Librement adapté de Ball–trap une œuvre d’Eric Assous (auteur prolofique né le 30 mars 1956 à Tunis et mort le 12 octobre 2020 à Paris) ce thriller offre de très beaux décors dans un Sud pas du tout miséreux mais pétri de fric et de « boboïtude ». Yvan Attal aux manettes de ce film réussit à installer une ambiance prenante et si, de son aveu-même il s’est nourri comme toutes ses réalisations des longs métrages de Woody Allen, c’est plutôt du côté de René Clément et de son film « Plein soleil » que lorgne « Un coup de dés ».
Mathieu (Yvan Attal) doit tout à son ami Vincent (Guillaume Canet) : sa maison, son travail, et même de lui avoir sauvé la vie il y a dix ans. Ils forment, avec leurs compagnes, -Juliette jouée par Marie-Josée Croze, compagne de Mathieu et Delphine, l’épouse de Vincent incarnée par Maïwen- un quatuor inséparable, et vivent une vie sans nuage sur la côte d’Azur. Mais, la loyauté de Mathieu est mise à l’épreuve lorsqu’il découvre que Vincent trompe sa femme avec Elsa (Alma Jodorowsky). Quand la maîtresse de Vincent est retrouvée morte, la suspicion s’installe au cœur des deux couples, accompagnée de son cortège de lâchetés, de mensonges, et de culpabilité…
Coup de dés qui comme le rappelle la formule de Mallarmé n’abolira jamais le hasard. Réflexion sur l’impondérable, l’imprévu, l’enchaînement maléfique de faits non voulus, sur les rapports conjugaux, la fidélité en amour et en amitié, la trahison, l’erreur judiciaire, la narration se détourne ouvertement de l’esprit « comédie » signé Eric Assous pour plonger dans le drame total. Très original le récit qui met en lumière le fait que deux hommes trompent leurs femmes avec la même maîtresse réserve de noires surprises.
Voix-off hélas omniprésente
Joué à la perfection par un quintet de comédiens et comédiennes absolument parfaits auquel on ajoutera la performance de Victor Belmondo qui, très émouvant dans le rôle du fils de Vincent, donne corps à un personnage un peu trop frêlement dessiné, « Un coup de dés » est accompagné d’une voix-off (celle de Mathieu) par trop omniprésente qui ralentit le rythme du récit. Construction subtile, suspense d’un scénario coécrit avec Yaël Langmann qui tend non pas à démasquer le coupable de la mort d’Elsa (on le sait au moment où le drame se passe) mais à savoir si, comme monsieur Ripley de « Plein soleil », celui-ci va éviter son arrestation. Un film réussi, quoi que un peu trop lent, où Yvan Attal, -déjà impressionnant au théâtre dans « Race » de David Mamett, et bouleversant dans « Le fils » de Florian Zeller- prouve une fois de plus, qu’il est en tant que comédien, aussi doué à l’écran que sur la scène.
Jean-Rémi BARLAND
