Publié le 23 septembre 2022 à 17h31 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 18h33
On dira tout d’abord des «Volets verts» de Jean Becker que c’est un cinéma qui a environ… 200 ans tant la réalisation poussive s’étire sans aucune idée inventive. Que le réalisateur de «L’été meurtrier», exceptionnel de densité, soit devenu un honnête artisan du septième art, ce n’est pas en soi très grave. Ce qui l’est davantage c’est cette façon de ne pas absorber l’histoire dans des mouvements intéressants. Tout est ici convenu, l’absence de surprise ajoutée à un manque de rythme, confère au film un côté mou, et pour tout dire ennuyeux. Les plans sur la mer n’y faisant rien, «Les volets verts» c’est de la carte postale sur papier glacé.
Tiré d’un ouvrage de Simenon librement adapté par le regretté Jean-Loup Dabadie, fort peu inspiré en l’occurrence, «Les volets verts» ne respire pas non plus le naturel. Tout sonne faux dans les dialogues peu naturels et surécrits qui enfilent les clichés un à un. Quant au script en lui-même il tient dans la main. «Les Volets verts» dresse le portrait d’un monstre sacré, Jules Maugin, (Gérard Depardieu) un acteur au sommet de sa gloire dans les années 70. Sous la personnalité célèbre, l’intimité d’un homme se révèle. Sont convoqués à la barre de ce qui est son crépuscule de vie, Jeanne Swann (Fanny Ardant) (un patronyme proustien pour un film sur la recherche d’un temps perdu… ), Félix, un copain fantasque (Benoît Poelvoorde), et une certaine Alice (Stéfi Celma), dont il tombe amoureux et qui a un enfant dont il finira par s’occuper en bon parrain nounours. Les ravages de la vieillesse qui s’avance sur un corps fragilisé par des excès de boisson, la manière de gérer sa gloire d’acteur reconnu de tous, le rapport aux gens du métier autant de thèmes que Jean Becker empile sans jamais les développer.
Comédiens surpuissants
Heureusement pour colmater les brèches de ce désastre narratif et filmique les comédiens sont tous au diapason. En tête Gérard Depardieu, phénoménal qui parvient à donner à son personnage une sorte de densité large et légère, et à son rôle une profondeur qu’il n’a pas. L’homme apparaît et le miracle se produit. Comme d’habitude devrait-on ajouter. Tous ses partenaires de jeu le rejoignent au même niveau si bien que voilà un film d’acteurs avec en prime une Fanny Ardant solaire (c’est presque un pléonasme) peu gâtée elle non plus par son rôle plein de clichés. Film sur le Théâtre souffrant également d’une théâtralité excessive « Les volets verts» finit par se regarder sans trop de déplaisir. Mais également sans plaisir.
Jean-Rémi BARLAND