Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, vient de lancer la COP Région Sud, aux côtés notamment de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté et de la Ville.
A cette occasion, Renaud Muselier a rappelé l’engagement de la Région Sud en faveur de la transition écologique et énergétique, avec notamment le 1er budget vert d’Europe, 100% dédié aux enjeux climatiques. Il a également mis en exergue le soutien de l’État à la création d’un 10e Parc Naturel Régional sur le territoire des Maures/Estérel. Dans ce cadre il insiste sur le partenariat qui est engagé avec l’État depuis des années pour accélérer la transition écologique et énergétique de la Région. Un travail en commun qui a connu un temps fort, en novembre 2022. La Première ministre et Renaud Muselier, ont alors signé un protocole d’expérimentation portant une initiative conjointe pour la transition écologique en Provence Alpes Côte d’Azur, et 61 actions à court terme ont ainsi été définies.
La COP de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui vient d’être signée intégrera les travaux régionaux déjà initiés et permettra d’engager une discussion stratégique à l’échelle de la région pour aboutir, au terme d’un travail collectif de plusieurs mois, à une déclinaison régionale de la planification écologique. Cette déclinaison garantira la contribution de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur aux objectifs de réduction des émissions gaz à effet de serre et de préservation de la biodiversité et des ressources du pays.
Christophe Béchu explique : « Une Cop c’est trois défis : moins de gaz à effet de serre, moins de pression sur notre biodiversité et une adaptation aux 4 degrés de température supplémentaires que nous connaîtrons en 2100 ». Pour cela un plan à quatre temps se met en place. Il s’agit premièrement «d’établir un diagnostic partagé du territoire, de mesurer le chemin déjà parcouru par les actions et programmes portés par les collectivités et acteurs locaux et celui qu’il reste à parcourir afin d’atteindre les objectifs de chaque région, de faire connaître et de partager les objectifs à atteindre». Il est ensuite question «de conduire un débat dont la forme est laissée à l’appréciation des préfets et des présidents de région, en lien avec les attentes des exécutifs au sein du territoire régional». Ce débat doit permettre aux acteurs de s’approprier le diagnostic, identifier les efforts collectifs à fournir pour atteindre les objectifs régionaux et définir sans attendre les actions et projets à lancer ou poursuivre pour 2024. Dans un troisième temps, il s’agit de partager à l’échelle des territoires infrarégionaux (départements et périmètres des CRTE) une déclinaison indicative des actions à mener. Viendra alors le moment d’établir une feuille de route. «Elle matérialisera le choix des engagements pris par les territoires par secteur. La COP doit être finalisée au plus tard à l’été 2024, avec l’établissement de la trajectoire régionale visant l’atteinte des objectifs en 2030. La feuille de route régionale à 2030 issue de ces travaux matérialisera le choix des engagements pris par les territoires pour chaque secteur. Elle présentera une série de leviers concrets et des engagements d’actions, décrivant une trajectoire crédible qui permette d’atteindre les objectifs régionaux à l’horizon 2030.»
Christophe Béchu précisera encore : «Le meilleur moyen pour arriver nulle part c’est d’exiger. Là nous n’exigeons rien. Nous mettons en avant des objectifs et il appartient aux territoires de s’adapter, d’aller plus loin sur tel ou tel projet. Cette COP permet à chaque secteur et chaque acteur d’avoir une vision du chemin à parcourir pour atteindre nos objectifs nationaux de décarbonation de moins 55% en 2030 et de préservation et conservation de la biodiversité et plus généralement des ressources. Sachant que nous devons faire en 7 ans ce que nous avons fait en 30». Sabrina Agresti-Roubache insiste pour sa part sur l’importance d’agir en faveur des populations des quartiers prioritaires : « Elles sont les premières touchées par le changement climatique ».
