Corot formations: la société des membres de la Légion d’honneur de Marseille invitent à découvrir l’apprentissage de la réussite

Depuis cent ans, fidèle à sa mission originelle, la Société des membres de la Légion d’honneur s’engage sur les terrains de la solidarité intergénérationnelle, de la préservation et du renforcement du lien social sous toutes ses formes. Dans ce cadre l’association départementale, sous l’impulsion d’André Bendano, vient d’organiser une visite de Corot Formations, un acteur majeur de la formation professionnelle sur des métiers en tension tels que l’hôtellerie, la restauration, l’alimentaire et le commerce.

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André Bendano de la Société des membres de la Légion d’honneur lors de la visite de Corot formations à Marseille (Photo Michel Caire)

Les missions de la Société des membres de la Légion d’honneur sont inscrites dans ses statuts : concourir au prestige de l’ordre national de la Légion d’honneur et contribuer au rayonnement des valeurs et de la culture de la France sur le territoire national comme à l’étranger ; promouvoir, dans la société française, les valeurs incarnées par la Légion d’honneur et contribuer au développement de l’esprit civique et patriotique, notamment par des actions éducatives auprès de la jeunesse. Participer à des activités ou des actions de solidarité nationale tout en renforçant les liens d’entraide entre les membres. Dans ce cadre une visite de Corot formations, dans les quartiers Nord de Marseille vient d’être organisée.

Didier Antoniol est délégué régional OPCO (opérateur de compétences) des entreprises de proximité – OPCO est un organisme agréé par l’État dont l’objectif est d’accompagner les entreprises de 50 salariés maximum dans leurs besoins de formation, ainsi que dans le financement de l’apprentissage. Il explique : « Il existe 11 opérateurs, un par grand secteur d’activité. Nous sommes administrés par une commission paritaire régionale composée d’employeurs et de salariés. Celui dans lequel j’opère est dans le secteur de l’économie de proximité, ce qui comprend tous les métiers de l’artisanat de bouche, de la beauté, de l’immobilier, des services à la personne, en tout 4 000 métiers. L’argent pour fonctionner vient des entreprises d’où la nécessité d’une relation sécurisée entre l’entreprise, le jeune et le centre de formation ». Au-delà de la formation professionnelle, ajoute-t-il : «Un travail est accompli avec les jeunes sur l’estime de soi.»

Il est rappelé que l’apprentissage permet de se former à un métier et de s’intégrer plus facilement à la vie et à la culture de l’entreprise. C’est un contrat de travail qui alterne des périodes de formation dans un CFA et des périodes de mises en situation professionnelle en entreprise. «C’est une véritable passerelle vers l’emploi et l’insertion professionnelle. La formation s’adresse à des jeunes âgés de 16 à 29 ans révolus. Les publics suivants, âgés de plus de 29 ans, peuvent tout de même entrer en apprentissage : un travailleur en situation de handicap, un porteur de projet qui veut créer ou reprendre une entreprise. La réalisation de ce projet dépend de l’obtention du diplôme en alternance. Un apprenti préparant un diplôme ou titre supérieur à celui obtenu, un sportif de haut niveau.»

Christian Vambersky, directeur général de Corot Formations n’est pas adepte de la pratique de la langue de bois. Il le confirmera tout au long de son intervention. Il indique: « L’État n’intervient plus dans la formation mais il contrôle tout. Alors, ici, nous avons tous les diplômes nationaux et toutes les certifications de branches professionnelles qui permettent une maîtrise à 100% du process éducatif. Nous allons ainsi du CAP au diplôme d’ingénieur.» Mais il déplore : « La réforme de 2020 a enlevé la compétence de l’apprentissage à la région qui assurait une régulation. Elle intervient encore mais dans des limites très concrètes qui lui sont imposées. Une région qui, ici a mis 40% des fonds nécessaires à la construction de cet établissement ». Une réforme qui, pour lui, « centralise l’argent et les décisions sur Paris et nous sommes dans un système où les règles ne sont pas les mêmes pour tous et où je perçois 80% de la valeur mais où j’ai 100% des charges.»

Puis de casser les idées reçues sur l’apprentissage : « Ici ce n’est pas l’apprentissage de l’échec mais celui de la réussite. Les CFA  accueillent des personnes aux parcours bien différents. Nous avons eu quelqu’un en cuisine qui était bardé de diplômes et qui ne se retrouvait plus dans son emploi dans le nucléaire et qui voulait devenir cuisinier. De même, nous avons des HPI. Depuis la maternelle ils s’ennuient à l’école car ils ne sont pas conforment. Alors ? Ou les parents ont des moyens et ils vont dans des établissements spécialisés, ou on en récupère. Et nous savons que pour eux, il faut une pédagogie différente. Ici, nous ne savons pas gérer les personnes en situation d’échec total, en revanche, nous savons développer les potentialités. Et nous permettons à des jeunes de poursuivre leurs études tout en ayant un emploi et un salaire non négligeable.  Ainsi, 450 apprentis se retrouvent à Corot, certains pour 4 ans, d’autres pour 1 année. « Et nous avons aussi des personnes en situation de handicap. J’ai pu apprendre la cuisine à une personne non voyante. Nous sommes le seul CFA à avoir fait cela. »

Lorsque la Région avait la compétence sur l’apprentissage…

Pour Jean-Luc Chauvin, le président de la CCIAMP : « L’apprentissage a changé. Aujourd’hui c’est un système qui permet de rester en contact avec l’école, tout en se formant en entreprise et d’avoir un revenu. Et c’est une voie qui peut conduire jusqu’au diplôme d’ingénieur. L’apprentissage ce n’est pas la voie de l’échec, c’est celle de l’emploi pour tous. C’est ce qui permet de réparer les fractures, les replis puisque l’entreprise est, après l’école, le premier lieu de sociabilité. Et, si on pense au centre-ville, l’entreprise c’est le lien social, c’est elle qui permet à un village de vivre.»

Romain Simmarano, directeur de cabinet de Renaud Muselier, président de Provence-Alpes Côte d’Azur, intervient au nom de ce dernier : « Je suis d’accord avec Christian Vambersky, lorsque la Région avait la compétence sur l’apprentissage nous avions lancé une dynamique qui avait conduit à une forte augmentation du nombre d’apprentis. André Bendano avait d’ailleurs poussé à la création d’un vice-président en charge de l’apprentissage, nous étions la seule région à avoir un tel poste. » « On compte, poursuit-il, 71 000 apprentis dans la région dont 400 à Corot. Et ce n’est pas pour rien si nous portons une attention particulière à cet établissement, comme au commissariat des 13/14, comme à Marséa Nord Développement. Ceux sont des étendards de services publics, de vie normale, des marqueurs de la République dans ces quartiers qui regorgent d’intelligence, de volonté. » Il alerte enfin sur les restrictions budgétaires imposées : « On demande 5 à 6 milliards d’économie sur le budget 2025 soit 90 à 105 millions d’euros en moins pour les régions. Sans être alarmiste il faudra encore plus montrer les utilités concrètes. »

Catherine Vales, présidente de l’U2P13 signale : «On voit très souvent dans nos entreprises des apprentis qui, au terme de leur apprentissage, rejoignent l’entreprise et qui, par la suite, créeront leur propre entreprise ou reprendront celle dans laquelle ils travaillent. Ainsi l’entreprise artisanale est un ascenseur social. »

Michel CAIRE

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