Publié le 30 mars 2022 à 22h54 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 19h25
«T’es ilophobe ? Avec la Corse, t’es mal barré-Non ilophobe, c’est la phobie des forêts !» ; «tu sais un Corse qui meurt d’une crise cardiaque, il y a plus de chance que ce soit à cause du saucisson que du stress» ; «On va appeler Nickel Ange.- non Michel Ange…- Non Nickel Ange, car il s’appelle Ange et il fait tout nickel». Sur l’île de beauté, on appelle çà «la macagna » c’est à dire l’art de faire des blagues.
«La macagna» se pratique dans les bars notamment et Eric Fraticelli le manie à merveille. Il en même truffé son film «Permis de construire» avec reconnaissons-le, élégance? efficacité, et une totale absence de vulgarité. En y saupoudrant également une certaine dose d’émotion. Sans révolutionner le cinéma ce film drôle, tendre, et subtil sonne comme une main tendue par les Corses à celui qu’il nomme « le pinzutu», à savoir un Français du continent. C’est donc un film de paix et de fraternité qui ressemble à un discours du groupe I Muvrini, qui veut sans cesse «créer du lien». Comédie cocasse «Permis de construire» doit beaucoup au tandem Didier Bourdon (le pinzutu) et Eric Fraticelli (Pido sur la scène) qui s’en donnent à cœur joie. Ils sont irrésistibles et nous rendent totalement heureux.
Un terrain à construire, une amitié à bâtir
Au départ une histoire d’héritage :« Dentiste à Paris, Romain vient de perdre son père qu’il n’a pas vu depuis des années. A sa grande surprise, ce dernier lui a laissé un terrain en héritage, ainsi qu’une dernière volonté : y faire construire la maison où il aurait aimé finir ses jours. Seul problème: ce terrain se situe en Corse.» Le pitch on le voit tient dans la main, mais n’est pas du tout simpliste dans la manière d’agencer l’ensemble. Le scénario met en scène une maire de village intègre et des groupes souhaitant pour des tas de raisons empêcher la construction de la maison que Romain veut ériger sur l’emplacement prévu. Mais ils sont totalement ouverts et non violents, et leurs marchés mis dans les mains de Romain n’a d’égal que sa propre générosité. Ajoutez la femme de Romain-Didier Bourdon, qui aide un berger corse à enlever le stress d’une de ses chèvres (elle est vétérinaire comportementaliste en animaux), le propriétaire d’une voiture s’appelant Nomi au logo «Auto Nomi », un parisien du genre furieux au cœur tendre qui ne peut s’empêcher de se disputer avec sa femme (irrésistible Laurent Gamelon), et vous aurez les principaux ingrédients d’un long métrage vif, aux magnifiques images et qui fait aimer tous les humains de bonne volonté.
Jean-Rémi BARLAND