Club AMP24. Jeux Paralympiques de Paris: «Un formidable moyen d’humaniser le handicap»

C’est au sein de la  Société nautique de Marseille (SNM) que le Club AMP24 a organisé une rencontre autour de la thématique des Jeux Olympiques et Paralympiques  2024 sur «Handicap, sport et entreprises : innover pour mieux se dépasser ».

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Le club AMP24 a organisé une rencontre autour de la thématique des JOP  2024 sur «Handicap, sport et entreprises : innover pour mieux se dépasser ».  ©CCIAMP

Les para-athlètes sont des modèles de résilience, de passion, de dépassement

A quelques mois du début des Jeux olympiques et paralympiques, le Club AMP24*, qui fédère 380 entreprises du monde économique local autour de la dynamique des JOP 2024, a proposé une nouvelle rencontre autour du handicap, du sport et de l’entreprise sous l’angle de l’innovation, de l’inclusion et du dépassement de soi. Arnaud Assoumani, Champion paralympique, Athlète Team EDF, Luc Montigaud, « handi-aventurier », conférencier et Eric Dargent, vice-champion du monde individuel et champion du monde par équipe de para surf, président fondateur de l’association « Surfeurs Dargent » ont animé cette soirée en partageant leurs expériences avec tout autant d’intelligence que d’humour. Jean-Daniel Beurnier, vice-président de la CCIR précisera  : « Nous avons voulu organiser cette rencontre avec des para-athlètes qui sont des modèles de résilience, de passion, de dépassement »

Cette rencontre a également été l’occasion de sensibiliser au sujet du « handicap en entreprise» et de l’inclusion. Olivier Oullier, fondateur de la société « Inclusive Brains » a présenté le travail qu’il accomplit avec son associé afin que l’IA vienne au service de la personne en situation de handicap. Virginie Averous, sous-préfète chargée du suivi et de l’animation du plan « Marseille en Grand » – référente handicap et inclusion, devait clôturer les échanges. Jean-Daniel Beurnier, vice-président de la CCIR précisera  : « Nous avons voulu organiser cette rencontre avec des para-athlètes qui sont des modèles de résilience, de passion, de dépassement ».

50% des athlètes olympiques vivent sous le seuil de pauvreté

Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI métropolitaine Aix-Marseille Provence  rappelle : «Impulsée par la Chambre et lancé en novembre 2022 -en partenariat avec la Banque Populaire Méditerranée, la Caisse d’Épargne Cepac, EDF, le Comité Régional Olympique et Sportif Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Fonds Héritage Sport et Orange-  le club AMP24 a pour ambition de fédérer le monde économique local et les entreprises de notre territoire en favorisant une dynamique collective autour des Jeux Olympiques 2024 ».  Pour Jean-Luc Chauvin « parler de Jeux c’est parler d’athlètes. Il faut savoir que 50% d’entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté. Si on peut les aider ils nous le rendent des millions de fois dans nos entreprises et sur les lieux de compétitions. Raison pour laquelle le Fonds de dotation Héritage Sport a vu le jour en février 2019** ».

« A jamais les premiers »

Et le président de la CCIAMP se félicite  : « Décidément nous sommes à jamais les premiers. Nous sommes les premiers (à Marseille)  à accueillir la flamme olympique, le 8 mai, sur le territoire national en provenance de Grèce et nous serons les premiers à ouvrir les Jeux puisqu’un match de football se déroulera ici la veille de l’ouverture officielle des Jeux ».

 

« Venez prendre la plus grande claque positive de votre vie »

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Arnaud Assoumani athlète français, spécialiste du saut en longueur et du triple saut entend bien obtenir à Paris une 6e médaille olympique ©CCIAMP

Arnaud Assouman, qui est né sans avant-bras gauche, est un athlète français, spécialiste du saut en longueur et du triple saut s’entraîne à Montpellier : « J’ai une dizaine de personnes autour de moi : coach, nutritionniste, chercheurs qui travaillent sur mes prothèses du bras… », explique-t-il avant d’afficher son objectif  qui est d’obtenir à Paris une 6e médaille olympique. Pour lui : «Les Jeux paralympiques sont un formidable moyen d’humaniser le handicap  et le sport est un formidable moyen de créer du lien social, d’innover, d’éduquer ». Mais il déplore  « On ne met pas assez de moyens sur le sport pour la santé et l’inclusion ». Victime de harcèlement lorsqu’il était enfant, il se rend maintenant dans les écoles : « Certains enfants ont peur de voir ma prothèse, d’autres non. Dans tous les cas j’évite l’écueil du super-héros ». Il évoque à ce propos la notion de liminalité selon laquelle la personne en situation de handicap serait condamnée à un entre-deux, pas totalement exclue et pas totalement inclue. « Je n’y crois pas et je pense que les Jeux paralympiques sont une occasion exceptionnelle de permettre au public de s’identifier », insiste-t-il  et invite le public: « Venez prendre la plus grande claque positive de votre vie. Prenez vos places et en plus c’est moins cher que pour les JO. Venez encourager les athlètes français et les autres ».

« Prendre une personne atteinte de handicap peut être une très belle force pour l’entreprise »

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Triathlon, Tour de France… rien n’arrête Luc Montigaud qui est atteint de dystonie ©CCIAMP

Luc Montigaud est atteint de dystonie, à la suite d’un accident lors de sa naissance : « Cette maladie fait partie de ma vie. Et, forcément, j’ai connu le harcèlement scolaire. A 3 ans on m’a mis au judo pour palier mon manque de motricité. Et, voilà 4 ans les défis sont arrivés dans ma vie. On m’a proposé de faire un triathlon et, immédiatement, j’ai dit oui… Puis j’ai réfléchi. Je ne pratiquais ni la natation, ni la course ni le vélo. Mais j’avais dit oui alors je l’ai fait puis j’ai relié Marseille à Nice en duathlon : course et vélo. Et un jour ma mère m’a dit on ne t’arrête plus bientôt tu vas faire le Tour de France. Je l’ai fait et depuis elle ne me fait plus ce type de blague ».

