Publié le 1 décembre 2020 à 10h49 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h20
Ce n’est guère une surprise et nous l’avions pronostiqué il y a quelques jours : Marie-Hélène Lafon a obtenu le Renaudot 2020 pour «Histoire du fils» (Buchet-Chastel), tandis que Hervé Le Tellier recevait quelques minutes avant le Goncourt pour «L’anomalie» (Gallimard).
«L’anomalie» est un étrange roman entre anticipation et exercice de style, où apparaissent et disparaissent des passagers d’un avion et ce à quelques mois d’intervalle. On y croise un Président des États-Unis qui n’est déjà plus Donald Trump, «le récit se déroulant en 2021 je ne voulais pas imaginer que ce politicien-là soit encore le pensionnaire de la maison blanche», explique Hervé Le Tellier. Bien lui en a pris, il avait vu juste. « Vous avez écrit un grand livre », a déclaré Eric-Emmanuel Schmitt, au lauréat. « Vous avez surtout évité l’écueil de la bonne idée qui ne débouche sur rien. Vous avez évité l’ironie et votre fin est formidable». On peut très bien ne pas partager cet avis, mais force est de constater que c’est une sorte de thriller qui tient la route (les airs plutôt puisque on est dans un avion) et que on s’y amuse énormément. Sans être émus d’ailleurs l’intérêt étant dans la construction de personnages hors normes saisis avec un épilogue surprenant et très influencé par les travaux autour de la physique quantique. Un ouvrage facile d’accès dans la veine de ceux de l’Oulipo en plus simple, qui publié chez Gallimard montre que cette maison d’éditions sait toujours trouver des auteurs en «communion» avec les membres des grands jurys littéraires…..
Une fine scrutatrice des soubresauts de l’âme humaine
Marie-Hélène Lafon, lauréate du Renaudot dont j’avais présenté ici même le livre est une auteure pas très connue du grand public. Mais c’est une remarquable styliste et surtout une fine scrutatrice des soubresauts de l’âme humaine. «Cette histoire je ne l’ai pas inventée, je l’ai observée » dit-elle tandis que son récit qui se déploie entre Cantal et Paris rappelle à certains égards le film de René Féret «La communion solennelle». Pour le coup il y a beaucoup d’émotion qui traverse ce récit de famille secouée par un secret et pas mal de compassion. Et si le meilleur roman primé des deux était celui choisi par les Renaudot…
Jean-Rémi BARLAND