Publié le 24 janvier 2019 à 22h44 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
La librairie Maupetit, à Marseille poursuit les manifestations pour célébrer son centenaire. Après un lancement festif, le 5 janvier dernier, avec un orchestre déambulant parmi les livres et des agapes ont attiré quelque 150 personnes, Damien Bouticourt, le directeur de la librairie, a proposé ce samedi 19 janvier, un programme d’animations littéraires mais toujours avec de la musique, en présence de la marraine de son centenaire, Valentine Goby. Un moment rare, une lecture musicale, avec le musicien Xavier Llamas, de son livre «Tu seras mon arbre», 50 pages illustrées, éditées chez Thierry Magnier, qu’elle destine aux jeunes adultes.
«Tu seras mon arbre» de Valentine Goby est son adaptation du mythe de Daphné, des «Métamorphoses d’Ovide». Cupidon se venge d’Apollon, en le rendant amoureux de Daphné, une nymphe qu’il rend insensible et qui échappe au dieu amoureux, en se transformant en arbre. Un laurier dont Apollon tresse des couronnes pour la victoire. Cette histoire de séduction-domination, dans la forêt, devient une histoire de séduction-domination, dans une boîte de nuit, un lieu de mixité, «où le corps existe, ailleurs que sous le regard de la société ou du monde adulte qui censure … souvent, et c’est dans ce lieu-là qu’émerge la sensualité». Elle reprend «ce rapport de domination», proche du viol, «souvent quand on nous enseigne la fable d’Ovide en 6e, on voit l’histoire d’une métamorphose, d’une évasion grâce à la magie mais c’est en en fait une histoire d’impuissance …Apollon s’approprie l’arbre. Ainsi même la magie ne peut vaincre ce rapport de domination masculine». Dans son roman «Un paquebot dans les arbres», elle évoque les années 50, en France, avec «les ravages» de la tuberculose, malgré le sanatorium, la sécurité sociale et les antibiotiques. Une maladie dont souffre Paulo, le charismatique propriétaire du café du village. Un livre dont l’héroïne Mathilde, est une femme, comme, dans d’autres de ces romans. Alors des romans de femme ? Non, ce qui intéresse Valentine Goby «c’est de réfléchir au prix de la liberté», le moment où «il y a un obstacle à sauter, … pas forcément d’arriver de l’autre côté de l’obstacle mais … la tentative de passer par dessus». Valentine Goby se réjouit de son rôle de marraine du centenaire de Maupetit de sa «longévité» et sa «visibilité». Indique que, pour elle, la lecture musicale de «Tu seras mon arbre» est une autre manière d’aller vers son public, une démarche indispensable. Elle se voit comme une écrivaine qui «a des jambes, une voix et un corps», pour aller en librairie, en bibliothèque, dans les écoles ou les salons. «Une nécessité pour défendre ses livres et l’occasion de rencontrer, d’échanger, avec les lecteurs mais aussi les autres auteurs.» valentine_goby_itw_19_01_19.mp3 Mireille BIANCIOTTO