Toujours avec le même humour il évoque la difficulté à trouver des sponsors : « On ne trouve pas facilement de partenaires quand on va voir des entreprises en leur expliquant qu’on a du mal à bouger qu’on ne fait pas de vélo et qu’on va faire le Tour de France ». Certains sont venus et, deux mois avant son départ on a proposé à Luc Montigaud de faire un documentaire sur son épopée. « Le film sortira au début de l’été et des vidéos ont eu un certain succès au point que lorsque je suis arrivé à Paris on m’a dit que la présidente de l’Assemblée nationale voulait me recevoir». Il considère : «Si j’ai pu le faire tout est possible, tout le monde peut tout faire. Et dans l’entreprise c’est pareil. Prendre une personne atteinte de handicap peut être une très belle force pour l’entreprise concernée ».

« Être un surfeur en Méditerranée c’est déjà un handicap »

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Eric Dargent est un passionné de surf. Attaqué par un requin il a été amputé de la jambe gauche ©CCIAMP

Eric Dargent est un passionné de surf  et, explique-t-il: « Être un surfeur en Méditerranée c’est déjà un handicap ». Il grandit à Martigues (13) : « La mer a toujours été un équilibre de vie pour moi ». En 2011, il part à la Réunion pour assouvir sa passion : « Et je suis attaqué par un requin ». Il doit être amputé de la jambe gauche : « Je découvre le handicap, la douleur, le regard des autres, la sensation, parfois, d’être diminué. C’est aussi mon regard sur moi qui a changé. Mais, heureusement, j’avais une rage de vivre et une passion pour le surf. J’avais besoin de mon sport, de ma famille, de mon métier -je suis infirmier- pour me reconstruire».

Les prothèses de sport ne sont pas prises en charge

L’urgence, pour lui, était de surfer à nouveau. «Je n’avais pas de prothèse quand je retournais dans l’eau, un mois et demi après mon attaque. Puis j’ai eu une prothèse mais elle n’était pas adaptée, je ne faisais que tomber. C’était horrible mais j’ai persévéré. Heureusement j’avais découvert un prothésiste à Marseille, Bertrand Tourret-Couderc, qui m’a dit: « Je vais tout faire pour t’aider ». Pour moi c’était énorme. Et j’ai bricolé la prothèse qu’il m’a fourni. J’ai cherché une entreprise pour créer une prothèse mais je me suis heurté au monde de l’entreprise. Ce n’était pas assez rentable. Il fallait un prototype. J’ai eu l’idée d’aller voir une école d’usinage mécanique. Élèves et corps enseignants étaient très motivés. On a travaillé pendant 3 ans et demi et là j’ai pu retourner voir un industriel qui depuis a vendu entre 150 et 200 prothèses avec mouvement de flexion ». Mais regrette-il : « Les prothèses de sport ne sont pas prises en charge. Des aides sont possible mais il faut faire l’avance et des personnes baissent les bras ».

Conduire par sa seule pensée une F1

Olivier Oullier et Paul Barbaste ont créé la start-up marseillaise Inclusive Brains, spécialiste des neurotechnologies et de l’intelligence artificielle qui transforme les bio-signaux du corps et les ondes cérébrales en commandes mentales permettant de contrôler des objets connectés par la pensée. Un système qui a notamment permis à une personne paralysée de conduire par sa seule pensée une F1.

Virginie Averous évoque pour sa part ses missions en matière de handicap et d’inclusion : « C’est un sujet complexe mais qui a du sens. Sur Marseille nous n’aurons pas d’épreuves paralympiques mais nous aurons des gens à accueillir et c’est l’occasion de faire avancer des dossiers d’autant que nous pouvons nous appuyer sur la création du fonds territorial d’accessibilité (FTA) dont l’un des objectifs est d’accompagner financièrement les établissements recevant du public mais aussi des associations dans la réalisation de leurs travaux de mise en accessibilité, jusqu’à hauteur de 20 000 euros ». Ce fonds d’un montant de 300 M€ est ouvert depuis le 2 novembre 2023. Elle ajoute : « Il existe par ailleurs des ambassadeurs de l’accessibilité, des jeunes en service civique, nous bénéficierons de 4 de ces ambassadeurs pendant la période des JO ».

Michel CAIRE

*Le Club AMP24, club entreprises, lancé le 30 novembre 2022, initie une dynamique collective pour rassembler le monde économique autour des Jeux Olympiques de 2024. Un Club qui offre l’occasion de rencontres d’affaires ; un accès facilité à l’information sur les marchés et les opportunités business des JOP et un accompagnement pour répondre aux appels d’offres ; la promotion des innovations et de l’excellence des entreprises du territoire en termes de développement durable, d’insertion et d’inclusion.
** Le Fonds de dotation Héritage Sport, qui a vu le jour en février 2019, a été créé à l’initiative du Comité Régional Olympique et Sportif (Cros) Provence-Alpes-Côte d’Azur puis est rapidement soutenu par la Région Sud et la CCI Aix-Marseille-Provence, partenaires depuis fin 2020. Il s’adresse à toutes les entreprises -TPE, PME, grands groupes- en leur proposant de soutenir les carrières sportives des athlètes régionaux dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024.

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