Cinéma – « Rogue One » : un déficit de Force ! Par Eric Delbecque

Publié le 28 décembre 2016 à  21h04 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Rogue One m’a laissé sur ma faim… Je ne suis jamais vraiment entré dans le film durant ces deux heures où rien ne convoque la magie Star Wars. Le synopsis est simple : récupérer les plans de l’Étoile noire (ou Étoile de la mort), sabotée par Galen Erso (un ingénieur de l’Empire qui fut le concepteur initial de cette arme terrifiante). Grâce à la faille installée dans la programmation du canon destructeur de planètes, les vaisseaux de l’Alliance pourraient la détruire intégralement. Il est toutefois indispensable de savoir comment elle fut élaborée et construite pour réussir à en venir à bout.

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Qui va s’employer à exécuter cette mission ? La propre fille d’Erso, Jyn, qui fut élevée et formée par Saw Gerrera, un ami de son père. En effet, en récupérant Galen qui avait provisoirement échappé aux griffes de l’armée impériale, Orson Krennic (directeur scientifique de l’Étoile noire) fit abattre sa mère Lyra, la laissant abandonnée dans une grotte de la planète Lah’mu. Jyn vécut alors d’activités de contrebande et se désintéressa de la politique, préférant ne pas choisir son camp entre les impériaux et les rebelles.

C’est l’Alliance qui va finalement la retrouver, dans le but de vérifier auprès de l’homme qui avait pris soin d’elle dans son enfance que son père était bel et bien en vie. Un officier de renseignement, Cassian Andor, reçoit pour mission de l’accompagner puis d’abattre Galen, ce qu’il ne fera pas, ne pouvant moralement s’y résoudre. Au cours de leur périple, épaulé par un droïde impérial reprogrammé, ils assistent au tout premier essai de l’Étoile noire sur la capitale de Jedha. Ils y croisent Chirrut Îmwe, un guerrier aveugle -fidèle de la Force- et son camarade Baze Malbus.

Mais, l’esprit de la saga ne pénètre pas ce spin off, à mon sens pour plusieurs raisons. La première réside dans le casting. Felicity Jones ne fait pas l’affaire dans le rôle de Jyn Erso : hybride mal interprété de la princesse Leia et de Rey (Le Réveil de la Force), elle ne fait illusion à aucun moment, en particulier lorsqu’elle est censée entraîner derrière elle un groupe de rebelles jusqu’au-boutistes au sein de la base impériale de la planète Scarif. Diego Luna ne convainc pas davantage dans l’uniforme du capitaine Cassian Andor. Il manque singulièrement de charisme à l’écran et ne trouve jamais le positionnement juste, non seulement dans les situations, mais aussi dans les rapports avec les autres personnages. Quant à Ben Mendelsohn sous la cape un brin grotesque du directeur Orson Krennic, il provoque davantage l’hilarité que l’angoisse. Difficile dès lors de tenir la route face à Dark Vador, Palpatine ou Dark Maul. Tout bon opus de Star Wars a nécessairement besoin d’un «méchant» qui sache tenir sa place…

Ensuite, la modestie des rebondissements participe de l’échec de l’ensemble et laisse un sentiment diffus d’ennui malgré la qualité indiscutable des scènes d’action et le caractère spectaculaire de la bataille spatiale finale. Enfin, ce qui devrait normalement constituer la colonne vertébrale du film, l’espoir, n’est jamais incarné par aucun des acteurs. Pas un seul n’arrive à se hausser à la hauteur de l’épopée de la Force et de l’Alliance rebelle.

Cependant, on ne pouvait guère s’attendre à autre chose : qui dit Star Wars dit chevalier Jedi. C’était une erreur cardinale de se passer des porteurs de mystique et d’espérance. Une aventure des défenseurs de la République à travers les territoires de l’Empire ne peut surmonter l’absence de ces moines soldats ! Reste le visage illuminé par son sourire de Carrie Fisher, disparue ces derniers jours, pour nous dire que l’aventure continue…


Eric Delbecque Président de ACSE Auteur de : Les super-héros pour les nuls (First)
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