CEA Cadarache. Fusion nucléaire : le tokamak West bat le record mondial de durée de plasma

Le tokamak West du CEA Cadarache est parvenu à maintenir un plasma pendant plus de 22 minutes le 12 février. Il bat ainsi très largement le record précédent de durée de plasma obtenu dans le tokamak chinois East.

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Le plasma a atteint la température de 50 millions de degrés. ©CEA

Le tokamak West du CEA est parvenu, le 12 février, à maintenir un plasma pendant plus de 22 minutes. Il bat ainsi très largement le record précédent de durée de plasma obtenu dans un tokamak. Cette avancée démontre que la connaissance des plasmas et leur maîtrise technologique sur de longues durées sont devenues bien plus matures, laissant espérer que des plasmas de fusion puissent être stabilisés sur de longues durées dans des machines comme Iter.

Dans les prochains mois, l’équipe de West compte prolonger ses efforts, en atteignant de très longues durées de plasma, de l’ordre de plusieurs heures cumulées, mais aussi en chauffant ce plasma à encore plus haute température pour se rapprocher au mieux des conditions attendues dans les plasmas de fusion.

Anne-Isabelle Etienvre, directrice de la recherche fondamentale du CEA explique, sur le site de Cadarache : « Ces scientifiques du CEA et leurs collaborateurs internationaux ont maintenu un plasma chaud de plusieurs dizaines de millions de degrés Celsius pendant plus de 22 minutes avec 2,6 gigajoules d’énergie injectée. C’est une progression de 25% par rapport au précédent record. »  «Avec ce record, poursuit-elle, le CEA franchit une étape technologique importante permettant au tokamak West et à la communauté française de se positionner au premier plan pour préparer l’exploitation scientifique d’Iter pour reproduire les réactions qui se produisent au cœur des étoiles et réussir à produire à plus long terme de l’énergie électrique grâce à la fusion thermonucléaire au-delà de 2050. » Anne-Isabelle Etienvre, explique encore que « l’une des voies privilégiée par les scientifiques est le confinement magnétique. Le plasma est généré et confiné dans un tore grâce à un champ magnétique intense. Maîtriser ce plasma, de nature instable, pendant de longues durées est un véritable défi technologique qui permettra à terme d’auto-entretenir les réactions de fusion. »

Un record très prometteur car, selon la directrice de la recherche fondamentale du CEA, «il démontre que la connaissance des plasmas, leur maîtrise technologique sur de longues durées, sont devenues bien plus matures laissant espérer que des plasmas de fusion puissent être stabilisés sur de longues durées dans des machines comme Iter. »

L’aventure de West est loin d’être terminée : « Dans les prochains mois nous prévoyons d’augmenter encore la durée des plasmas mais également de chauffer ces plasmas à encore plus haute température pour se rapprocher au mieux des conditions attendues dans les plasmas de fusion. Cela nous permettra d’analyser plus finement le comportement des composants soumis au plasma c’est-à-dire soumis à des conditions intenses. » Le plasma, lors de cette expérience,  a été chauffé avec une puissance de  2 MW. « Nous ambitionnons de monter jusqu’à une puissance de 10 MW. Progressivement nous approchons des conditions d’Iter ce qui permet de préparer de mieux en mieux l’exploitation scientifique à venir de cette machine hors norme qu’est Iter. »

West fait partie d’un effort international aux côtés d’autres d’expériences majeures auxquelles les chercheurs du CEA participent fortement comme JET, le tokamak européen situé au Royaume-Uni (arrêté fin 2023) qui détient le record d’énergie de fusion, JT-60SA au Japon, East en Chine et KSTAR en Corée du Sud, sans compter la machine-phare qu’est Iter.

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