Publié le 19 septembre 2015 à 10h11 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h57
Entouré de ses comédiens Olivier Gourmet, Georgia Scalliett et Hélène Vincent, le réalisateur Gilles Legrand est venu présenter en avant-première à Aix au Cézanne son film «L’odeur de la mandarine». Voilà un film lent, beau et grave. Un film où chaque scène est un tableau rappelant ceux de Goya ou Rembrandt. Pas étonnant quand on sait que le chef opérateur s’appelle Yves Angelo, cinéaste lui-même et amoureux de la belle image, qui tourna «Les âmes grises» produit par ce même Gilles Legrand. Même époque d’ailleurs, nous sommes avec «L’odeur de la mandarine» en 1918, vers la fin du conflit. Mais pour Charles (Olivier Gourmet) la guerre est finie, lui qui officier de cavalerie s’est retrouvé amputé d’une jambe et vit retiré dans sa vaste demeure provinciale aidé par sa gouvernante (Hélène Vincent). C’est là que débarque un jour Angèle (Georgia Scalliett) infirmière à domicile qui vient de perdre au front son mari, le père de sa fille. Il l’a engagée et entre ces deux estropiés de la vie une relation amoureuse se noue qui débouchera sur des rapports compliqués et intenses. Le tout sous le regard de la jument Mandarine personnage clé du récit qui prendra au fil des minutes une importance prépondérante sur le cours du récit. On a certes loué les qualités formelles de ce film mais saluons surtout la performance des acteurs, qui, justement se gardent de vouloir faire une performance et interprètent leurs rôles respectifs avec rigueur, justesse et intelligence. En premier lieu Olivier Gourmet, impressionnant dans le rôle du cavalier et Georgia Scalliett (de la Comédie Française) dont la beauté, et le charme crèvent l’écran et laissent sur le spectateur un sentiment de plénitude. Puis il y a Hélène Vincent qui fêtait à Aix son anniversaire dont la prestation en gouvernante impose le respect. Féministe ce long métrage qui n’est pas sans rappeler l’univers de «La leçon de piano» de Jane Campion, parle de mariage forcé, et offre des personnages très proches de ceux que l’on croise chez Maupassant. Avec une pointe de naturalisme, une tonne de sensualité et un hymne aux grands espaces, «L’odeur de la mandarine» est à la fois un chant d’amour et un cri de révolte contre la violence du monde et sa cohorte de guerres. Certes l’ensemble est un peu long, les images d’un cerf poursuivi puis protégé par Angèle laissent entrevoir une naïveté un rien balourde, mais Gilles Legrand offre un beau moment de cinéma. Et pour ceux qui auraient succombé au charme de Georgia Scalliett précisons que l’actrice sera sur la scène du Théâtre du Jeu de Paume d’Aix du 3 au 5 mars dans «Noces de sang» de Garcia Lorca mis en scène par Daniel San Pedro.
Jean-Rémi BARLAND
« L’odeur de la mandarine » de Gilles Legrand – Sortie en salles le 30 septembre