Publié le 14 septembre 2018 à 12h32 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
Il fallait bien qu’un jour il aborde ce sujet. Il était évidemment indispensable que notre Président en vienne à parler de nos pauvres et même si, entendre et voir celui qui a ponctionné les retraités et demande sans cesse à ceux qui n’ont rien de donner toujours plus, évoquer les 9 millions de pauvres que compte notre pays est en soi une belle prouesse, il était donc temps qu’il le fasse. «Pauvre de nous», comme dit le vieil adage en se plaignant du sort qui nous est réservé, pauvres de nous comme l’on pourrait dire de nos pauvres, les nôtres, les bien franchouillards, ceux que notre société fabrique, ceux que notre système génère.
Ils sont presque 9 millions
Neuf-millions à vivre en-dessous du seuil de pauvreté, à tirer la langue en fin de mois ou tout au long du mois, à ne pas pouvoir manger à leur faim dans une société où posséder reste la référence, le symbole de la réussite sociale, de la réussite simplement. Ils sont chômeurs ou travailleurs pauvres, ils sont Français ou pas et occupent, pour la plupart, les trottoirs de nos rues ou, notamment à Marseille, le quartier de Saint-Mauront ou de Félix-Pyat, plus précisément le troisième arrondissement de la deuxième ville de France. Le quartier le plus pauvre d’Europe ! A quelque deux cents mètres du quartier de la Joliette, à quelques encablures du périmètre d’Euroméditerranée et des quais où accostent des bateaux de croisière déversant des blaireaux venant, de par le monde, voir la ville de la Kalachnikov, la ville dirigée par un éléphant politique, un pachyderme aveugle et sourd aux réels problèmes de son agglomération. «Cachez ces pauvres que je ne saurais voir», dissimulant derrière les murs sombres des cités du centre-ville des miséreux ou des écoles publiques délabrées contraignant les autochtones, ayant les moyens de le faire, de scolariser leurs enfants dans des établissements privés.
Écouter le Président de la République parler des pauvres a provoqué chez moi un sourire, à déclenché même une hilarité puisque ce président des riches, dont la popularité ne cesse de baisser pour atteindre inéluctablement un seuil record inférieur à celui de son prédécesseur, m’a fait penser à une citation de Groucho Marx : «Je trouve que la télévision est très favorable à la culture. Chaque fois que quelqu’un l’allume chez moi, je vais dans la pièce à côté et je lis». Voilà ce que j’ai eu envie de faire mais comme je me dois de suivre l’actualité j’ai subi ce discours insipide à souhaits.
«Il faut être sacrément gonflé … », a lancé en refermant son canard, mon voisin de comptoir alors que j’avalais mon café au bar du coin. Oui en effet, il faut être gonflé et ne pas manquer d’air pour parler de pauvreté alors que l’on vient de supprimer l’ISF et que l’on a refusé de communiquer en Juillet sur son plan anti-pauvreté pour cause de Coupe de monde de football. Comment parler de personnes vivant avec moins de mille euros par mois alors que des millionnaires poussent de leur pied une boule de cuir devant des millions de regards parvenant à oublier, durant un mois, leur misère… Bref, leur vie de Merde ! Il faut être gonflé de présenter un plan pauvreté dans lequel une fois de plus les chômeurs sont désignés comme des fainéants, dans lequel on évoque un acronyme comme essentiel, comme si trois lettres allaient changer la face du monde, comme si ces trois lettres allaient remplir les assiettes des trop nombreux nécessiteux.
Du vent, de l’air voilà ce qu’Emmanuel Macron a proposé, voilà ce qu’il est en mesure de présenter à une société de plus en plus exsangue de raquer des taxes, d’être ponctionnée par un gouvernement que l’on voulait plus propre, que l’on croyait plus proche des réalités. En trois mesures ils se sont anéantis et seront, je le souhaite, repousser dans les abysses des souvenirs des électeurs au même plan que le quinquennat de … Comment s’appelait il … ? L’autre … Le joufflu …
L’augmentation de la CSG pour les retraités, la limitation de vitesse à 80 km/h sur les départementales et l’affaire Benalla avait planté les banderilles dans l’échine de ce gouvernement de saltimbanques. Le plan pauvreté est de toute évidence le coup de grâce ! En à peine une année, ils ont prouvé leur incompétence, leur inaptitude à diriger et évidemment à redresser le pays. Pour des élus se voulant différents de leurs prédécesseurs je trouve qu’ils présentent de fortes similitudes avec les Marx Brothers. Aussi burlesques mais beaucoup moins comiques. Il s’agit malgré tout de l’avenir de notre pays.
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