Publié le 21 novembre 2016 à 17h52 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h42
C’est peu dire que le Centre Fleg, à Marseille, est actif. Il propose actuellement pas moins de trois expositions en ouverture de sa saison culturelle. Jusqu’au 15 décembre, à la Maison de la Corse est ainsi proposé une exposition sur les Juifs réfugiés en Corse pendant la première guerre mondiale. A la Mairie des 11/12 est présentée une exposition, imaginée et réalisée par le centre culturel juif de Montpellier, de dessins de presse regroupés de Dessins -Batti, Battistini, Bauer, Biz, Bordenave, Dadou, Dahan, Delucq, Gab, Ganan, Gaston, Gouarch, Goubelle, Jak, Man, Na!, Olivero, Phil, Rousso, Seb, Wingz- sous le thème « Vivre la France ensemble ». Tandis que les 500 ans du ghetto de Venise seront évoqués, à l’Institut culturel italien, le 29 novembre, à 18 heures, avec une conférence de Donatella Calabi autour de son livre «Ghetto de Venise 500 ans» suivi de la projection du documentaire «Le ghetto de Venise, une histoire des Juifs de Venise» et, le 3 décembre, à 20h30, «Bons baisers du ghetto» d’Eugenio de Giorgi et Isabelle de Botton.
Raymond Arouch, le président du Centre Fleg explique: «Avec ses trois manifestations nous développons trois axes de notre mission: transmettre et témoigner, vivre ensemble dans la Cité et exercer notre devoir de mémoire. Les années 2015 et 2016 seront à tout jamais des années noires pour notre pays, car, quelles que soient nos religions, nos cultures, nos croyances, nous sommes tous égaux devant un terrorisme intégriste qui frappe aveuglément». «Dans ce contexte, ajoute-t-il, marqué par l’insécurité, la libération de la parole antisémite, du racisme et les tentations de replis communautaire le Centre Fleg mesure sa responsabilité. Il doit être plus que jamais un lieu incontournable de libre expression et de partage. Tant nous sommes sûr d’une chose: la culture est l’arme la plus noble et la plus efficace pour lutter contre l’ignorance et le fanatisme qui font des ravages dans la Cité».
Martine Yana, la directrice du centre explique: «Nous avons pensé que nous devions évoquer un triste anniversaire: c’était il y a un an, le massacre du Bataclan et les autres attentats douloureux qui ont ensanglanté la communauté nationale. Il ne faut jamais oublier, mais surtout il faut apprendre à vivre tous ensemble et s’accepter les uns les autres. Pour cette commémoration, nous présentons une exposition originale, conçue par le Centre Culturel Juif de Montpellier qui a demandé à 21 dessinateurs de presse de répondre par un dessin à cette question: Comment vivre ensemble en France?». Raymond Arouch reprend: «L’année 2016 marque le 500e anniversaire du ghetto de Venise, le premier ghetto juif dans l’histoire. Nous présentons cet événement en partenariat avec l’Institut culturel italien et le Consulat d’Italie». Martine Yana en vient à la curieuse histoire des Juifs réfugiés en Corse en 1915. «Nous sommes tombés, par hasard, sur une photo de jeunes filles avec, comme légende: les enfants de l’école syrienne au défilé du 14 juillet 1916 à Ajaccio. Nous nous sommes demandés ce qu’il en était. Nous avons appris qu’il s’agissait de Juifs de Palestine expulsés par l’Empire Ottoman. Comme les Chrétiens du Moyen-Orient, ils étaient des protégés de la France. 800 Juifs sont ainsi déposés à Ajaccio, dont 200 enfants. Le Préfet réquisitionne un séminaire abandonné, le fait aménager. Le vice-recteur crée des classes en conservant la possibilité d’avoir des Cours d’Hébreu. Les instituteurs de l’île envoient des crayons, des cahiers, achètent même parfois sur leur solde des livres. Cela, alors que nous sommes en décembre 1915, en pleine guerre, dans une Corse très pauvre. Les Juifs, après quelques incompréhensions, s’intègrent parfaitement tout comme leurs enfants qui défilent donc pour la Fête Nationale. Des Juifs qui vont développer le commerce ambulant ou encore faire découvrir la dentelle syrienne qui connaîtra un grand succès. La majorité des familles repartiront en 1920 et certaines reviendront en 1929. Une communauté juive qui sera protégée pendant toute la deuxième guerre mondiale ». Raymond Arouch de conclure: «Nous voulons continuer d’être un carrefour d’idées et de rencontres et agir, par le dialogue interculturel, pour promouvoir un vivre ensemble riche de ses différences mais surtout de ses ressemblances».
Michel CAIRE
Juifs réfugiés en Corse pendant la Première Guerre Mondiale, jusqu’au 15 décembre réalisation du Centre Edmond Fleg, Maison de la Corse, 69/71 rue Sylvabelle, Marseille 6e. Tél: 04 91 13 48 50.
Exposition dessins de presse Vivre la France ensemble, Mairie des 11/12, Bd Bouyala d’Arnaud, Marseille 12e. Exposition jusqu’au 23 novembre.
Les 500 ans du ghetto de Venise, Institut Italien 6, rue Fernand Pauriol Marseille 5e.
Plus d’info : centrefleg.com