Publié le 10 mars 2015 à 19h46 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h42
«Je ne reste pas au débat car c’est un film absolument nul. Mais c’est vous ? Je ne vous avais pas reconnu. Qu’est-ce que vous faites dans pareil navet ?». C’est à peu près en ces termes qu’une Aixoise fort remontée s’est adressée à Gérard Darmon à l’issue de la projection du film «Robin des Bois, la véritable histoire», réalisé par Anthony Marciano, au cinéma Le Cézanne d’Aix-en-Provence. Croisant l’acteur qui venait à la rencontre du public présent à cette avant-première qui se voulait un moment convivial, cette dame n’a pas mâché ses mots. Jugement excessif ? Faut voir… La salle dans son ensemble a tout de même félicité le cinéaste et les acteurs venus l’entourer, à savoir, outre Gérard Darmon, les humoristes Max Boulbil (co-scénariste), Malik Bentalha, et Ary Abitan, très en forme quand il fut question de chambrer les quelques rares aficionados posant des questions. Sans aller jusqu’à corroborer les dires de la dame, qui est sortie comme elle était entrée, on dira de ce «Robin des Bois» qu’il ne restera pas dans les annales et surtout que, contrairement à ce que laisse entendre la publicité du film, il ne fera pas oublier la vraie légende. Mais de quoi s’agit-il ? Par souci d’objectivité, reprenons le synopsis.
Robin des Bois est un sale type. Lui (Boublil) et son compère Tuck (Bentalah) ont une éthique très claire dans la vie : ils ne volent que les pauvres, les femmes ou les vieux. Le reste ? Trop risqué. Mais même les sales types ont des rêves, et le leur est de racheter la maison close la plus courue de la ville, le Pussycat. Robin, que rien n’arrête lorsqu’il s’agit de s’enrichir, décide alors d’aller chercher l’argent là où il se trouve et projette de dévaliser la caisse des impôts de Nottingham. Mais sa rencontre avec le gang de Sherwood, des justiciers qui eux volent les riches pour donner aux pauvres, va contrarier ses plans. Petit Jean, (Abittan) Marianne (Géraldine Nakache) et leurs amis ont en effet eu exactement la même idée que lui : braquer le Shérif de Nottingham (Darmon). La (vraie) légende de Robin des Bois peut enfin commencer ! Et s’achever aussi sec, tant certaines scènes frisent le ridicule, limite vulgaire du genre potache. Accostant sur les terres de «Kaamelott » (le talent ironique en moins) le scénario semble avoir été écrit à la hache par des camelots de la vanne du niveau d’un enfant de 8 ans. C’est vulgaire, long, poussif, interminable, convenu, pas souvent drôle, à l’exception de certaines scènes mettant en lumière le génie d’interprétation de Timsit et de pas mal d’autres d’ailleurs. Car, et c’est pour cela que l’on ne lancera pas sur l’équipe toutes les flèches du carquois de Robin, les comédiens jouent ensemble avec beaucoup de conviction, un certain recul et, un côté très pro. Anthony Marciano fort peu réalisateur au sens de la création artistique sauvant dans sa direction ce qui peut l’être. Et puis, on reconnaîtra à Boublil et à ses camarades un souci évident de raconter une histoire et de ne pas s’en tenir uniquement à enchaîner blagounette sur blagounette de style «bonbon Carambar» avec bruits de pets…L’enfer étant pavé de bonnes intentions on précisera qu’ils réussissent de rares fois mais qu’ils échouent avec une constance confondante. Mais que Diable rendez-nous un vrai Robin, pour nous réconcilier avec l’histoire et nous faire oublier celui-ci que l’on croirait sorti d’une cour de recréation d’école primaire.
Jean-Rémi BARLAND
Le film sortira en salles le 15 avril