Publié le 26 décembre 2016 à 19h55 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h31
Dans cette société qui a fait du changement, de la rupture, de l’innovation, son principal message, il est frappant de constater à quel point le neuf peine à percer ! L’actualité tragique de la semaine écoulée, en Allemagne, montre à quel point les discours s’empilent les uns sur les autres, les commentateurs et les acteurs rejouant infatigablement la même scène. Le spectacle de la peur ne fait jamais relâche et l’on renforce ici tel dispositif de sécurité, et l’on rappelle une fois encore comment Israël fait face au terrorisme au quotidien, ou l’on redit éternellement à quel point Daech a frappé à une période symbolique… Il serait bon de temps à autre de porter un regard moins superficiel sur la manière dont se fabrique la violence dans notre étrange XXIe siècle, mais cela ne semble intéresser personne et surtout pas nos dirigeants.
Les années passent, précisément, il est particulièrement facile de le constater entre le 24 et le 31 décembre, et l’on sent bien que tout reste tristement pareil. Une grande relève des élites apparaît chaque jour plus nécessaire, tant il est vrai que nous percevons clairement -la primaire de la gauche va encore nous le démontrer- que les gouvernants ne travaillent plus sur le réel. Ils habitent un ailleurs, un ciel constellé de fictions où ne les atteignent plus les paroles de ceux qui s’agitent sur la terre ferme, triviale, de ce qui arrive encore concrètement aux corps et aux esprits. Une colère gronde, enfle, dans ces territoires où l’on croit encore en la réalité et où l’on ne se satisfait pas de la novlangue imposée depuis deux décennies par des cyniques très conscients de leurs intérêts et par des idéologues carencés en mal de domination. L’année 2017 sera l’une des dernières échéances électorales où les Français accepteront encore d’écouter des hommes et des femmes qu’ils virent évoluer dans le théâtre du pouvoir depuis bien des années.
Si les promesses ne sont pas tenues une fois de plus, tout deviendra possible, à commencer par le moins souhaitable. L’imprévisible est la première loi de l’Histoire. L’élection de Donald Trump nous a démontré qu’il ne faut plus faire les malins, jouer les «autorisés», les avertis capables de prophétiser à bon compte. Il est assez clair que plus rien ne l’est vraiment…
Nous vivons en climat chaotique, sur des océans colériques. Or, l’équipage du paquebot France ne semble pas s’en rendre compte et persiste dans ses méthodes de navigation de plaisance, sans prêter attention aux avertissements de plus en plus vifs des passagers qui voient arriver les récifs avec angoisse et irritation légitime.
Si François Hollande se ravisait et finissait par se déclarer candidat à l’élection présidentielle pour cause d’absence d’unité au sein du Parti socialiste, la situation aurait au moins le mérite de la clarté. Personne ne pourrait alors ignorer que la scène politicienne sombre dans le grotesque, très loin de toute normalité… Impossible que cette option se réalise ? Évitons les certitudes. Même le ridicule devient possible ces temps-ci.
Nous abordons le dernier virage avant que ne s’anéantisse la volonté du peuple français d’entendre des réponses aux questions qu’il adresse à ses «élites». Si ces dernières manquent l’occasion d’apporter des idées pertinentes et de s’engager sur le chemin de la sincérité et de la volonté, il n’y aura plus de rattrapage. Le champ des possibles s’ouvrira très largement : mais il y aura motif à devenir inquiet.
Eric Delbecque, Président de l’ACSE
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