Publié le 7 septembre 2015 à 10h33 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h56
Une juge d’instruction se prénommant Sophie (Sylvie Testud) met en examen une certaine Juliette (Mathilde Bisson) pour abus de faiblesse sur la personne de son amant, homme marié qui finira par faire une dépression. Au hasard de son enquête elle découvrira que la jeune femme qu’elle enverra en prison n’est autre que la mère biologique de Léo (Zacharie Chasseriaud) le fils qu’elle a adopté. Loin de se dessaisir de l’affaire comme l’éthique le lui ordonnerait, elle s’acharne contre cette femme qui désemparée va tenter de riposter par le biais d’une relation très complexe avec Olivier (Grégory Gadebois) le mari de Sophie dont elle découvrira l’identité après que celui-ci ait tenté de l’aider financièrement et moralement. Un chantage qui mettra la famille en péril. Avec beaucoup d’intelligence Yves Angelo signe ici un film terrible sur l’identité, sur les masques qui tombent, sur l’adoption aussi, et sur la violence que l’on fait subir aux autres. Sans juger lui-même, sans démontrer, mais avec un regard d’une justesse extrême le réalisateur nous émeut, nous bouleverse et surprend le spectateur balloté par cette histoire de faux-semblants de douleur d’exister, où il n’y aura au final que des victimes. S’étant beaucoup documenté pour bâtir ce scénario coécrit avec Gilles Legrand et François Dupeyrond, le cinéaste a choisi de filmer l’ensemble caméra à l’épaule ce qui renforce le caractère douloureux du récit, la vérité se dévoilant au fil des images selon le principe du point de vue de chaque protagoniste incarné par quatre acteurs fabuleux ! Olivier Gadebois qui est grand jusque dans les silences, Sylvie Testud en mère inquiète, et Mathilde Bisson, fausse vamp qui ressemble beaucoup ici à la Brigitte Bardot de «La vérité» de Clouzot composent un trio inouï de vérité. Excellents acteurs, casting parfait auquel il faut ajouter la présence assez magnétique de Zacharie Chasseriaud qui joue lui aussi sans forcer le trait. Tourné à Toulon et dans les environs, offrant un épilogue se passant sur un bateau de luxe le temps d’une croisière où se dévoileront les vraies personnalités de chacun «Au plus près du soleil» brille d’une lumière noire et le réalisateur de nous proposer un film sombre, assez désespéré, mais pas désespérant, sa mise en scène refusant obstinément d’aborder les rivages du pathos. Et c’est beau, lent, grave et terriblement humain !
Jean-Rémi BARLAND
«Au plus près du soleil», film de Yves Angelo – Sortie nationale le 9 septembre 2015