«Le maillage le régional est d’un bon niveau »
Renaud Muselier en direction de Christophe Béchu : « Vous avez souhaité que les Régions organisent toutes leur COP régionale. Je félicite cette initiative, et je reste convaincu que le maillage régional est d’un bon niveau pour organiser cette concertation ». Il ne manque pas d’ajouter : « Je félicite d’autant plus cette initiative car c’est ce que nous faisons depuis plus de 7 ans en région Sud ». Il rappelle que l’annonce, par le président Trump du retrait des États-Unis des accords de Paris « m’a fait prendre conscience que nous, les élus des collectivités territoriales, avions notre rôle à jouer pour prouver à nos dirigeants étrangers que le rassemblement autour du climat était réel ». C’est à ce moment-là que le 1er Plan Climat régional est né : « 20% du budget ont été consacrés à la préservation de notre environnement soit plus de 370M€ en 2018. Ce Plan Climat a la particularité d’avoir été entièrement coconstruit avec l’ensemble des acteurs du territoire : industriels, ETI, PME, Start-up, associations, fédérations, organismes professionnels. Nous avons défini les actions ensemble et avons pris l’engagement de devenir la 1ère Région d’Europe à respecter les accords sur le climat. Cette mobilisation est essentielle. Ce sont progressivement, 30 puis 40% qui ont été consacrés à notre « COP d’avance », articulée autour de 5 axes : Air, mer, terre, énergie, déchets ».
La Région Sud est devenue membre du R20
La Région Sud est devenue membre du R20 qui réunit les Régions les plus engagées au niveau de l’environnement. « Nous avons également signé un accord historique avec l’État du Costa Rica en février 2019 autour de la biodiversité, de l’écotourisme, de la gestion de l’eau. Cet accord est unique : jamais une Région française n’avait passé d’accord avec un État étranger», explique Renaud Muselier. Concernant l’Europe, il annonce: « Nous sommes entrés dans le Top 10 des Régions captatrices de fonds européens et notamment de fonds vert avec 10 milliards d’€ d’investissements verts visés d’ici à 2028 en Région Sud ». Il rappelle: « Le 16 décembre 2022, nous votions le 1er budget vert d’Europe, 100% dédié au climat, qui sera le marqueur fort de cette mandature. Avec des marqueurs clairs, des critères internationalement reconnus appliqués à tous les dossiers, tous les domaines de compétence ».
« Nous continuerons, poursuit le président de Région, à être la cheville ouvrière du dernier kilomètre, avec nos EPCI et nos collectivités. Les collectivités sont motrices et dynamiques, elles savent profiter de ces budgets qui sont de véritables leviers pour mettre en œuvre leur politique publique ». Christophe Madrolle, conseiller régional, président de la commission « Biodiversité, mer et littoral, Parcs Naturels Régionaux et Risques », se félicite du travail accompli par la région Sud depuis des années. Travail qui repose « sur une volonté politique mais, surtout, sur un travail et un accompagnement avec des territoires, des associations»
« Réconcilier écologie et économie »
Vient un temps d’interventions dans la salle. Jean-Luc Chauvin, le président de la CCIAMP considère : « Il importe de réconcilier écologie et économie. Pour cela il importe de voir comment on peut expérimenter, sortir de la réglementation. Je pense notamment aux eaux usées que l’on ne peut quasiment pas utiliser en France pendant que des entreprises françaises développent ces technologies à l’étranger. Sachez-le, ici on veut développer l’industrie décartonnée ». Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille en charge de la transition écologique indique : « La Ville et la Région travaillent en bonne intelligence sur le dossier des 100 villes neutres en carbone ». Il attend de l’État qu’«il regarde le travail accompli par les communes en matière de décarbonation, de défense de la biodiversité, et qu’il aide ces efforts, tant sur un plan de l’ingénierie que du financement». Concernant l’expérimentation, il plaide en faveur « de l’obligation faites aux propriétaires, sur certains territoires, de réaliser des travaux avec un remboursement à terme pour les ménages qui manquent de moyens ». Il demande par ailleurs «l’arrêt du projet autoroutier sur la Camargue». Et demande également: «Il faut arrêter de massacrer la montagne de Lure avec le solaire. Utilisons plutôt la possibilité que nous avons de solariser nos autoroutes urbaines et nos canaux avec comme cobénéfices la lutte contre le bruit, la pollution, l’évaporation de l’eau, la baisse de la facture énergétique des riverains…». Pour le ministre : « Le temps est venu de voir économie et écologie se renforcer ». Considère d’autre part que «Marseille et la région peuvent travailler de manière très positive» avant de considérer que «le contour autoroutier d’Arles s’impose». La présidente de la communauté de communes Ubaye Serre-Ponçon dénonce des injonctions contradictoires qui bloque ce territoire, notamment en matière d’hydro-électricité. Christophe Béchu partage le propos. Pour lui « la nouveauté oblige à repenser les équilibres.»
Michel CAIRE