreprises que pour le logement est indispensable pour réussir la décarbonation. Et le monde économique, en tant que « Tous Acteurs » va se saisir de plus en plus de cette question car il ne se passe pas un jour sans qu’une entreprise vienne me dire qu’elle a des problèmes pour se développer faute de terrain ou des problèmes pour recruter faute de logements. Nous devons passer du constat à l’action.»
Le président de la CCIAMP préconise: « Pourquoi ne pas avoir des permis de construire en fonction de ce que l’on fait : des parkings en hauteur, le développement de l’énergie solaire… Il faut développer le multi-usage et il faut que les maires arrêtent, lorsqu’ils ont une autorisation de construire sur 5 étages de s’arrêter à 3 pour ne pas avoir de problèmes avec le voisinage. » Il invite : « Mettons nous tous autour de la table. Nous ne sommes pas là pour les seuls intérêts du monde économique, nous sommes là pour l’intérêt général. Arrêtons de dire oui par devant et de bloquer par derrière. Et retrouvons nous dans un an pour faire le bilan de ce qui a été fait et voyons où nous voulons aller. »
Michel CAIRE