Cinéma – « Mission impossible-Fallout » : des cascades… dans le vide

Publié le 8 août 2018 à  10h11 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h56

mission_impossible_fallout_affiche.jpgVotre mission, si toutefois vous l’acceptez c’est de vous y retrouver dans le dédale scénaristique de ce nouvel épisode des aventures d’Ethan Hunt, agent secret pour qui rien n’est impossible, et qui se permet tout pour parvenir à ses fins. Et croyez-moi, ce n’est pas gagné tant les auteurs de ce polar sur-vitaminé à la gonflette Tom Cruisienne ont tout compliqué à plaisir, peut-être d’ailleurs pour masquer en partie le vide sidéral du contenu. On va donc, si toutefois vous l’acceptez, vous expliquer en quelques mots de quoi il en retourne. Le dénommé Ethan Hunt, bien connu des spectateurs de Mission Impossible puisqu’il est incarné par Tom Cruise accepte une nouvelle mission décrite sur une bande magnétique qui (tradition oblige) s’autodétruit cinq secondes plus tard : le « Syndicat », dont le chef, Solomon Lane, (Sean Harris) a été arrêté il y a deux ans par Hunt et son équipe, s’est reconstitué sous la forme d’un groupe terroriste dénommé « Les Apôtres », avec l’aide de Nils Debruuk, (Kristoffer Johnner) spécialiste norvégien en armes nucléaires. La mission de Hunt est d’intercepter une livraison de trois bombes portables de plutonium aux Apôtres (qui c’est bien connu se rangent facilement dans votre mallette de voyage !!!!), livraison qui doit se dérouler à Berlin. Il s’y rend avec Benji Dunn (Simon Pegg), et Luther Stickell (Ving Rhames) mais ce dernier est pris en otage par les Apôtres. Aussi malchanceux que distrait il oublie de surveiller les bombes dont s’emparent les terroristes. Nils, alors capturé est manipulé. On lui fait croire qu’un manifeste terroriste qu’il a rédigé est diffusé en direct à la télévision. Debruuk accepte alors de donner la clé de déchiffrage d’un téléphone portable appartenant aux Apôtres. Les informations contenues dans le téléphone permettent à la CIA de déterminer qu’un certain John Lark, dont personne ne connaît le visage, va rencontrer la « Veuve blanche » (Vanessa Kirby) à Paris, lors d’une réception au Grand Palais, afin de conclure la vente du plutonium. Alan Hunley, (Alec Baldwin) ministre qui supervise l’organisation « Mission impossible », décide d’envoyer Hunt sans son équipe, car l’échec de Berlin a montré qu’il se laissait influencer par ses sentiments. Mais Erica Sloane, (Angela Bassett) directrice de la CIA, lui adjoint August Walker, (Henry Cavill) un agent connu pour ses méthodes brutales. Ça va chauffer ! Et ça chauffe effectivement ! Pas les neurones, car tout est confus, on ne sait plus trop qui est qui, et qui fait quoi ! Ça se bagarre à tout-va ! Ça descend pas mal aussi ! Des parois abruptes dans le Cachemire, des immeubles franchis en sautant, des rues bondées de gens. Ça roule à fond la caisse dans Paris ou Londres notamment, avec motos, camions, voitures, lancés les uns sur les autres dans un fracas de tôle. Elle est là l’astuce du film. Les auteurs ont masqué la minceur du scénario et des dialogues en inondant le film de courses-poursuites et de cascades où même les hélicoptères, (on nous épargne les sous-marins) seront de la partie. Quant à la psychologie des personnages elle est à la subtilité ce que Chantal Goya est à la chanson engagée, et Gengis Khan à l’humanisme transcendantal. Bien sûr, cherchez la femme par qui le scandale arrive. Ici il y en a trois en fait, nous n’avons que l’embarras du choix, si bien que tiraillé entre raison et passion le cœur d’Ethan Hunt balance entre toutes, ne sachant trop laquelle aimer…vraiment. La morale sera sauve et tout rentrera dans l’ordre, l’officielle reprenant à la fin ses droits sous les vivats enjoués des deux ex-rivales. Romantisme bas de gamme quand tu nous tiens ! Pour mettre en boîte l’ensemble de cette bluette violente à la théologie bas de caisse, le réalisateur Christopher McQuarrie ne s’est guère embarrassé de finesse. Il a soigné les décors, la lumière, l’image, et matérialisé l’action à grands coups de musique signifiante, de travellings et de montages plutôt solides, ne prenant guère le temps de diriger les acteurs qu’ils laissent cabotiner à l’extrême. La palme en la matière revenant à Sean Harris campant un ridicule Solomon Lane, pâle copie du terrifiant personnage du «Silence des agneaux». Tom Cruise roule plus en moto et voiture qu’en humour décalé, si bien que tout cela se regarde presque en bâillant (c’est en effet de plus trop long), et c’est de l’eau gazeuse minérale qu’on voudrait nous faire passer pour du champagne. Mission Impossible, là encore !
Jean-Rémi BARLAND

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